La première épitre de Jean

 

(2ème partie)

 

commentaire Bible 

 

par Alain KITT

 

 

Dans la première étude, nous avons vu que cette lettre a été écrite pour permettre aux chrétiens de distinguer le vrai du faux (voir 1 Jn 4.1). Les « tests » proposés par l’apôtre ont aussi pour but de donner aux chrétiens de l’assurance concernant leur propre salut : non pas pour les encourager dans une présomption injustifiée, mais pour affermir leur foi (5.13). Comme on s’y attendrait chez celui que la tradition chrétienne a nommé « l’apôtre de l’amour », l’amour a une place de choix parmi ces épreuves, et c’est par lui que nous allons commencer en posant trois questions :

Qui ? Comment ? Et pourquoi ?

 

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1. Qui aimer ?

 

L’amour du chrétien, à l’image de celui de Jésus, ne doit pas être exclusif : Jésus a aimé, par exemple, le jeune homme qui a préféré les richesses matérielles à une vie de disciple (Mc 10.21), et les habitants de Jérusalem qui allaient le rejeter (Lc 19.41). Mais dans cette épître, il s’agit de l’amour des chrétiens les uns pour les autres. C’est « mon frère » que je dois aimer (2.10) : celui qui est né du même Père que moi (5.1).

 

Au sein d’une famille humaine, l’amour ne va pas toujours de soi : les défauts, réels ou imaginaires, des autres membres de la famille (souvent le reflet de nos propres défauts !) nous agacent d’autant plus que nous ne pouvons pas nous échapper sans briser le cercle familial. Il peut en être de même dans la famille de l’église dont nous faisons partie, mais c’est bel et bien là que l’amour doit se manifester.

 

 

2. Comment aimer ?

 

Devant l’affirmation célèbre, « Dieu est amour » (1 Jn 4.8 et 16), on pourrait être tenté de vouloir cerner Dieu à partir de ce que nous connaissons de l’amour humain. En réalité, c’est la démarche inverse qu’il convient de suivre : l’idée que nous nous faisons de l’amour doit découler de ce que nous savons de l’amour de Dieu. C’est ce qui est sous-entendu par 1 Jn 4.10.

 

Une réponse simple à notre question se trouve dans l’évangile de Jean où Jésus dit : « Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres » (13.34). Réponse simple, mais comment sonder tout ce qu’elle implique ? Il faudra examiner et méditer les évangiles, où nous voyons l’amour du Seigneur en action dans une variété de situations impressionnantes et envers les personnages les plus divers. Cette lettre nous donnera aussi certaines idées plus précises. En voici quelques-unes :

 

a) L’amour ne se contente pas de paroles (3.18). Il ne s’agit pas d’opposer les paroles aux actes : des paroles sont nécessaires mais elles sont sans valeur si elles restent seules.

 

b) L’amour implique des sacrifices importants (3.16). A chacun de réfléchir sur la signification de « donner sa vie pour les frères », à part son sens le plus littéral.

 

c) L’amour est touché par les besoins des autres, et ouvre le cœur pour agir selon ses possibilités (3.17).

 

d) L’amour n’attend pas, pour se manifester, de recevoir en retour (4.19). Dieu nous a aimés le premier, et veut que nous agissions de même envers les autres.

 

 

3. Pourquoi aimer ?

 

C’est un commandement du Seigneur (4.21 ; cf. Jn 15.12) ! Cela suffirait, mais le Seigneur nous appelle ses amis (Jn 15.14) et nous donne des raisons d’aimer :

 

a) L’amour nous permet de bien voir (1 Jn 2.9-11). La sagesse populaire dit que l’amour rend aveugle, mais c’est faux : c’est la haine qui nous empêche de voir la réalité. Si nous haïssons un frère, nous interprétons mal ses paroles, ses silences, ses actes. L’amour, par contre, nous gardera dans la vérité.

 

b) L’amour nous donne de l’assurance quant à notre état spirituel (3.14). Constater qu’il y a dans nos cœurs un amour sincère pour nos frères et sœurs ne nous rend pas orgueilleux, mais nous amène à rendre grâces à Dieu qui a fait de nous des frères et des sœurs.

 

c) Dieu nous a aimés le premier (4.19), et notre amour les uns pour les autres est une réponse à cet amour.

 

d) C’est la meilleure façon de démontrer notre amour pour Dieu (4.20). Dire « J’aime Dieu » tout en manquant d’amour envers mon frère est un mensonge.

 

e) La cinquième raison ne se trouve pas de manière explicite dans l’épître, mais dans un passage de l’évangile de Jean où nous trouvons énormément de parallèles avec l’enseignement contenu dans la lettre. C’est que l’efficacité de notre témoignage est lié à l’amour que nous avons les uns pour les autres (Jn 13.35).

 

La marque par excellence du chrétien n’est pas la croix qu’il peut porter autour du cou, ni l’autocollant en forme de poisson collé sur sa voiture, mais l’amour qu’il a pour ses frères et sœurs. Un non-chrétien sera touché non seulement par les paroles qu’il entendra, mais aussi par la qualité des relations entre les chrétiens, relations imprégnées d’un véritable amour les uns pour les autres, fruit de l’Esprit de Dieu en nous.

 

A.K.