Le sens du baptême

 baptemes
 
 
par Reynald Kozycki
 
 
 
L’auteur de l’article propose un résumé d’une étude de préparation au baptême en douze leçons qu’il a rédigée. Il la dispense depuis des années dans différentes églises.
 

 

En lisant le Nouveau Testament, nous ne trouvons que deux déclarations explicites de Jésus à propos du baptême des croyants (Mt 28.18-20 et Marc 16.15-16). Pourtant, par la position de ces propos – en conclusion même de son enseignement -, ces textes en font un acte incontournable. En Matthieu, nous lisons : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit… » ; en Marc, il dit :

« Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé… ».
 
 
 
Les premiers disciples ont pris au mot ces paroles. Le jour de la Pentecôte, la foule émue par les propos de Pierre demande : Frères, que ferons-nous ? Pierre leur dit : Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ… (Ac 2.37-38).
 
 
 
Quel sens le Nouveau Testament donne-t-il à cet acte si important ?
 
En rassemblant toutes les données bibliques, en particulier dans les explications plus fournies des Epîtres, nous pouvons, pour simplifier, regrouper en quatre parties les réponses.
 
Le baptême proclame :
 
1) une repentance radicale ;
2) la purification opérée par Dieu ;
3) notre union dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ et enfin
4) notre incorporation dans le corps de Christ.
 
Avant de développer ces points, affirmons que le baptême est un acte symbolique, c’est-à-dire qu’il n’a pas de portée magique.
 
Dans une cérémonie de mariage, la remise des alliances est aussi un geste symbolique : ces anneaux renvoient à la réalité de l’union de deux personnes. En ce sens, le baptême d’eau est une sorte de mime public attestant notamment les quatre réalités suivantes.
 
 
Depuis l’Antiquité, dans toutes les religions, l’eau a été l’image d’un agent purificateur. « le baptême représente particulièrement deux choses : la purification que nous obtenons par le sang de Christ, et la mortification de notre chair que nous avons eue par sa mort. » Calvin1
 
 
 

1) Baptême, symbole d’une repentance

 
Le baptême de Jean-Baptiste avait déjà cette portée : « Il prêchait le baptême de repentance, pour le pardon des péchés » (Lc 3.3). L’appel à la repentance – c’est-à-dire à un demi-tour radical vers Dieu – est le message central de Jean-Baptiste : « Repentez-vous, car le royaume des deux est proche » (Matthieu 3.2). Ce même message est repris par Jésus au début de son ministère : « Le temps est accompli et le royaume de Dieu est proche. Repentez-vous, et croyez à la bonne nouvelle. » (Mc 1.15).
 
 
De même, lors de l’envoi de ses disciples, après la résurrection, Jésus commente les Ecritures en leur ouvrant l’intelligence : « Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la repentance en vue du pardon des péchés serait prêchée en son nom à toutes les nations à commencer par Jérusalem ». A la suite de Jean-Baptiste, Jésus lie baptême et repentance. Le baptême est l’étape qui suit immédiatement la foi : « Celui qui croira et qui sera baptisé », « Faites de toutes les nations des disciples, les baptisant… ».
L’ordre est important, d’abord foi-repentance puis baptême2.
 
Le baptême est donc, dans un premier temps, l’attestation publique ou la proclamation visible de la repentance.
 
 

2) Baptême, symbole de la purification intérieure

 
Le choix de l’eau et de l’immersion n’est certainement pas un hasard.
 
eauDans de nombreuses cultures, l’eau symbolise la purification. Le baptême de Jean-Baptiste préparait aussi à cela. La confession des péchés n’appuyait pas seulement la repentance, elle visait l’espoir du pardon et de la purification. En Christ, s’accomplissent les promesses faites par les prophètes comme par exemple : « Je ferai sur vous l’aspersion d’une eau pure, et vous serez purifiés ; je vous purifierai de toutes vos souillures et de toutes vos idoles. » (Ez 36.25).
 
Le Nouveau Testament développe ce thème de la purification accomplie par Jésus. Paul souligne que « le Christ a aimé l’Église et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier après l’avoir purifiée par l’eau et la parole » (Ep 5.26).
Se laisser immerger dans l’eau au moment du baptême atteste l’appropriation de la purification accordée par Dieu.
 
