Ne pas médire

 repas

par Françoise LOMBET

 F-lombet

 

Dans l’article concernant l’expression « les uns les autres », nous avons vu que nous trouvions une trentaine de commandements différents, formulés de façon positive – faites ceci ou cela – ou négative – ne faites pas ceci ou cela – afin d’éviter, voire de proscrire certaines attitudes. Nous examinerons plus particulièrement le verset 11 du chapitre 4 de l’épître de Jacques.

 

 

« Frères, ne vous critiquez pas les uns les autres » (version Semeur) ou « ne parlez point mal les uns des autres » (version Segond). Le dictionnaire (le Petit Robert) définit ainsi le verbe médire : dire (de quelqu’un) le mal qu’on sait ou croit savoir sur son compte. Peut-être pensez-vous, ce n’est pas très grave, c’est un point mineur, pourquoi le détailler ? Mais une personne qui aime à médire n’est-elle pas appelée une mauvaise langue ? Or de nombreux textes bibliques évoquent l’usage que nous faisons de notre langue.

 

 

La langue

 

Le chapitre 3 du livre de Jacques nous enseigne plus précisément à dompter notre langue. « Celui qui ne commet jamais de faute dans ses paroles est un homme parvenu à l’état d’adulte, capable de maîtriser aussi son corps tout entier » (Jc 3.2). Pourtant, la langue est considérée comme un des plus petits organes, mais qui se vante de grandes choses (Jc 3.5). « Nous nous en servons pour louer le Seigneur, notre Père, et nous nous en servons pour maudire les hommes… Mes frères, il ne faut pas qu’il en soit ainsi » (Jc 3.9-10).

 

La langue est opposée au bien. « C’est tout un monde de mal » dit Jacques avec force (Jc 3.6). « C’est un fléau impossible à maîtriser ; elle est pleine d’un venin mortel » (Jc 3.8). Remarquons combien ces paroles sont dures, violentes.

 

La langue est comparée à une épée (Ps 57.5), à un rasoir bien affilé (Ps 52.4). La langue répand des mensonges (Pr 6.17).

 

 

Calomnier

 

Calomnier correspond à cette définition : attaquer la réputation de quelqu’un par des mensonges. Nous réalisons combien médire et calomnier sont des actions méchantes dont les conséquences peuvent être extrêmes… On va jusqu’à lire « la mort et la vie sont au pouvoir de la langue… » (Pr 18.21).

 

Les hommes méchants sont qualifiés dans la Bible, entre autres, de « médisants, calomniateurs, des ennemis de Dieu » (Rm 1.30). Nous touchons là jusqu’où peut nous conduire la médisance, à être ennemi de Dieu ! Alors, que faire ? Lisons le conseil de Pierre qui a l’aspect d’un ordre : « Rejetez donc toutes les formes de méchanceté… et toute médisance » (1 P 2.1).

 

 

Le droit de critiquer ?

 

Alors n’avons-nous pas quand même le droit de juger, la nécessité de redresser, de critiquer ? Qu’y a-t-il derrière cette action ? Reprenons Jacques 4.11-12 : « Frères, ne vous critiquez pas les uns les autres. Celui qui critique son frère ou qui se fait son juge critique la Loi et la juge. Mais si tu juges la Loi, tu n’es plus celui qui lui obéit, tu t’en fais le juge. Or, il n’y a qu’un seul législateur et juge, celui qui peut sauver et faire périr. Mais pour qui te prends-tu, toi qui juges ton prochain ? »

 

En critiquant ou jugeant notre frère, nous prenons la place de celui qui seul peut juger l’autre, celui qui connaît les coeurs, celui qui est la Loi et le juge. Paul nous précise « en jugeant les autres, tu te condamnes toi-même » (Rm 2.1).

 

 

 

La bonne attitude

 

Les proverbes nous enseignent en nous décrivant la mauvaise, puis la bonne attitude.

 

« Le médisant divulgue les secrets, un homme de confiance tient la chose cachée » (Pr 11.13).

 

 

« Qui tient sa bouche close est intelligent » (Pr 17.28).

 

Accordons le dernier mot à Paul s’adressant à Tite : « Qu’ils ne dénigrent personne, mais qu’ils soient au contraire conciliants, courtois » (Tt 3.2) et à Esaïe le dernier conseil : « Le Seigneur, l’Eternel, m’a donné une langue de disciple attentif pour que, par ma parole, je sache fortifier ceux qui sont fatigués » (Es 50.4).

 

F.L.