Dessine-moi une Eglise verte !

 

 

par Marcel REUTENAUER

 Reutenauer

 

 

II faut reconnaître qu’à de trop rares exceptions près1, la question du développement durable n’a jusqu’à ce jour que très peu influencé la conception de nos églises, et la pratique de nos vies d’Eglises.

 

En bonne pédagogie, tout le monde sait pourtant qu’un bon exemple vaut mieux que beaucoup de discours. Un effort concret s’avère donc indispensable pour que notre enseignement biblique sur la question du respect de la nature soit crédible aussi bien pour les personnes qui fréquentent nos cultes que pour celles qui nous entourent !

 

Un bâtiment écologique, construit en bois et équipé de panneaux solaires

batiment-ecolo

 

Je ne peux moi-même que reconnaître ma participation au système et mon but n’est pas de donner de leçons ; je voudrais simplement nous inciter à engager la réflexion et la sensibilisation à propos des questions environnementales. L’envolée actuelle des prix des matières premières et de l’énergie nous aidera certainement à progresser !

 

 

Conception du bâtiment et des équipements

 

Un premier domaine d’action concrète serait celui de la construction ou de l’aménagement de nos lieux de culte. La notion de « bâtiment écologique » fait appel à une conception architecturale et à des méthodes de construction qui réduisent les impacts négatifs qu’ont un bâtiment et ses occupants sur l’environnement.

 

Les méthodes de construction écologiques comprennent notamment : l’utilisation durable de l’énergie (panneaux photovoltaïques, chauffage d’eau solaire, système de chauffage adapté à l’occupation temporaire des locaux, éclairage basse consommation, climatisation naturelle, programmation, isolation, etc.), des matériaux (matériaux recyclés, bois d’origine locale) et de l’eau (collecte de l’eau de pluie pour les usages sanitaires, systèmes d’économie d’eau).

 

Il faut aussi prévoir l’élimination des déchets (tri sélectif). Ces mesures ne nuisent pas au confort et au bien-être des occupants. Par ailleurs, dans les grands centres urbains, l’implantation du bâtiment tiendra compte des possibilités de desserte par les transports en commun.

 

 

Mode de vie et confort

 

II est logique de reporter les « bonnes pratiques » domestiques dans les moments de la vie d’Eglise. D’ailleurs, si l’on se souvenait que les locaux de l’église sont notre bien commun et que les frais de fonctionnement sont financés par nos dons, nous ferions peut-être plus attention…

 

Voici quelques points clés où les « gestes écologiques » seront bienfaisants :

 

volantDéplacements : Nos Eglises se caractérisent par une grande dispersion géographique de leurs membres mais le covoiturage, l’utilisation des modes de transports alternatifs, les réunions en groupes selon la résidence géographique pendant la semaine, etc. sont des pratiques à développer. Chercher à habiter à proximité de l’Eglise2 pourrait aussi être un sujet de réflexion pour les membres de nos communautés.

 

Chauffage et électricité : Pourquoi ne pas se mettre d’accord pour mettre un pull de plus plutôt que de chauffer plus ? Pensons à utiliser une salle adaptée à la taille du groupe qui se réunit (réunion de prière, conseil d’Eglise, etc.) au lieu de chauffer et d’éclairer la salle de culte principale. Que chacun veille à fermer les portes lorsqu’une salle est chauffée et à éteindre la lumière au moment de sortir d’un local.

 

Matériel et produits divers : Au vu des montagnes de déchets que nous produisons, ne faut-il pas préférer la vaisselle réutilisable pour nos repas communautaires ? De même, l’achat de certaines denrées en gros économiserait des (sur)emballages. Bien sûr les produits de nettoyage et détergents seront à choisir dans la qualité biodégradable, etc.

 

Informations et annonces : Le développement d’Internet3 (à condition de ne pas imprimer systématiquement tous les e-mails reçus !) offre une possibilité importante d’économies de papier. Pour chaque document que nous imprimons et diffusons, il convient de se poser la question si cela est indispensable et également quel est le nombre d’exem­plaires nécessaires.

 

 

Solidarité communautaire

 

Le développement durable suppose aussi la prise en compte des réalités économiques et de l’ « écobilan »4 de ce que nous consommons. Dans ce domaine aussi, les Eglises pourraient explorer des pistes qui ont été abandonnées au cours des années d’abondance :

 

recyclageAcheter : Le plus souvent, les produits respectueux de l’environnement (aliments bio, objets en matériaux recyclés) sont sensiblement plus chers à l’achat. Pour pallier cela, pourrait-on imaginer des groupements d’achat au sein des Eglises ? Préférer des produits du « commerce équitable » s’inscrit également dans une démarche cohérente avec la foi chrétienne.

 

Donner et récupérer : Opter pour des objets de seconde main (mobilier, vêtements) évite à la fois de puiser dans de nouvelles ressources, mais aussi de réduire le volume des déchets. Cette pratique, autrefois courante dans les groupes familiaux ne pourrait-elle pas se vivre dans l’Eglise ? Proposer ses objets inutilisés (linge, meubles, livres…) à d’autres personnes ou les donner aux organismes d’entraide communautaire évitera aussi la surconsommation.

 

 

Est-il possible de changer ?

 

Entre le dire et le faire il s’écoule souvent beaucoup de temps … Il y a peut-être aussi la perception que la question du développement durable n’est pas la priorité des Eglises … Certes, c’est la proclamation de l’Evangile, le salut des âmes, qui sont notre vocation. Mais l’Evangile ne doit-il pas se vivre au quotidien et dans le concret pour être « recevable » par nos contemporains ?

 

Confessons que nous avons agi et agissons comme tout le monde et posons-nous la question : qu’est-ce qui pourrait être changé au niveau de nos Eglises ?

 

M.R.


NOTES

 

1.  La revue Servir serait heureuse de publier tous témoignages relatant des actions concrètes !

 

2.  Cela n’est pas sans incidence sur le témoignage auprès des voisins qui percevront mieux la réalité de la vie d’Eglise : ils sauront où se trouve l’église au lieu de constater simplement que leur voisin s’en va quelque part tous les dimanches matin.

 

3.  Nous sommes toutefois conscients que tous, en particulier les plus âgés, ne sont pas équipés. Il faut d’ailleurs veiller à ne pas créer la ‘fracture informatique’ au sein de nos Eglises.

 

4.  L’écobilan évalue l’impact environnemental d’un produit. On privilégiera les produits à base de matières renouvelables, fabriquées à base d’énergie elle aussi de préférence renouvelable, des objets subissant peu de traitements chimiques, peu de transport et enfin et surtout pouvant être réutilisés ou revalorisés. L’impact social, en lien avec les conditions de travail, la rémunération des employés et l’origine du produit doivent également être pris en compte.