Lazare et le mauvais riche Luc 16.19-31

 

Par Reynald Kozycki

 

 

 

On entend souvent dire que jamais personne n’est revenu de la mort pour en parler. Personne n’est mieux placé que Jésus pour nous en informer. Cette parabole, peut-être plus qu’aucun texte biblique, lève discrètement le voile sur le mystère de la mort et de l’au-delà1.

 

 

Contexte

 

Luc présente l’histoire de Jésus pour en démontrer la certitude (1.4). Il accentue particulièrement la dimension du salut apporté par le messie et l’urgence d’en bénéficier. Le chapitre 16 de Luc contient deux paraboles traitant de l’emploi des biens terrestres et de l’avenir de l’homme après sa mort. La première partie s’adresse d’abord aux disciples (16.1-13) pour les mettre en garde contre un mauvais usage de l’argent. La suite du chapitre est adressée « aux pharisiens, accusés d’hypocrisie, et amis de l’argent » (v. 14 à 31) à qui il est rappelé qu’on use de « violence » pour entrer dans le royaume de Dieu.

 

 

La parabole elle-même

Leçons sur la parabole

 

Certaines vérités concernant la vie à venir sont soulignées dans cette parabole d’une manière telle que nous ne pouvons pas leur échapper. Premièrement, la mort met un point final à notre destinée humaine ; l’état de l’âme individuelle après la mort est irrévocablement fixé durant cette vie. Deuxièmement, quoique figuré par le langage symbolique, l’enseignement de la parabole est clairement que les justes jouissent d’un bonheur infini et que ceux qui ont vécu sans Dieu sont dans une indescriptible détresse. Ce bonheur et cette détresse sont tous deux conscients et, de plus, le souvenir de cette vie avec ses possibilités perdues subsiste dans l’au-delà. Troisièmement, en plus de cette insistance sur la réalité des conditions différentes après la mort, la parabole insiste de manière égale sur la vérité qu’il existe pour tous les hommes un guide suffisant pour les mener au ciel : l’Écriture sainte.

 

Dictionnaire des difficultés bibliques, Alfred Kuen, Luc 16 (Biblia Universalis)

L’histoire de Lazare et du mauvais riche invite aussi à user de violence sur soi-même pour écouter Moïse et les prophètes et passer par une vraie repentance. Cette parabole était, semble-t-il, connue dans la littérature antique2. Certains l’ont rapprochée d’un conte égyptien parlant du renversement de fortune, où Si-Osiris voyageait dans l’empire des morts. Les juifs d’Alexandrie auraient apporté ce conte enPalestine où il serait devenu l’histoire du Pauvre Scribe et du riche publicain Bar Majan3. Mais comme l’écrit Leon Morris : « Si Jésus reprend un conte populaire, il lui imprime sa marque propre »4 . Ce récit présente trois parties : la vie terrestre des deux personnages (v. 19- 21) ; le moment de leur mort (v. 22) et l’après-mort (v. 23-31).

 

 

 

La vie terrestre du riche et de Lazare (v.19-21)

Le verset 19 décrit cet homme riche, vêtu de pourpre (porphyra). Ce mot fait référence à un mollusque, le murex, qui permettait d’obtenir une teinture de grande valeur. Il portait aussi du fin lin : « L’association des deux représente le luxe le plus extrême »5. « Chaque jour » donne l’ampleur de la richesse. Il menait joyeuse et brillante vie. Le dernier mot de ce verset, lamprôs (brillante ou « dans la splendeur »), accentue la somptuosité et décrit une vie de fête permanente6. Les v. 20-21 soulignent le contraste frappant entre le riche et Lazare. On peut remarquer que c’est la seule parabole où Jésus donne un nom à une personne7. Le nom « Lazare » n’est certainement pas pris au hasard. Il vient d’Eleazar qui signifie « Dieu vient en aide, il a secouru »8. Pourtant, sa situation présente ne semble pas correspondre à la signification de son nom. Il a été comme déposé là négligemment, pour se débarrasser de lui en le remettant à la compassion du riche9. Le verset 21 accentue encore la pauvreté et la nudité de Lazare. Les chiens, si péjoratifs dans le Proche- Orient ancien, semblent montrer plus de compassion que le riche voisin !

