Etre ancien

 equilibre

par Colin CROW

 

 

Depuis trente ans j’exerce un travail pastoral en tant qu’ancien dans plusieurs assemblées. C’est vrai qu’il y a des joies et des fardeaux liés à l’accomplissement de ce travail. Nous sommes appelés à croire à la souveraineté et à la puissance de Dieu. Mais il y a des moments où on se sent comme Moïse en Nb 11.11-12 et 14 : « Pourquoi affliges-tu ton serviteur, et pourquoi n’ai-je pas trouvé grâce à tes yeux, que tu aies mis sur moi la charge de tout ce peuple ? … Je ne puis pas à moi seul porter tout ce peuple ».

 

On a envie de dire simplement : « Seigneur, y en a marre ! C’est ton peuple, pas le mien. Alors tu t’en occupes ! Je n’en peux plus. Je sais que je devrais être plutôt comme Paul en 1 Th 2.7-8 : Nous avons été pleins de douceur au milieu de vous. De même qu’une nourrice prend un tendre soin de ses enfants, nous aurions voulu, dans notre vive affection… » etc.

 

Quelquefois, par la grâce de Dieu, j’ai cette affection profonde pour mes frères et sœurs. A d’autres moments, comme Moïse, je n’en peux plus. Comment faire ?

 

« Dieu dit à Moïse : Choisis des hommes que tu connais comme anciens du peuple ; je prendrai de l’esprit qui est sur toi et je le mettrai sur eux ». Formidable !

 

On aimerait tellement qu’il y ait de tels hommes. Où sont ceux qui accepteront de se lever, de prendre du temps et partager la tâche ?

 

Est-ce que quelquefois la jalousie ou l’orgueil nous empêchent de reconnaître ceux que Dieu veut utiliser ?

 

Alors que nous priions pour de nouvelles personnes, un jeune frère, converti depuis quelques années présidait pour la première fois un culte. Et il le fit en mettant un accent sur l’évangélisation. Trois femmes répondirent à l’appel ! une Polonaise, une Vietnamienne et une Algérienne.

 

Quelques semaines plus tard, cette dernière témoignait lors d’une visite :

 

– J’ai cherché le Seigneur depuis des années. Je ne sais pas si j’ai bien compris, je ne sais pas si j’ai bien fait…

 

Puis elle comprit que l’engagement avec Jésus incluait le baptême, mais :

 

– De quoi s’agit-il ? demanda-t-elle. Dimanche dernier, je n’ai pas pris le pain et le vin, car pendant la semaine, je n’ai pas beaucoup lu la Parole ni prié. Il me semblait que je n’étais pas bien en harmonie avec cette foi nouvelle.

 

Et puis :

 

– Hier mon compagnon a ramené notre fils après le week-end. Il voudrait redémarrer une vie ensemble. Je lui ai dit :

 

– C’est pas possible.

 

– Pourquoi ? demanda-t-il.

 

– Mais je ne suis plus la même !

 

– Comment ça ?

 

 

– Je lui ai donné mon témoignage ; je lui ai dit que Jésus avait changé ma vie ; je ne sais pas si j’ai bien fait.

 

Suis-je aussi sensible à la Parole de Dieu et à la voix de l’Esprit dans mon cœur que le jeune frère qui avait présidé ? Ai-je encore la fraîcheur et la spontanéité de cette toute jeune chrétienne ?

 

C.C.