Témoignages sur le lieu de travail

 

 

Par Marie-Christine Fave

 

 

Joies, difficultés, encouragements, stress, frustrations… Voici quelques échos de ce qui se vit sur le terrain avec Colette (infirmière en milieu industriel), Reine (agent de recouvrement /comptable), Denis (contrôleur de travaux, responsable d’une équipe d’exploitation) et Christine (directrice d’une crèche). Tous les quatre fréquentent une assemblée CAEF à Marseille ou en région grenobloise. Merci à chacun pour ce partage.

 

« C’est une grâce de Dieu d’avoir un travail » souligne Colette dans une société où le chômage inquiète nos contemporains. « Et avoir un travail qui me plaît : c’est déjà une bénédiction » ajoute Denis.

 

 

Des joies

« J’essaie d’être un ouvrier de paix, explique Denis. C’est une joie quand on peut arranger certains conflits. Par exemple, j’ai un collaborateur qui veut paraître dans le travail. Je craignais de régler le problème en sa défaveur. J’ai prié pour cette situation et cela a pu s’arranger pour le bien de tout le monde. »
 

« Je rencontre certaines personnes en grande détresse à l’entreprise et c’est une joie de pouvoir les accompagner. J’aime les gens et Dieu m’a placée là pour un temps. Je me sens bénie et encouragée » affirme Colette. « Etre apprécié, c’est aussi une joie, complète Denis. Cela fait plaisir d’entendre : On peut compter sur toi ; ou ce qu’on m’a dit un jour : Ce que j’apprécie en toi, c’est que tu es droit. Et quand on te demande quelque chose, tu le fais volontiers ».
 

De son côté, Reine considère que sa joie au travail : « c’est d’être une lumière. Peut-être, au travers de mon comportement, il y a un message qui passe. Mais quand je pense au travail, je vois plus de difficultés que de joies. »
 

 

Quelles difficultés ?

« Dans mon travail, souligne Reine, il m’est impossible de me soumettre à certaines décisions ou demandes qui entravent la rigueur. En cas de désaccord, la pression est parfois tellement importante (surtout lorsque le ton monte et devient désagréable) qu’il faut beaucoup de sagesse et de maîtrise de soi pour ne pas répondre sur le même ton et ramener le dialogue à une bonne communication. »
 

La pression… Pour Colette, « c’est le stress de l’accident, la crainte d’un problème technique. Avant d’intervenir, je prie que Dieu me rende efficace. »

Les difficultés ne relèvent pas toujours des autres ou des circonstances. Elles correspondent parfois à nos limites, comme l’explique Reine qui s’approche de la retraite : « Avec les années, j’ai de moins en moins de patience. Réexpliquer les mêmes procédures aux collaborateurs, c’est usant. »
 

 

Regards sur l’entreprise

Sans développer une longue analyse sur le milieu de l’entreprise, Reine et Colette expriment spontanément une certaine tristesse quant aux mentalités ambiantes. « Je fonce quitte à écraser l’autre » constate Reine de la part de certains employés. « En entreprise, confie Colette, je suis triste de voir comment les gens sont considérés. Ils sont des pions. »
 

 

Témoigner dans son contexte

Celui de Christine est bien particulier : elle dirige un établissement (crèche) appartenant à la communauté juive. « C’est rarissime de travailler avec des gens religieux, affirme Christine. Dans mes conversations, je peux utiliser le nom de Dieu. Toutefois, j’avance en douceur, parce que les personnes religieuses ont des convictions très fortes. Certains ont envie de savoir en quoi je suis différente. J’insiste sur l’aspect relation avec Dieu, et non religion avec ses obligations. »
 

De son côté aussi, Colette partage sa foi avec certains patients mais avant « je prie, et je réfléchis beaucoup pour que cela vienne de Dieu, pour que ce soit son moment. » relève-t-elle et elle cite quelques exemples : « Une employée brisée par un divorce, se retrouve parfois en larmes à l’infirmerie. Elle a une quête spirituelle, et je lui explique que ce qui me rend heureuse, c’est ma relation avec Dieu. » Après une première discussion, Colette attendra que cette dame aborde d’elle-même la conversation sur Dieu.
 

Un autre jour, un employé demande à Colette en sortant de l’infirmerie : « Comment Dieu t’a parlé à toi ? » Cet homme était suivi par le service médical de l’entreprise pour un problème d’alcool, mais il se débattait aussi avec de la culpabilité. Sa question est venue après un entretien avec Colette où elle lui avait confié : « Je suis chrétienne. Dieu m’a sorti d’un profond désarroi. Il a la solution pour me déculpabiliser. » Même si les conversations deviennent plus personnelles, le travail garde ses exigences et Colette a dû rester ferme quand cet employé qui risquait une exclusion de poste lui a demandé : « Au nom de l’amitié, peux-tu cacher mon taux d’alcool ? » II n’avait pas respecté le contrat d’alcoolémie passé avec l’entreprise.
 

Le contexte s’avère bien différent selon le métier que l’on exerce. Pour Reine ou pour Denis, les discussions à caractère plus personnel se présenteront moins naturellement que pour Christine ou Colette où le relationnel fait partie du travail. « Je donne mon mot dans une discussion, souligne Reine, mais je ne peux pas dire que je témoigne vraiment. C’est davantage au travers de ce que je suis. » Et selon Denis : « pour le témoignage, c’est beaucoup l’attitude qui compte. C’est difficile de parler directement, mais c’est important d’être reconnu en tant que chrétien. Quand certaines plaisanteries arrivent, il y a quelqu’un qui dit : Denis ne va pas être d’accord. »
 

Les opportunités de témoignage diffèrent selon les situations, mais ce qui ressort de ces partages, c’est que ce que l’on est compte beaucoup. Chacun essaye d’agir avec la sagesse que le Seigneur lui donne, et parle quand il le peut. Sans oublier la prière pour les personnes et pour les situations délicates à gérer dans son travail : « Parfois, reconnaît Reine, dans les difficultés au travail, je crie au secours au Seigneur. »
 

 

M-C.F.