 

 

Critères de sélection

 

Dialogue entre le riche et Abraham

 

Le riche reconnaît Abraham et Lazare. Ce trait montre que la personnalité subsiste dans le monde invisible et que les âmes ont des rapports entre elles. Du reste, le but de ce verset est de faire ressortir la transformation totale qui s’est opérée dans la situation des deux hommes: le riche est devenu un mendiant, et c’est Lazare qu’il implore. Il faut se garder de matérialiser, comme on l’a fait trop souvent, ces flammes, qui ne sont que l’image de la souffrance morale. Les convoitises et les passions, jusque-là pleinement satisfaites, se changent en tourments, dès que tout aliment leur est ôté; et tandis que le coeur est vide, le feu des regrets et des remords brûle dans la conscience.

 

Extraits de La Bible Annotée

 

On peut se demander si des indications sont apportées sur ce qui déterminera le sort éternel des protagonistes. Presque rien n’est dit de manière directe sur l’attitude de foi ou de piété des deux personnages. On peut supposer, comme l’écrit un commentateur, que le riche était : « Un noceur impie, comme le révélera son destin »10. On constate qu’il n’est pas trop préoccupé par le pauvre Lazare. Son indifférence, voire sa cruauté, reflète une attitude de coeur envers Dieu. Il ne vit que pour lui-même11. En revanche, l’attitude de Lazare semble différente. Son nom peut nous indiquer qu’il a été secouru par Dieu. Le mot pauvre (ptôchos) qui lui est accolé, renvoie, dans le contexte de Luc, à l’idée de piété, d’être un « bénéficiaire de la grâce de Dieu »12. Le silence de Lazare est aussi révélateur. Il ne murmure jamais contre son sort, ni contre les abus de l’homme riche ou de la société. Il ne faudrait pas voir dans cette opposition de « conditions », une exaltation de la pauvreté sociale, mais plutôt, comme le fait Luc tout au long de son évangile, une exaltation de l’humilité, du service pour Dieu, de la recherche prioritaire du règne de Dieu et ce qui est juste à ses yeux. De nombreux textes du Nouveau Testament montrent que le salut ne dépend pas de la condition sociale, mais de l’écoute de la parole de Dieu et de la repentance, comme la fin de la parabole le souligne. D’ailleurs, Abraham, le père des croyants, était lui-même riche ! La durée de leurs vies est décrite en quelques mots qui font écho à la parole de l’apôtre Jacques : « Notre vie est une vapeur qui paraît un instant, puis disparaît » (4.14).

 

Le moment de leur mort (v. 22)

 

Les rôles sont brusquement renversés : Lazare passe en premier, avec tous les honneurs. Il est porté par des anges13 ! Calvin écrivait : « Être après la mort porté par des anges au sein d’Abraham, c’est une félicité plus désirable que d’avoir tous les royaumes du monde »14. Il se retrouve dans le sein d’Abraham. On peut y voir une allusion à l’intimité profonde du Fils qui est dans le sein du Père (Jn 1.18) ou, peut-être, un parallèle avec Jean qui reposait sur le sein de Jésus pendant le dernier repas. Lazare lui, repose sur le sein du grand patriarche, père des croyants, en vue du repas des temps de la fin (Jn 13.23, Mt 8.11)15. Le sein d’Abraham est en fait un avant-goût du ciel accordé à Lazare. Le riche meurt, puis il est enseveli. On peut imaginer une grande foule lors de ses funérailles et un éloge funèbre pompeux, mais son accueil dans l’éternité est terrifiant. Sa mort a mis tragiquement fin à sa vie de luxure. Calvin parlait de « la félicité temporelle, laquelle s’achète avec damnation éternelle »16. Les versets suivants lèvent le voile sur le mystère de l’au-delà.

 

 

L’après-mort (v. 23-31)

L’Hadès

 

L’homme riche est désormais dans le hadès (v. 23) ou le séjour des morts. La Septante utilise ce mot plus de cent fois pour traduire principalement le Shéol, le monde des morts. Le NT utilise dix fois hadès. Ce mot, en première lecture, décrit le lieu de tous les morts17. Un changement s’est opéré dans le hadès lors de la résurrection du Christ, les clefs lui ont été données (Ap 1.18), il permet désormais aux croyants d’entrer directement dans une communion plus intime avec Dieu18. Le hadès ne doit pas être confondu avec la géhenne décrivant l’état final de destruction dans un feu qui ne s’éteint pas19.

