« TELE-VISION » ou « CELESTE-VISION » ? 

 SERV1

 

par Reynald KOZYCKI

 

 

 

 

La télévision s’est installée en reine dans les familles. Depuis 1990, les chiffres semblent se stabiliser avec un taux d’équipement d’environ 95 % des foyers français1. Cette petite reine rayonne plus de 5h 30 par jour dans les demeures. La moitié des Français sont devant elle à 13 heures, les trois quarts à 21 heures. Il est fort probable que, malgré une moyenne plus faible, les familles chrétiennes ne soient pas épargnées, à quelques rares exceptions près. Existe-t-il des principes bibliques pouvant nous aider à approcher la télé, ?

 


 

La télé comme fait de société

 

La Bible, il est vrai, ne parle pas de la télévision. Cette dernière n’a fait son apparition que depuis un demi-siècle. L’Ecclésiaste disait qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil ! L’écoute des nouvelles sur les places de village, les colportages d’informations par les marchands, l’art, l’écriture, les loisirs… se concentrent aujourd’hui, au moins en partie, dans la presse écrite, le cinéma, la radio, internet, la télévision… Cette dernière joue un rôle prépondérant, au moins, actuellement.

 

Le sentiment de « présence », le délassement, le rêve, l’évasion à bon marché qu’elle procure en font un instrument complexe et redoutable. Même si la moitié des Français disent ne pas faire confiance à la fiabilité des informations qu’elle véhicule, la réalité est certainement différente. Le petit écran sait amplifier la pression du monde environnant et façonner ses spectateurs. Les budgets publicitaires ne seraient pas si colossaux s’il en était autrement.

 

 

La télé comme révélatrice de la qualité de notre foi

 

« Dis-moi qui tu fréquentes ? je te dirai qui tu es ». Cette devise de bon sens pourrait aussi se formuler dans notre rapport à la télévision. « Dis-moi quels programmes tu regardes régulièrement, combien de temps tu y passes ? et je te dirai où en est ta vie spirituelle ».

 

« Là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur » (Mat 6.21).

 

Même si je ne me fais pas trop d’illusions sur l’impact d’un article auprès des personnes « accro » à la télé, j’oserai donner quatre règles « d’hygiène spirituelle » (parmi des centaines) pouvant, je l’espère, nous être utiles.

 

1. Tout m’est permis, mais…

 

Paul écrit au Corinthiens : Tout m’est permis, mais tout n’est pas utile ; tout m’est permis, mais je ne me laisserai pas asservir par quoi que ce soit (1 Co 6.12).

 

Cette maxime donnée dans le cadre de la débauche (chap. 6) et des viandes sacrifiées aux idoles (chap. 10), trouve sa place dans l’usage de la télévision. Il ne s’agit pas, à mon sens, de condamner la télévision en tant que telle. Nous pouvons avoir une réelle liberté à la regarder. Mais est-ce toujours utile ? Suis-je édifié par tel programme ? Y-a-t-il une dépendance malsaine qui se crée en moi ? Ces principes nous garderont de bien des égarements.

 

2. Sois vigilant face à la pression d’un monde sans Dieu

 

femme-bibleLe psaume 1, par exemple, constitue une précieuse mise en garde à propos de la pression du monde ambiant : « Heureux l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, Qui ne s’arrête pas sur le chemin des pécheurs, Et qui ne s’assied pas sur le banc des moqueurs ».

 

Le méchant ne désigne pas forcément le pervers, mais l’homme qui n’a pas de place pour Dieu, malgré, parfois, une façade religieuse (Ps 50.16).

 

Il faut reconnaître, qu’« avachis » devant notre téléviseur, nous sommes particulièrement réceptifs aux conseils des « méchants », au « chemin des pécheurs » et à « la compagnie des moqueurs ».

 

Bien sûr, il ne s’agit pas de diaboliser tout ce que produiraient les personnes non-chrétiennes. L’être humain, malgré ses égarements reste créé à l’image de Dieu. Un certain nombre d’aspirations, voire de valeurs, reflète, même discrètement, sa dimension divine. Néanmoins, les médias offrent un immense espace à l’expression d’un monde sans Dieu.

