Les cours « Alpha »

 

 interview

Interviews par Reynald Kozycki

 

 

 

 

 

Différents points de vue


De plus en plus d’Églises évangéliques se lancent dans le parcours « Alpha ». Même quelques-unes des CAEF ont déjà expérimenté ces cours.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Questions à Brad Dickson


dialogue-2Tu as eu l’occasion de vivre ce parcours «Alpha». Quels avantages vois-tu à ces cours ?

 

Ce sont des cours écrits par un Européen, qui ont fait leurs preuves dans le monde, et en France, ceci dans toutes les confessions chrétiennes. Ce n’est pas tant le contenu des cours que la pédagogie qui est intéressant. Trois temps forts marquent chacune des 11 soirées d’un cycle «Alpha» : a) le repas, où il est interdit de parler de Dieu et où des relations amicales se tissent ; b) l’exposé de 30 minutes où un aspect de base de la foi chrétienne est expliqué; puis c) des petits groupes de parole, où les participants ont la possibilité de réagir à l’enseignement. Ce temps de parole se déroule dans un cadre bien défini. Les participants déjà chrétiens ne doivent composer que 30 à 50% du groupe, sinon, ils étouffent les invités. De plus, leur rôle n’est pas d‘argumenter et de convaincre, mais d’écouter et de témoigner sur leur vécu en rapport avec l’exposé du jour.
 
 L’un des principes de base est aussi de laisser s’exprimer les invités. Il faut faire confiance au Saint-Esprit pour faire son travail. Mon expérience est que les participants apprécient beaucoup cette liberté de parole.
 
 

dialogue-2Vois-tu des points faibles ?

 
 
 Les cours ont été développés dans une paroisse Anglicane charismatique. Il est possible et recommandé, à mon avis, d’apporter quelques éclaircissements doctrinaux, notamment concernant la guérison. La leçon sur la conversion vient assez tôt dans la série, avant que les personnes soient bien préparées. A mon sens, cette leçon a aussi besoin d’être renforcée par un enseignement supplémentaire. Il faut aussi savoir qu’en France, ce sont les Catholiques qui ont le plus investi les cours «Alpha». Les formations sont donc bien colorées par la présence des Catholiques charismatiques. Par contre, les organisateurs eux-mêmes ne recommandent pas de cours organisés conjointement entre Catholiques et évangéliques.
 
 
 
 

 Questions à Jean-Marc Pilloud 

 
 

dialogue-2Tu as aussi vécu les parcours «Alpha » et prévois de les recommencer prochainement. Qu’apprécies-tu au niveau de la forme ? 

 
 
J’apprécie beaucoup le parcours «Alpha» (c’est son nouveau nom), car justement c’est un parcours où l’on construit une relation avec la personne invitée, on construit aussi une instruction petit à petit avec elle. Ce n’est pas l’évangélisation ponctuelle ou coup de poing où l’on amènerait la personne à prendre une décision. Donc la forme progressive, amicale, conviviale et profonde nous convient bien. 
 
 

dialogue-2Et au niveau du fond ? 

 
 
Les thèmes abordés sont intéressants, je mettrai un bémol concernant les questions du péché et de la repentance, pas assez mises en évidence. Je rajouterai que je n’ai jamais employé les vidéos, ça ne m’apparaît pas assez proches des personnes, je dirai, en caricaturant, on n’invite pas des personnes pour les mettre devant un écran.
 
 
 J’ai donc retravaillé les messages en y ajoutant mes ingrédients (forme d’humour, et les aspects théologiques), mais j’ai gardé les thèmes et le nombre de rencontres sinon, l’on ne respecte pas le concept … Nous n’avons pas pu faire de week-end, mais des samedis après-midi avec soirées (très sympa d’ailleurs) 
 
 

dialogue-2L’Église locale est-elle impliquée ? 

 

 
C’est une des clefs. Une Église qui prie, témoigne, décore, cuisine, cela donne du sens au témoignage de l’Église car de nombreux dons sont mis en service … 
 
 

dialogue-2Tout un réseau peut se créer avec d’autres Églises. Qu’en penses-tu ? 

 
 
Le fait d’avoir un réseau «Alpha» à l’échelle française est une opportunité pour les Évangéliques, le fait qu’il y a des parcours faits par différents types d’Églises ouvre des portes et permet un meilleur témoignage auprès des Catholiques. Cela permet aussi, dans l’esprit des Catholiques, que les protestants évangéliques ne soient plus considérés comme des sectes. 
 
 

dialogue-2Est-ce que des personnes vont plus loin que le simple parcours «Alpha» ?

 
 
 Dans notre Église, nous avons eu, suite au parcours «Alpha», deux baptêmes et beaucoup de personnes qui ont progressé dans leur foi et dans leur témoignage. 
 
 

dialogue-2Vois-tu des points plus faibles ? 

 
 
J’ai contourné les questions liées au Saint-Esprit telles qu’il est enseigné dans les manuels en apportant un enseignement évangélique plus typique, même si je pense qu’il y a de bonnes choses à prendre dans l’aspect de prier avec et pour les personnes. Je finirai en disant que pour que le parcours «Alpha» soit bien mené, il ne faut pas négliger l’aspect de la formation (week-end de formation «Alpha») et la formation interne au témoignage, à la prière et à l’animation. Et là aussi, ils ont du bon matériel. 
 
 
 
 

Questions à Jean Koumarianos 

 
 

dialogue-2Comment vois-tu ces cours ?

 
 
 Je ne les ai pas pratiqués moi-même ni profondément étudiés. Certains points cependant me gênent : le premier concerne les chapitres sur le Saint-Esprit. Je ne partage pas tout à fait la théologie présentée.
 
 Le second point c’est par rapport aux catholiques qui utilisent beaucoup ce parcours. Grâce à la formation des cours ALPHA, ils s’expriment avec un vocabulaire évangélique mais conservent leur théologie catholique. Après avoir parlé avec l’un d’eux qui avait suivi ces cours, mon impression était que sa notion du pardon était faussée. Pour lui, il doit encore passer par le prêtre et les sacrements sans lesquels, il n’y a pas de vrai pardon. J’ai expliqué à cette personne que lorsque nous connaissons le Sauveur et avons une relation personnelle avec lui, les sacrements de l’Eglise deviennent inutiles, mais je me suis heurté à une profonde incompréhension. 
 
 
 
 

dialogue-2Questions à Frank Horton 

 
 
En quelques mots, comment voyez-vous les cours «Alpha» ? Cela dépend beaucoup de l’utilisation que l’Eglise locale en fait. Celles qui ont plus de discernement sauront adapter le matériel et rééquilibrer les points plus faibles, voire corriger certaines erreurs. En effet, il faut reconnaître qu’il y a une tendance charismatique notamment dans le chapitre sur le Saint-Esprit. 
 
 
 
Propos recueillis par Reynald Kozycki