 

« État intermédiaire »

 

Résurrection

 

Quand aura lieu la résurrection ?

À l’avènement du Christ (1Co 15.23), au dernier jour (Jn 6.39, 40, 44, 54), lors de l’enlèvement de l’Église (1Co 15.51-53 ; 1Th 4.13-18). Ceux qui se trouveront vivants sur la terre à ce moment-là ne mourront pas. Transformés en un clin d’oeil, ils seront enlevés à la rencontre du Seigneur avec les croyants défunts ressuscités. […] Pour l’instant, nous sommes spirituellement ressuscités avec Christ depuis notre nouvelle naissance (Jn 5.24 ; Rm 6.1-4 ; Ep 2.4- 6 ; Col 3.1-4) ; mais nous attendons encore l’adoption, la résurrection de notre corps (Rm 8.23).

 

Qui ressuscitera ainsi ?

Ceux qui appartiennent à Christ (1Co 15.22-23), ceux que le Père lui a donnés (Jn 6.39-44), ceux qui sont « en Christ » (1Th 4.16). Tous les hommes ne sont malheureusement pas à lui ; c’est pourquoi il est question ici de la « résurrection d’entre les morts » (Ph 3.11 ; Mc 9.9-10).

 

Extraits du Dictionnaire de la Bible, Editions Emmaüs (Bible online)

Que se passe-t-il en attendant le jugement ou la résurrection ? Pour ce qui est du non-croyant, celui-ci semble déjà connaître de cruels tourments, à l’exemple de ce mauvais riche. Pour les croyants, comme cette parabole le laisse supposer, ils attendent sous forme d’esprits désincarnés leur corps glorieux et éternel, tout en étant déjà dans la présence du Seigneur20. Le sommeil dont parlent certains textes bibliques (1 Th 4.13) est davantage une métaphore. En effet, Ph 1.23 ; 2 Co 5.1-8 ; Hé 12.23 parlent d’un état évident de conscience. Grudem résume ainsi la situation des chrétiens après la mort : « Les âmes des croyants vont immédiatement dans la présence de Dieu et se réjouissent dans une communion avec Lui. »21

 

Les tourments

 

Le mauvais riche en hadès est en proie aux tourments, ou aux tortures (v. 23)22. Au verset 24, il souffre dans cette flamme ; ce verbe évoque une douleur cruelle (odunaô : causer une souffrance intense), une sorte d’agonie. Cette même pensée revient au verset 25 dans la bouche d’Abraham : Toi, tu es tourmenté et le v. 28 mentionne à nouveau le « lieu de tourment ».

 

Enfant d’Abraham

 

La réponse d’Abraham doit être prise de manière prudente. On pourrait comprendre que les personnes opprimées seront systématiquement sauvées. Or la conclusion montre que c’est la repentance et l’écoute de la parole de Dieu qui déterminent le sort éternel. Abraham appelle l’ex-homme riche, mon enfant. Il était descendant d’Abraham, mais cela n’est pas suffisant pour avoir sa place dans le sein d’Abraham.

 

Souviens-toi ! (v. 25)

 

Cette expression-clé crée le lien entre la scène terrestre et celle de l’au-delà. Abraham lui rappelle ses richesses ainsi que la pauvreté de Lazare. Certainement qu’il n’a pas besoin de beaucoup plus d’explications pour se remémorer son égoïsme et la dureté de son coeur sans repentance23.

 

L’abîme

 

Abraham répond en deuxième argument qu’il y a un abîme ou un gouffre infranchissable entre l’antichambre de l’enfer et le « sein d’Abraham ». Ce gouffre existe aussi entre le monde des vivants et celui des morts. Les personnes qui cherchent désespérément à communiquer avec les morts n’ont pas saisi cette distance. Dieu avait permis un jour au roi Saül de revoir réellement le prophète Samuel décédé, mais ce fut comme une malédiction qui tomba sur Saül suite à sa désobéissance (1 S 28). La Bible nous interdit l’invocation des morts, et d’ailleurs toute relation avec le monde des morts. On peut soupçonner que toutes les soi-disant apparitions de morts sont, ou bien des phénomènes psychiques proches du délire, ou alors des phénomènes occultes inspirés par Satan, le père du mensonge. Il est surprenant de constater que le riche ne se plaint pas de son sort dans son dialogue avec Abraham, mais il l’accepte comme irrévocable. En revanche, il se préoccupe de ses frères pour qui il reste une chance de ne pas le rejoindre.