Bien sûr, ce n’est pas à ce moment précis que cette purification s’opère. Après une repentance authentique, à l’exemple du « fils prodigue », le Père nous accueille et nous revêt des plus beaux vêtements. Ainsi c’est par la foi, sans aucune oeuvre, que nous recevons le pardon et la purification. Le
baptême d’eau n’est que la proclamation publique de cette purification que nous recevons au moment de la conversion.
 
 

3) Baptême, symbole de notre mort et résurrection avec le Christ

 
Si les Evangiles et les Actes appuient davantage l’aspect de la repentance lors du baptême, en revanche les Epîtres l’associent souvent à la mort et à la résurrection avec Christ3. En effet, un autre symbole qui apparaît dans cet acte est la noyade ou la mort. En général, l’immersion ne dure pas trop longtemps (il faut espérer !), et après cela, la vie nouvelle ou la résurrection avec Christ est annoncée : « Si quelqu’un est en Christ, les choses anciennes sont passées, voici toutes choses sont devenues nouvelles » (2 Co 5.17).
 
Le texte biblique qui développe le plus le sens du baptême est probablement Rm 6.1-11. Paul associe en une même image le « baptême de l’Esprit » et le « baptême d’eau » qui en est l’attestation publique.
Ce baptême spirituel n’est rien d’autre que la nouvelle naissance opérée par la puissance du Saint- Esprit, acte par lequel nous avons été unis à Christ dans sa mort et sa résurrection : « Auriez-vous oublié que tous les baptisés ont fait acte de mort au péché ? Ou bien ne savez-vous pas que nous tous qui avons été immergés en Jésus-Christ, nous avons été plongés en sa mort ? Par le baptême, nous avons donc été ensevelis avec lui afin de partager sa mort. Tout ce que nous étions autrefois est à présent mort et enterré. Et pourquoi cela ? Vous savez que le Christ a été ressuscité d’entre les morts par la puissance glorieuse du Père : nous aussi, nous avons reçu une nouvelle vie et nous sommes appelés à mener notre existence sur un plan nouveau. Car nous sommes devenus un seul et même être avec lui. Nous lui avons été incorporés – comme le greffon à son porte-greffe. Si donc nous avons été implantés en sa mort pour mourir avec lui, nous le serons aussi en sa résurrection pour revivre comme lui » (Rm 6.3-5, Parole Vivante).

L’ordonnance du baptême est un symbole de l’identification du croyant avec Christ dans sa mort, son ensevelissement et sa résurrection.
H. C. THIESSEN4

 
 

4) Baptême, symbole de notre incorporation à l’Eglise

 

Dans la sélection des principaux thèmes liés au baptême, je retiens enfin cette dimension de notre incorporation au Corps de Christ. En parlant du baptême de l’Esprit, Paul explique : « En effet, nous avons tous été baptisés par un seul et même Esprit pour former un seul corps » (1 Co 12.13) .
 
Le but du baptême de l’Esprit, selon ce texte, est donc de « former un seul corps ». Par le baptême d’eau, le croyant affirme son appartenance non seulement à la personne du Christ, mais aussi à Son corps, l’Eglise. Nous remarquons que le baptême d’eau ne se fait jamais seul dans son coin. Celui qui déciderait un matin de se baptiser seul dans sa baignoire serait suspect.
 
Généralement, ce sont des responsables d’Eglise qui le mettent en oeuvre (comme les apôtres ou les diacres dans les Actes) ; ils représentent le Corps de Christ, et ils ne baptisent pas en leur nom ni au nom de leur « Eglise », mais au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ces points nous enseignent que l’incorporation à la personne du Christ implique l’appartenance à Son Eglise. Ce qui se traduit, de manière plus concrète, par l’adhésion à une Eglise locale.
 
Ainsi ce geste assez énigmatique du baptême se révèle contenir un riche enseignement sur le si grand salut dont nous bénéficions en Christ, salut qui est devenu nôtre après la repentance.
 
 
R.K.
 
 

NOTES

 

 

1. Jean CALVIN, brève Instruction Chrétienne, 5ème partie « des sacrements ».

 

2. Pendant les premières générations, la chrétienté a respecté cet ordre. Ce n’est que vers le IVe siècle que

commencent timidement les baptêmes de bébés, à une période où la référence à l’Ecriture s’est amoindrie.
 
3. Voir par exemple, Rm 6.1-11 ; Col 2.12-13 ; en partie Ga 3.27 ; 1 Pi 3.21
 
4. Henry C. Thiessen, Esquisse de Théologie Biblique (Farel, 1987 ; Wheaton, USA, 1979), p.361.