Editorial du n°6 Novembre-Décembre 2000

 

Bioéthique

 

Par Jean-Pierre BORY

 

 

Les participants au dernier congrès des C.A.E.F ont pu entendre à haute voix ou en coulisse des réflexions bien contradictoires sur le « ministère ». Aurait-on à la fois mauvaise conscience d’avoir un « plein temps », tout en étant très heureux de pouvoir lui déléguer un bon lot de responsabilités ?

 

« Pasteur », « président », « dirigeant », « évêque », sont pourtant tous des termes appliqués aux « anciens », nommés responsables d’Eglises fondées par l’apôtre Paul lui-même !

 

Difficile de les ignorer ! Nous n’avons pas de chaire dans nos chapelles, mais nous avons besoins de ministres ! Aurions-nous peur de l’autorité dans l’Eglise locale ?

 

Peut-être parce que nous ne savons pas bien comment la gérer, ou parfois parce que nous ne souhaitons pas nous y soumettre…

 

Cependant est-il si facile que cela d’exercer un ministère, de devoir prendre des responsabilités dans un système collégial ? J’ai entendu des témoignages d’anciens, submergés par la tâche, appelant au secours. J’en connais qui ont remis leur mandat, exténués, découragés, psychiquement épuisés. J’ai aussi entendu cela : Je suis mal à l’aise, J’ai presque honte d’être à plein temps à la charge de mon Eglise. Et d’un autre : Depuis des années j’envisage et je me prépare à un service à plein temps, mais aujourd’hui, j’hésite en entendant ce que vivent certains serviteurs dans leur assemblée.

 

Est-il normal de vivre de telles situations ? Nous tous, membres d’assemblées qui se veulent fidèles à l’Ecriture, avons le devoir de réfléchir à ce que nous vivons et faisons dans notre propre Eglise, comment nous l’organisons et la dirigeons. Plusieurs Eglises ont défini dans leur règlement intérieur le rôle de leurs anciens, et celui de leur « pasteur » comme « ancien parmi les autres anciens ». Et notre brochure bleue Les CA.E.F. le dit clairement : même si un ministère à plein temps est nécessaire dans une communauté « les anciens continuent […] à assurer la direction de l’Eglise ». Nous sommes très fermement attachés au gouvernement collégial de l’Eglise, et avec raison j’en suis convaincu ! Mais qu’il semble difficile de le vivre !

 

Ce numéro de Servir n’a pas pour objectif de convaincre, mais de faire réfléchir : vous y lirez une réflexion sur le ministère, son fonctionnement, et plusieurs témoignages très divers… Pour nous faire méditer, et peut-être repenser notre façon de faire.

 

Et honorons doublement ceux qui « dirigent bien » l’Eglise (1 Tm 5.17) !

 

Jean-Pierre BORY