 

Les frères de l’homme riche

 

Ces cinq frères sont probablement une allusion aux pharisiens, riches et durs de coeur (16.14) ; par extension, ils représentent tous les auditeurs de la Parole de Dieu qui ne sont pas encore passés par une vraie repentance. L’homme dans le hadès désire que Lazare « porte témoignage » à ses frères. Le mot diamartyrètai, comme l’écrit Godet, a un sens fort : « attester énergiquement de manière à faire pénétrer la vérité à travers (dia) les enveloppes d’une conscience endurcie »24. Jésus fait peut-être allusion à cette soif de manifestation miraculeuse qu’il refusait souvent de satisfaire. Dieu a donné à Israël et au monde entier un autre moyen pour conduire à la repentance (v. 29-31).

 

Moïse et les prophètes

 

Enfer

 

L ’enfer, dans le sens théologique du mot, est appelé dans la Bible le feu éternel, la géhenne du feu (Mt 18.8-9) ; la géhenne, le feu inextinguible, où le ver ne meurt point et où le feu ne s’éteint point (Mc 9.43 et suivants) d’après Ésaïe (Es 66.24), à qui déjà les apocryphes ont emprunté cette expression (Ec 7.17 ; /Jdt 16.21) ; la mort (1Co 15.55-56 ; 1Jn 5.16) ; la punition éternelle (Mt 25.46) ; le jugement ou la ruine éternelle (Mc 3.29 ; 2Th 1.9) ; l’étang ardent de feu et de soufre (Ap 19.20) ; la mor t seconde (Ap 20.14) ; des liens éternels (Jude 6) ; les ténèbres du dehors, où seront les pleurs et les grincements de dents (Mt 8.12) ; un opprobre et une infamie éternels (Dn 12.2, etc.)…

 

Les réprouvés seront comme oubliés de Dieu ; leur nom ne passera plus par ses lèvres (Ps 16.4). Il est lumière, ils seront dans les ténèbres. Il est la source de la vie, il ne sera plus rien pour eux. Ils ont refusé de porter son joug, son joug ne pèsera plus sur eux ; celui qui était souillé se souillera toujours davantage ; ils iront en empirant, creusant toujours plus l’abîme qui les sépare de celui sans qui ils ne sauraient vivre ; et s’enfonçant toujours plus dans la fange de l’étang bourbeux où ils sont plongés, progressant dans la mor t comme les rachetés dans la vie, ils se seront vus privés par leur faute des biens que Dieu leur avait offerts, et souffriront de cette décadence morale et intellectuelle que l’Écriture appelle la seconde mort.

 

Extrait du Dictionnaire encyclopédique de Bost (Bible online)

Abraham répond : Ils ont Moïse et les prophètes ; qu’ils les écoutent. Cette réplique est la pointe de la parabole et met en avant la Parole écrite de Dieu. Elle enseigne avec solennité que la lecture et l’écoute de ces textes sont salutaires. Le mot écouter a la même racine qu’obéissance. L’écoute doit aboutir à une transformation de vie, à une repentance et à des fruits dignes de la repentance : Cesse mon fils d’écouter l’instruction si c’est pour t’éloigner des Paroles de la connaissance (Pr 19.27). Jésus conclut le Sermon sur la montagne sur l’importance d’écouter et de mettre en pratique pour construire de manière solide (Mt 7.24-29). L’insistance du riche laisse supposer que durant sa vie terrestre, il ne s’est pas trop soucié de la « Loi et des prophètes » . Sa requête : Si quelqu’un vient d’entre les morts souligne l’illusion des miracles devant des personnes peu disposées à prendre Dieu au sérieux. Hunter paraphrase cette conclusion : « Si un homme ne montre pas d’humanité alors qu’il a l’Ancien Testament à portée de la main et Lazare à sa porte, rien ne pourra le faire changer de comportement, ni un visiteur de l’autre monde, ni les révélations des horreurs de l’enfer »25. Le scepticisme de l’homme chez qui la conscience n’a pas été réveillée par la Parole de Dieu et le Saint-Esprit, reprendra vite le dessus après qu’il aura vu un miracle26.