 

Notons que les verbes de ce verset marquent une progression. On commence par marcher, puis on s’arrête, et enfin on s’assied. Il en est ainsi de la télévision, comme pour de nombreuses dépendances : l’accrochage se fait progressivement. Le résultat final nous conduit à être assis au banc des moqueurs et des diffamateurs.

 

Ce Psaume se poursuit par l’urgence de l’attachement à la Parole de Dieu, jour et nuit, avec la promesse du bonheur et de la bénédiction apportés par Dieu lui-même.

 

3. Sois vigilant face à tes pensées

 

Au reste, frères, que tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l’approbation, ce qui est vertueux et digne de louange, soit l’objet de vos pensées (Ph 4.8).

 

Ces mots nous invitent à veiller au monde de nos pensées. Après avoir abordé, au verset 7, les soucis qui pourraient nous polluer, Paul étend sa réflexion à tout ce qui traverse l’esprit.

 

Ce texte introduit une succession de filtres pouvant nous préserver de quantités de programmes télévisuels douteux. La question se pose pour les infos. Il me semble qu’en tant qu’ambassadeurs du Christ, nous nous devons de connaître un minimum de choses de la société qui nous entoure. J’ai souvenir, au début de mon ministère d’avoir eu le sentiment d’être complètement déphasé dans mes discussions avec certaines personnes.

 

Relativement bien instruit dans les domaines bibliques ou historiques, j’étais quasiment ignorant de l’actualité, à part quelques flashes de France-Info. A l’autre extrême, nous pouvons être tellement imprégnés des infos que l’esprit de scepticisme, de logique d’un monde sans Dieu nous gouverne. L’équilibre n’est jamais facile, mais les filtres de Ph 4.8 nous y aideront.

 

4. En tant que « nouvelle création », fixe tes priorités

 

« Ne savez-vous pas ceci : votre corps est le temple du Saint-Esprit… et vous n’êtes pas à vous-mêmes ? (1 Co 6.19). Mais le fruit de l’Esprit c’est… la maîtrise de soi » (Gal 5.22-23).

 

 

« Ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour, de maîtrise de soi » (2 Tm 1.7, TOB)

 

« Cherchez premièrement le règne de Dieu et sa justice » (Mt 6.33), « Si donc vous êtes ressuscites avec le Christ, cherchez les choses d’en haut… pensez à ce qui est en haut, et non à ce qui est sur la terre ». (Col 3.1).

 

D’un côté, la Bible insiste sur la réalité de notre vie nouvelle. Nous avons été transformés par grâce, nous sommes le Temple de l’Esprit, c’est désormais Lui qui vit en nous, notre vie ancienne sans Dieu a été crucifiée, comme nous l’avons exprimé dans le baptême d’eau. D’un autre côté, la Parole de Dieu insiste sur notre responsabilité de nous maintenir dans la sainteté, de rechercher en priorité Dieu, sa Parole, son Règne. C’est ce que j’appellerai la « céleste-vision », à savoir, cette détermination à chercher les choses d’en haut, là où Christ est assis à la droite de Dieu.

 

Appliqués à la maîtrise de nous-mêmes, nous pourrions dire qu’en Christ, nous recevons la puissance d’une vie nouvelle, qui nous donne, par grâce, cette vertu. Néanmoins, sans veiller sur nous-mêmes, sans développer cette recherche de Dieu, nous nous laisserons facilement manipuler par la pression du monde (de Satan, de la chair) et polluer. Une source ou une fontaine dont l’eau a été polluée : tel est le juste qui se laisse influencer par un méchant (Pr 25.26, FC).

 

Certains diront que ces principes sont beaucoup plus difficiles à maintenir lorsque nous avons des enfants. Certainement, mais je dirai simplement que si nous veillons sur nous-mêmes, il ne sera pas trop difficile de mettre en place une charte familiale (voir p. 20 et suivantes).

 

Le titre offrait une alternative entre la télévision ou la céleste-vision. Les deux ne sont pas nécessairement incompatibles, mais l’abus de télé (comme bien d’autres abus) nuit dangereusement à la santé spirituelle.

 

R. K.

 


 Note

 

1. : Francoscopie 2003, Editions Larousse, page 417.