La présentation des enfants

 

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par Françoise LOMBET

 

 

Cette pratique ne serait plus d’un usage général dans nos églises… Ce rite de l’Ancienne Alliance n’aurait aucune place dans la Nouvelle Alliance… De plus, il ne saurait en aucune façon remplacer le baptême ! C’est pourquoi, nous ne trouvons que très peu de mentions ou de conseils sur ce sujet dans les ouvrages… Qu’en pensez aujourd’hui ?

 

L’importance des enfants aux yeux de Dieu

 

« Peu après, des gens lui amenèrent des petits enfants pour qu’il leur impose les mains et prie pour eux. Les disciples leur firent des reproches. Mais Jésus leur dit : – Laissez donc ces petits enfants, ne les empêchez pas de venir à moi, car le Royaume des deux appartient à ceux qui leur ressemblent. Puis il leur imposa les mains et poursuivit son chemin. » (Mt 19.13-15)

 

Le ministère de Jésus touchait à sa fin, ses adversaires le pressaient de toutes parts. Ses disciples eux-mêmes étaient préoccupés par son emploi du temps. Etait-ce le moment de se laisser déranger par de petits enfants ? Jésus prit le temps de leur parler, de les bénir et de leur imposer les mains.

 

 

L’importance des enfants pour nous

 

« Des fils : voilà bien l’héritage que donne l’Eternel. Oui, des enfants sont une récompense ! » (Ps 127.3)

 

Ce texte affirme que les enfants sont une bénédiction que le Créateur nous accorde. Cette vérité fondamentale, qui va déterminer les rap-ports parents-enfants, est un élément essentiel à la réussite d’une famille croyante ou non.

 

Bien que l’enfant ne doive pas être le roi (Ec 10.16) au sein de la famille ou au sein de l’église, il doit par contre être au premier plan  « car ce n’est pas la volonté de votre Père céleste qu’il se perde un seul de ces petits » (Mt 18.14).

 

Dans l’Antiquité, Israël considérait les enfants comme protégés par l’alliance de Dieu avec son peuple jusqu’à la désobéissance ou la rébellion personnelles.

 

Jésus manifeste son amour à leur égard et présente leur confiance comme un modèle de foi (Mt 18.2-6).

 

Les Ecritures parlent peu des enfants. Ils sont membres d’une tribu ou d’un groupe, considérés comme une faveur divine et la marque d’une vie productive pour les parents. Les seuls que l’Ancien Testament mette en évidence représentent un don exceptionnel (Isaac, Samuel, etc.). Dans le Nouveau Testament, les références à Jésus enfant sont peu nombreuses.

 

Cependant Elkana et Anne ont consacré à Dieu leur petit Samuel et pour cette raison le lui ont « présenté » (1S 1.22).

 

Les parents chrétiens peuvent être conviés à faire ce même geste, associé à une bénédiction donnée par l’église au nom du Seigneur.

 

La foi biblique est toujours liée à l’individu et à la communauté. Dieu utilise la communauté pour servir et témoigner de la grâce. L’individu rencontre Dieu par le témoignage de la communauté, de l’Eglise.

 

Dans toute théologie – et spécialement dans celle destinée aux enfants – actes et paroles doivent être liés.

 

 

Le baptême d’enfants

 

baptême_enfantsLa doctrine catholique enseigne le baptême comme le sacrement par lequel nous renaissons à la grâce de Dieu et nous devenons chrétiens. Le baptême est absolument nécessaire pour être sauvé, même si celui-ci doit être suivi par une confirmation solennelle.1

 

Mais Jésus a imposé les mains et béni les enfants ; nous ne lisons pas qu’il les ait baptisés. Le Royaume de Dieu était pour eux, même sans baptême.

 

Il y a certes des Eglises Réformées et Luthériennes qui ont maintenu le baptême des enfants, mais dans leur théologie, ces églises entendent une sorte « d’alliance de grâce » – d’ailleurs mal définie – car elle ne signifie pas l’entrée dans l’Eglise, ni une accession future au salut. Ce baptême n’est pas obligatoirement suivi d’une démarche ultérieure (témoignage de nouvelle naissance, confirmation…).

 

 

La présentation d’enfants

 

La foi n’est pas héréditaire. Comme le disait Tertullien : « On ne naît pas chrétien, on le devient ».

 

« Je suis, depuis ma naissance, marqué du péché… » (Ps 51.7). L’enfant naît pécheur et doit passer par une seconde naissance. La nouvelle naissance est influencée par le milieu familial. Le jeune Timothée avait été instruit bibliquement dès son plus jeune âge. Ni la foi de sa grand-mère, ni celle de sa mère n’étaient une garantie de sa conversion future. Pourtant, « Dieu se plaît à redoubler la bénédiction des parents chrétiens sur les enfants en les associant au Royaume »2 .