 

 

Conclusion

 

Paradis

 

Paradis, latin paradisus, grec paradeisos : parc, jardin d’agrément ; de l’avesta pairidaeza (enclos). Dans Ec 2.5 ; Ct 4.13 ; Né 2.8, l’hébreu a pardes, jardin, verger, parc, prenant le sens de forêt dans ce dernier passage. Josèphe (Antiquités 8.7.3 ; Contra Apionem 1.20) appelle en grec paradis, les jardins de Salomon à Étam et les jardins suspendus de Babylone. La Septante met paradis d’Éden pour le jardin d’Éden (Gn 2.8). Paradis, désignant le lieu de félicité que l’homme a perdu, devint le nom de la demeure des justes dans l’au-delà. Les Israélites de l’époque tardive distinguaient entre un paradis céleste et un paradis inférieur, le premier appartenant au ciel, tandis que le second était une division du hadès (hébreu che’ol, séjour des morts) assignée aux âmes des justes. Jésus parle dans ce sens lorsqu’il déclare au brigand repentant : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » (Lc 23.43). Il veut dire : dans le séjour des morts bienheureux, que les Juifs appelaient aussi « le sein d’Abraham » (Lc 16.22). […] Dans les autres passages du Nouveau Testament, le terme prend son sens céleste : Paul est ravi « dans le paradis », jusqu’au 3e ciel, dans la présence de Dieu (2 Co 12.2, 4). À celui qui vaincra, le Seigneur donnera à manger de l’arbre de vie, « qui est dans le paradis de Dieu » (Ap 2.7 ; 22.2).

 

Extraits du Dictionnaire de la Bible, Editions Emmaüs (Bible online)

Ce texte dévoile le sens de l’une des plus grandes énigmes de ce monde : Qu’y a-t-il après la mort ? Pour Jésus, sans l’imposer à ses auditeurs, il nous montre que seulement deux solutions sont possibles : être avec Dieu comme Lazare dans l’attente du retour de Jésus et de la résurrection des corps ou alors être dans le lieu de tourment dans l’attente du jugement à venir. S’il y a une dimension mystérieuse d’un choix éternel de Dieu, dans ce texte, Jésus ne met en avant que deux conditions principales au salut : l’écoute de la parole de Dieu, et faire, pendant qu’il est encore temps, un demi-tour radical, une repentance qui nous conduit à prendre Dieu au sérieux dans nos vies, mais aussi à prendre notre prochain au sérieux. Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos coeurs (Hé 3).

 

R.K.

 


 

NOTES

 

 

 

1. Pour tirer bénéfice de cette étude, il vaut mieux avoir le texte de la parabole sous les yeux. Cet article reprend en grande partie un travail universitaire rédigé par l’auteur pour la faculté Jean Calvin d’Aix-en- Provence, lors d’un séminaire de NT en mars 1992.

 

2. R. BAUCKHAM, The rich Man and Lazarus : The Parable and the Parallels, NTS, April 1991, p. 225-246.

 

3. HOCK dans son article Lazarus and Micyllus : Greco-Roman Backgrounds to Luke 16:19-31, fait un sur vol des études spécialisées sur la question (p. 448-455, HOCK, JBL, 1987, p. 447-463). Il explique qu’il lui semble plus probable de donner à notre parabole une origine gréco-romaine se référant à l’oeuvre antique de Lucien, Gallus et Cataplus.

 

4. L.MORRIS, L’Évangile selon Luc, Traduction française Sator 1985, p 226.

 

5. MORRIS, op.cit, p. 226

 

6. A.B. BRUCE, The Expositor’s Greek Testament, Luke, p.588.

 

7. Plusieurs, comme Calvin, en ont conclu que ce n’était pas une parabole, mais qu’il s’agissait d’une histoire authentique. Aujourd’hui pratiquement aucun commentateur ne soutiendrait que ce texte n’est pas une parabole. De toute façon, cela ne change pas les applications du texte, car les paraboles de Jésus font toujours ressortir des réalités de la vie ; voir J.M. NICOLE, Précis de doctrine chrétienne, Éditions de l’Institut Biblique, Nogent-sur-Mar ne, 1983, p. 320.

