Pouvoir et processus de décision dans l’Église

 

 

Par Pascal Wicker

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Les questions de l’autorité et des pouvoirs de décision dans l’Église sont toujours des questions faciles quand nous sommes en accord, un peu moins quand ce n’est pas le cas ! L’autorité, dans l’Église, c’est premièrement la Parole de Dieu.

 

 

 

 

L’ÉGLISE A BESOIN D’UNE STRUCTURE ORGANISÉE

 

     Matthieu 16.18 rappelle l’importance de l’Église que Dieu lui-même bâtit et fait sienne. L’Église est le peuple de Dieu, le produit de la victoire de Jésus sur la croix.

      À partir de nos organisations humaines, nous devons coordonner la vie de l’Église : dans l’ordre, dans l’unité et dans l’amour. Dieu ne nous demande pas de réinventer l’Église, mais de la faire vivre.

 

      Dieu est un Dieu d’ordre et tout au long de la Parole, nous faisons la connaissance d’un Dieu qui aime les choses ordonnées : la création, le culte, les débuts de l’Église. Quelle que soit la forme choisie, notre organisation doit être efficace, claire et fidèle à la Bible. Une première difficulté : être responsable et… serviteur.

      Comment va s’exercer l’autorité dans l’Église ?

C’est en valorisant les relations que l’on s’approchera au plus près du modèle biblique, en laissant Dieu se manifester par notre capacité à aimer.

Nous avons, dans nos Églises, des conseils qui se réunissent pour prendre des décisions. C’est donc un ensemble qui décide et non une personne unique.

 

Conseil d’anciens

Dans la répartition autorité/pouvoir, le conseil d’anciens possède l’autorité : une autorité déléguée, celle de la Bible.

Il est nécessaire d’être reconnu par l’Église dans cette autorité, reconnaissance qu’il est sage de renouveler périodiquement en raison de l’évolution de chacun et de l’arrivée de nouvelles personnes.

Le conseil d’anciens assure la direction spirituelle de l’Église locale, avec des missions importantes : l’enseignement de la Parole (Ac 2.42 ; 1 Tm 3.2 ; 5.17) ; le suivi pastoral, un besoin d’accompagnement, une « sainte » discipline (Mt 18) ; et la définition de la vision et du projet d’Église. La réussite de ce conseil passe par l’unité, le respect mutuel, la prière et la confidentialité.

 

Un conseil pastoral peut exister et regrouper des personnes susceptibles d’intervenir dans le domaine pastoral, sous l’autorité des anciens, tout en gardant une certaine « confidentialité pastorale ».

 

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Conseil d’Église

Si le conseil d’anciens représente une certaine autorité, le conseil d’Église possède un certain pouvoir. Il est possible que les anciens exercent ce double rôle. Ce conseil coordonne les activités de l’Église en leur donnant une certaine cohésion en lien avec le projet de l’Église en étant, pourquoi pas, un lieu de réflexion sur la stratégie globale de l’Église, sous la responsabilité des anciens.

La présence des anciens doit y être équilibrée, entre domination et absence. Ce conseil peut aussi jouer un rôle de représentativité de l’ensemble des membres de l’Église (social, ethnique, homme/femme…).

 

Conseil d’administration

L’Église est aussi, en France, une association. Le conseil d’administration représente l’association devant les autorités, veille à ce qu’elle ne dévie pas de ses objectifs déclarés, et accomplit toutes les obligations inscrites dans les statuts.

Bien souvent le conseil d’administration est inclus dans le conseil d’Église ou des anciens, ce qui évite un risque de double pouvoir et facilite la prise de décisions.

 

 

PRINCIPES DE BASE DU FONCTIONNEMENT DE L’ÉGLISE

 

On comprend l’importance d’un cahier des charges précis pour chacune des entités, afin de rester dans son rôle. À cela s’ajoutent des principes de fonctionnement.

 

La collégialité

La collégialité est importante pour nos Églises, c’est l’un des critères de notre identité. L’art de savoir travailler en équipe est essentiel dans l’Église ; cela sous-entend une participation de chacun, dans la décision et l’action. L’équipe travaille unie sur (et pour) un projet bien précis et bien déterminé.

La question importante n’est pas le modèle d’organisation que nous allons choisir, mais comment, ensemble et dans l’unité, nous allons vivre le relationnel biblique qui s’appuie sur la soumission mutuelle et l’amour de l’autre, allant jusqu’à le considérer au-dessus de soi.

La collégialité permet, dans son fonctionnement, un équilibre entre l’autorité reconnue et la répartition communautaire de la responsabilité.

 

Le pouvoir et l’autorité

Le pouvoir est la faculté d’agir pour un autre en vertu du mandat que l’on a reçu. L’autorité est l’influence ou l’ascendance que l’on exerce.

L’exemple de Jésus en matière d’autorité va à l’encontre de nos manières de penser. C’est au prix de sa vie qu’il a imposé son autorité, un amour qui donne et qui se donne.

 

L’autorité est toujours limitée à un cadre bien défini : l’enseignement et l’interprétation de la Parole, mais non la couleur du papier peint.

 

La « bonne » délégation

Dans l’Église, c’est souvent d’un groupe à un autre que se met en place une délégation (cf. Ac 6.1-4).

Quand je ne peux pas tout faire, il est important de déléguer certaines tâches à d’autres. On ne délègue pas une autorité, mais un travail. Sans imposer une manière de faire, avec confiance. Déléguer, ce n’est pas « cloner » !

Le but n’étant pas qu’il fasse comme je veux, mais qu’il atteigne le résultat demandé. Alors il faut définir la tâche attendue et le but à atteindre, avec des critères clairs.

 

Déléguer, c’est faire plus de travail, le faire plus efficacement, et en impliquant de nouvelles personnes pour découvrir leurs dons.

 

La communication

Tout n’étant pas confidentiel, il faut savoir être transparent. Nous ne devons pas tout dire, mais chaque membre doit savoir où va l’Église pour encourager la confiance et l’écoute.

Il n’y a pas pire, dans une Église, que de se sentir négligé, exclu de la vie d’Église.

 

La formation

Je remercie ceux qui m’ont fait confiance en m’accompagnant dans mes premières responsabilités où j’ai fait des erreurs, mais où j’ai beaucoup appris.

Le travail en équipe est une bonne formation. On apprend des autres, on apporte aux autres, on mûrit ensemble, on corrige en équipe, on se soumet les uns aux autres.

C’est aussi un bon moyen de pérenniser l’oeuvre.

 

Prendre des décisions

Combien de réunions sans décision ! S’il est important de discuter, d’écouter, de prier, il faut à un moment décider. Il est sage de définir, en période de paix, comment prendre une décision (délai, unanimité, majorité simple…).

 

Projet d’Église

Le projet d’Église permet de définir le cadre dans lequel tous les « acteurs » d’une Église vont pouvoir travailler ensemble vers le même but.

En l’absence d’une vision ou d’un projet d’Église clair, il y aura toujours une personne qui prendra l’ascendant, plus par défaut que par désir de dominer.

 

Conclusion : Une équipe qui gagne

      Les critères qui permettent à l’Église de réussir sa mission tournent autour du relationnel, du travail en équipe, du respect de l’autre, dans la soumission mutuelle.

      L’engagement dans l’Église doit aboutir au « servir ensemble ».

      La clarté des institutions permettra à l’Église d’avancer sereinement.

 

Dans le corps de Christ, chaque membre, par sa différence, permet d’assurer un fonctionnement équilibré de l’Église. SEA N°4/2015