Nos églises et l’accueil…

 

poignéede mains

 

par Marie-Christine FAVE

 

 

 

 

Aimer, accueillir… le constat vient facilement : « on pourrait faire mieux, plus … ». C’est vrai. Mais il ne se passe pas rien non plus ! Les lignes ci-dessous apportent quelques témoignages et réflexions sur l’accueil et l’intégration de l’étranger dans l’église.

 

 

L’accueil : un besoin…

 

« Depuis que j’ai été moi-même étrangère, explique Michèle ORARD qui est restée une année à Madagascar, je fais un peu plus attention à l’étranger. J’ai vécu des moments où je me suis sentie seule, et je me suis rendue compte qu’au loin, on n’a pas sa famille, ses amis. Comme on n’a pas l’habitude de vivre avec la culture du pays, on ne comprend pas toujours certaines subtilités et cela ne facilite pas l’intégration. »

 

 

Accueillir, c’est recevoir…

 

repas« N’oubliez pas l’hospitalité ; car en l’exerçant, quelques-uns, à leur insu, ont logé des anges. » (Hébreux 13 :2).

 

Et l’hospitalité (philoxenia en grec), c’est littéralement l’amour des étrangers, comme le rappelle Brigitte BERTRAND. A maintes reprises, notamment à Grenoble et au Tchad, Brigitte a exercé son don d’hospitalité : accueillir à table, héberger, aider pour des papiers, s’asseoir à côté et écouter, visiter… « Pour moi, explique-t-elle, c’était facile. Dieu m’a façonnée ainsi. Toute petite, j’étais attirée par ce qui était différent de moi, donc par l’étranger. Après ma conversion, cela a pris une dimension spirituelle. »

 

 

 

 

 

 

Accueillir, c’est intégrer…

 

Pour Jean-Luc TABAILLOUX, de l’assemblée de Grenoble – rue Germain : « la vision de l’intégration présente deux aspects :

 

 

Intégrer en gardant la spécificité culturelle

 

Notre église fonctionnant en cellules pendant la semaine, nous cherchons à développer des groupes à caractère ethnique (c’est le cas pour les malgaches, les africains, les personnes d’origine maghrébine…). Néanmoins, il faut veiller à ce que ces groupes ne deviennent pas des ghettos. Il reste, en effet, à franchir le pont avec la culture ambiante de l’église. Des événements ponctuels, comme des soirées internationales, contribuent à reconnaître l’apport positif de chacun.

 

 

Intégrer en donnant une place

 

Pour ces groupes à caractère ethnique, savoir qu’ils ont leur place dans l’église, c’est important. Nous essayons aussi d’inviter certains aux réunions de responsables. Il me semble bon que l’assemblée ait un reflet dans sa direction des différents groupes ethniques ou sociaux. »

 

 

Le témoignage de Noël NTADI, congolais, illustre cette vision : « Je suis  en France depuis 17 ans et je fréquente l’assemblée – rue Germain à Grenoble – depuis 10 ans. J’ai été invité par un ami congolais, Joël, à une cellule (non ethnique) de l’église. L’attention que l’on m’accordait m’a touchée. On me téléphonait. Je n’étais pas oublié. On venait me chercher parce que je n’avais pas de voiture. Cela m’a fait très chaud au coeur. L’atmosphère étant bonne, je n’ai pas hésité à venir à l’église.

Aujourd’hui, je suis responsable, avec une autre personne, d’un groupe de visites dans l’assemblée, et aussi d’une cellule africaine dans l’église. Au Congo, je venais à l’église comme tout le monde. Ici, je suis utilisé par Dieu et cela m’édifie davantage. En ce qui concerne le groupe africain, j’ai hésité lors du démarrage. Je craignais que les personnes ne s’intègrent pas dans l’église. J’ai d’ailleurs conseillé (et je le fais moi-même) de participer aussi à une cellule non ethnique. »

 

 

 

L’accueil vécu…

 

Accueillir l’étranger qui fréquente l’église…

 

« Parfois nous avons rencontré des personnes en situation irrégulière, raconte Jean-Luc Tabailloux. Nous les avons encouragées et aidées dans une démarche de régularisation par voie légale.  Nous avons prié et vu plusieurs obtenir leurs papiers. »

 

 

Accueillir la personne venant de l’étranger…

 

Les raisons peuvent varier :

 

 

Marianne était impliquée dans la traduction de la Bible en Afrique. Un cancer se déclare. Deux médecins de deux assemblées interviennent pour qu’elle soit soignée en France (à Grenoble). Des familles de ces églises l’invitent, et certaines personnes ont contribué à financer son traitement.

 

Fuzzia, éthiopienne d’origine érythréenne, s’est retrouvée avec la possibilité de fuir la maison où elle était esclave. Une fois en France, elle reste 18 ans chez Brigitte Bertrand. Certains ont aidé pour préparer le dossier pour le statut de réfugiée, d’autres contribuent financièrement. « Je n’ai pas eu l’impression que c’était une charge pour moi », explique Brigitte.

 

Claudine, tchadienne, vient pour un accouchement. Elle est enceinte de 6 mois quand elle arrive chez Brigitte. Elle a déjà perdu trois bébés à la naissance, et sa vie est en danger. Brigitte l’invite à rester : « On a trouvé des médecins qui ont suivi sa grossesse gratuitement. Claudine a repris confiance. Des personnes ont participé pour les frais d’accouchement, pour les habits. Des sages-femmes sont passées bénévolement à la maison pour assurer le suivi. Et Claudine est repartie un mois après la naissance de son bébé. Dieu a pourvu, et c’est bien que chacun puisse participer d’une manière ou d’une autre. »

 

 

M-C.F.