 

8. Voir notamment, Le grand dictionnaire de la Bible, Excelsis, 2004.

 

9. Ébéblêto : signifie aussi gisant : Jos Ant 9:209 ; comme le traduit la Bible de Jérusalem.

 

10. JEREMIAS, Les paraboles de Jésus, p. 243, en effet si l’hypothèse du conte repris par les juifs d’Alexandrie est vraie, « le pauvre scribe et le riche publicain Bar Majan » fait ressortir l’insouciance spirituelle du riche.

 

11. MORRIS, op. cit., p. 227.

 

12. Voir Luc 4.18 ; 6.20 ; 7.22 ; 21.3 ; I.H. MARSHALL, The Gospel of Luke, A commentary on the Greek Text, Exeter, 1978, p. 635, souligne cet aspect de bénéficiaire ou destinatiare de la grâce.

 

13. Godet cite le targum du Cantique des Cantiques : « Les justes, dont les âmes sont portées par les anges dans le paradis ».

 

14. J. CALVIN, Commentaires, Tome 1er, Société des livres religieux, Toulouse 1892, p 298.

 

15. JEREMIAS, MEYER, TDNT, penchent pour l’invité à un banquet.

 

16. J. CALVIN, op. cit.

 

17. Ac 2.27, 31 ; Luc 16.23,26 ; 1 P 3.19 ; Ap 20.13 le décrivent comme le lieu également des non-croyants.

 

18. Calvin explique que « la métaphore du sein d’Abraham », cesse à la résurrection du Christ, comme la clarté du soleil, lorsqu’il se montre, obscurcit toutes les étoiles » op. cit., p 298.

 

19. Mc 9.43 ; Mt 10.28 ; Mt 25.41 ; …

 

20. Voir par exemple GUTHRIE, New Testament Theology, IVP, 1981, p. 837-839, qui donne quatre positions, mais démontrent que la première est plus conforme aux textes bibliques : 1) les croyants attendent, sous forme d’esprits désincarnés, leur corps glorieux et éternel ; 2) les croyants reçoivent un corps temporaire en attendant la résurrection lors du retour de Christ ; 3) les croyants ressuscitent juste après la mort, les non-croyants lors de la parousie ; 4) les croyants entrent dans un état de sommeil et d’inconscience jusqu’à la résurrection. Voir aussi Anthony A.HOEKEMA, The Bible and the future, Eerdmans, 1991, p. 92-108.

 

21. WayneGRUDEM, Théologie systématique, Excelsis, 2010 (traduction personnelle de la version anglaise).

 

22. THAYER affirme que basanos est l’instrument de torture par lequel quelqu’un est forcé à dire la vérité, The New Thayer’s Greek-English Lexicon of the NT, Lafayette, Indiana, reprinted 1979 ; MUNDLE, DNTT, 3:856. Ce même mot est utilisé dans Apocalypse pour décrire les tourments éternels (Ap 20.10). La Bible de Jérusalem et la TOB traduisent par torture.

 

23. Certains commentateurs semblent un peu divaguer sur ce verset 25, c’est le cas par exemple du grand exégète F. Godet qui voit là une possibilité de salut après la mort en conciliant ce verset à la notion d’oeuvre rédemptrice en 1 P 4.6 ; F. GODET, Commentaire sur l’Évangile de St Luc, réimprimé, Neuchâtel 1969, Tome 2, p. 272.

 

24. GODET, op. cit., p. 274 ; L. COENEN, DNTT, 3:1038-1047.

 

25. A.M HUNTER, Interpreting the Parabole, p.84, cité par MORRIS, Luc, p.229.

 

26. Spurgeon disait : « Si les hommes ne veulent pas croire le témoignage de Dieu, il est impossible qu’ils puissent croire le témoignage des hommes », C.H. SPURGEON, The Treasury of the NT, Vol II, Marshall, Morgan and Scott, London, N.D. P 39