Instructions de Jésus sur l’autorité

 

 

Par Bruno Licciardi

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À deux occasions précises, le Seigneur Jésus a dû rectifier certaines fausses idées qu’avaient ses disciples concernant l’autorité. D’abord, lorsque Jacques et Jean demandèrent à leur Maître de pouvoir être assis dans son royaume à sa droite et à sa gauche (Mt 20.20-21 ; Mc 10.35-37). Ensuite, lorsque les Douze se disputaient pour savoir lequel parmi eux serait le plus grand (Lc 22.24). La première scène eut lieu lorsque Jésus était en route pour Jérusalem en vue de sa passion (Mt 20.17-19 ; Mc 10.32-34). La seconde s’est passée dans la chambre haute, juste après l’institution de la Cène et l’annonce de la trahison du Seigneur par l’un des leurs (Lc 22.14-23).

 

Nous voyons ici toute l’incongruité des préoccupations des disciples, tandis que les pensées du Seigneur sont orientées vers ses propres souffrances, celles qu’il va devoir endurer jusqu’à l’opprobre de la croix. Les disciples ne pensent qu’à régner, alors que leur Maître bien-aimé se prépare à vivre les pires moments de sa vie, à boire la coupe amère du jugement de Dieu contre le péché (Lc 22.42), à être le bouc émissaire des souffrances de son peuple (És 53.4), à être frappé pour les péchés du monde entier (1 Jn 2.2). Pourtant, il n’y a sûrement pas eu de meilleures occasions que celles-ci pour enseigner aux disciples ce que signifie être le plus grand, être le premier. D’abord, Jésus tord le cou à l’idée que les gens se font de l’autorité. Dans le monde, le plus grand est celui qui est servi par le plus grand nombre, le premier est celui qui domine sur le plus grand nombre, parfois ou souvent, avec force et puissance : Vous savez que les chefs des nations les tyrannisent et que les grands les asservissent (Mt 20.25 ; Mc 10.42), et les rois des nations les maîtrisent et ceux qui les dominent sont appelés bienfaiteurs (Lc 22.25).

 

Mais il ne doit pas en être ainsi parmi les chrétiens, affirme Jésus. Il prend ainsi le contre-pied de la vision humaine de l’autorité : Quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur ; et quiconque veut être le premier parmi vous, qu’il soit votre esclave ou l’esclave de tous (Mt 20.26-27 ; Mc 10.43-44) et que le plus grand parmi vous soit comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert (Lc 22.26).

 

Pourquoi est-ce ainsi que doit se vivre et se pratiquer l’autorité dans le royaume de Dieu ? Dans Luc 22, Jésus explique : car quel est le plus grand, celui qui est à table ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? – c’est la réponse attendue – Et moi, cependant, je suis au milieu de vous comme celui qui sert. C’est ici l’enseignement de Jésus sur l’autorité, tiré de sa propre vie. Le Maître sert ses serviteurs qui sont assis à table. C’est lui aussi qui a lavé leurs pieds dans la chambre haute (Jn 13.5), tout en reconnaissant lui-même qu’il est leur Seigneur (Jn 13.13). Il n’y a pas chez Jésus de fausse modestie, mais une réelle et profonde humilité qui sera révélée quelques heures plus tard dans toute sa force, à la croix (Ph 2.8). Le Fils de Dieu est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de beaucoup (Mt 20.28 ; Mc 10.45).

 

Photo par Elliot Lepers

 

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L’exemple de Jésus fait autorité. Il est le Seigneur ; tout chrétien lui doit obéissance. Lui obéir, c’est l’imiter, pas au sens absolu – sa crucifixion pour les péchés du monde était la mission de Jésus seul, mais selon le principe de l’amour : Rendez-vous par amour serviteurs les uns des autres (Ga 5.13). Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres (Ph 2.4). Ces recommandations nous viennent de l’apôtre Paul qui ne figurait pas parmi les Douze.

 

Mais l’apôtre Pierre en faisait partie. Et il a très bien compris et mis en pratique l’enseignement du Maître. Après la Pentecôte, on le voit effectuer des visites aux frères de Judée (Ac 9.32). Il est celui à qui Jésus-Christ a donné les clefs du royaume de Dieu (Mt 16.19). Il est aussi celui qui prend soin des brebis du Seigneur, comme Jésus le lui a demandé (Jn 21.15-17). Il est encore celui qui a bien saisi ce que veut dire être un ancien dans l’Église, donc être en position d’autorité, car il recommande aux anciens de paître aussi le troupeau de Dieu, non par contrainte, mais volontairement, selon Dieu ; non pour un gain sordide, mais avec dévouement ; non comme des dominateurs, mais étant les modèles du troupeau (1 P 5.2-3).