 

Mais c’est un pur effet de sa grâce. Dans l’Ancienne Alliance régnait « le concept de la solidarité où l’enfant entrait dans la communauté de foi par l’identification avec le père3 » . L’alliance avec Dieu devait être renouvelée à chaque génération pour porter des fruits, mais l’enfant entrait dans le peuple de Dieu dès sa naissance par sa circoncision. Dans la Nouvelle Alliance, il s’agit de naître de nouveau, de croire et de recevoir le Saint-Esprit.

 

C’est ainsi que les parents et la communauté jouent un rôle important dans l’éducation des enfants et qu’à l’occasion d’une présentation, celle-ci prend conscience de sa responsabilité.

 

Lorsque nous présentons un enfant à Dieu :

 

  • Nous lui demandons de faire pour cet enfant ce que Jésus a fait autrefois, lui manifester son amour et le bénir.

 

  • Nous rappelons aux parents leur engagement vis-à-vis des enfants, l’importance de la Parole de Dieu dans leur éducation, leur rôle de formateurs, d’exemples et non de propriétaires.

 

  • Nous demandons à l’assemblée de se joindre à la prière d’intercession en faveur de l’enfant et de ses parents et d’assumer son rôle de famille spirituelle en particulier par l’accueil, le conseil et l’exemple.

 

Il faut s’assurer des motivations des parents et donner à la cérémonie une forme qui tient compte du fond. Evitons toute confusion entre une présentation et un baptême d’enfant.4

 

Il n’y a aucun malentendu possible lorsque les parents déclarent : nous consacrons notre enfant à Dieu et demandons à l’Eglise d’en être témoin et de prier pour lui et pour nous.

 

Ceci afin que l’enfant puisse, comme Jésus, croître : en sagesse (mentalement), en stature (physiquement), en grâce devant Dieu (spirituellement) et les hommes (socialement) (Lc 2.52).

 

« La promesse est pour vous et pour vos enfants » (Ac 2.39).

 

 

F.L.

 


NOTES

 

1.  Jacques Blocher, « Le catholicisme à la lumière de l’Ecriture Sainte », Les Bons Semeurs, 1961.

 

2.  Etude d’Henri Blocher « Moi ? Oui, vous ! » citée dans « Communiquer l’Evangile aux enfants », Ligue pour la Lecture de la Bible. 1985

 

3.  « Children and conversion » cité dans « Communiquer l’Evangile aux enfants », Ligue pour la lecture de la Bible. 1985.

 

4.  François-Jean Martin, « la présentation des enfants », Servir en L’attendant, n°1 année 2003.

 

 

 

Témoignages

 

R. et S.

Parents de A.

 

« Pour nous, la présentation d’A. était une démarche importante, non en tant qu’acte ‘magique’ comme l’est parfois le baptême d’enfant dans l’esprit de beaucoup mais plutôt comme demande de bénédiction sur notre enfant. C’était une suite logique de nos prières pendant la grossesse.

C’était aussi pour nous un engagement de notre part à l’élever dans la foi en demandant la sagesse de Dieu en toutes circonstances.

Enfin, la présentation est également une demande à l’église de se joindre à la prier d’intercession en faveur d’A. et de nous ses parents.

Honnêtement, nous n’avons pas observé de conséquences concrètes à notre démarche.

Mais cela nous a aidé, en tant que parents; à prendre conscience que nous exerçons ce rôle dans la présence constante de Dieu : nous nous engageons à élever notre enfant dans Ses voie et nous aurons un jour à rendre compte de l’éducation que nous lui avons donnée devant Dieu ; mais nous avons l’assurance qu’il est à nos côtés pour nous aider chaque jour dans cette tâche – oh combien difficile ! »

 

 

Philippe et Hélène REUTENAUER

Parents de Clémence (4 ans) et Louise (1 an)

 

« Nous avons souhaité présenter chacun de nos deux enfants devant l’Eglise et surtout devant le Seigneur. Cet acte de présentation est ur acte de reconnaissance et de confiance en Dieu II est le Créateur ; Celui qui nous a donné nos deux filles. Les placer sous la bénédiction de Dieu est un pas de foi et un témoignage concret auprès des personnes qui ne connaissent pas l’amour de Dieu.

Nous nous sommes basés sur l’exemple d’Anne (1 S 1.11). Elle a fait la promesse à Dieu de lui consacrer son fils si Dieu exauçait sor voeu de maternité. Nous voulons voir la main de Dieu agir dans la vie de nos filles et qu’elles puissent un jour prendre la décision de le suivre.

Lors de la présentation d’enfants, au cours d’un culte habituel, l’un des responsables de l’Eglise invite le couple à se présenter avec leur enfant – ainsi que la marraine de l’enfant dans notre cas. Il fait la lecture d’un passage biblique et il pose quelques questions aux parents sur leur engagement à élever l’enfant dans la connaissance du Seigneur. Puis, en prenant l’enfant dans ses bras, il prie, ainsi que la marraine.

Nous sommes reconnaissants pour la grâce de Dieu dans notre vie de famille. Nous somme: réjouis de voir, chez Clémence, la découverte de Dieu au travers des histoires bibliques, de: prières et des chants. »