L’Eglise Anglicane

 

par Esther BUCKENHAM

 

 

Les enseignements de Luther furent discutés dès l’année 1520 à Cambridge et ailleurs, en Angleterre. Ces discussions ne conduisirent pas rapidement à une quelconque prise de position, à cause des démêlés du roi Henri VIII avec le pape : Catherine d’Aragon n’ayant pas donné d’héritier au roi, celui-ci avait demandé au pape de prononcer la nullité de ce mariage – afin de justifier son autre mariage avec la veuve de son frère Arthur. Le pape, ne voulant pas offenser l’empereur Charles V – neveu de la reine d’Aragon – ne se pressa pas de répondre à la requête d’Henri VIII. Celui-ci réagit en emprisonnant Wolsey, le représentant du pape en Angleterre. Après la mort de Wolsey, tous les membres du clergé catholique furent à leur tour emprisonnés – puis libérés au prix d’une forte amende, et de la rédaction d’un document attestant qu’Henri était « le chef suprême de l’Eglise en Angleterre »…

 

 


 

Entre 1532 et 1534, le parlement produisit sept décrets-lois soigneusement préparés, afin de couper les liens de l’Angleterre avec Rome. Henri VIII ayant été proclamé chef suprême de l’Eglise en Angleterre, se trouva investi de pouvoirs extraordinaires tels que la définition des doctrines chrétiennes, et la condamnation des hérésies. L’Eglise ne semble pas avoir réagi au début, estimant qu’il s’agissait de « transactions parlementaires » ou « d’actes d’Etat »1.

 

Ce fut ainsi que le pouvoir de Rome, en Angleterre, après environ mille ans, se trouva transféré au roi, et à l’Archevêque de Canterbury, en la personne de Thomas Cranmer, en 1533. Les premières règles relatives à la doctrine et à la liturgie furent alors élaborées en concertation avec Hugh Latimer (nommé évêque de Worcester en 1535) et avec Nicolas Ridley. En 1535 également, fut présentée une première traduction de la Bible en anglais, due en grande partie au travail de Miles Coverdale, dont les sources étaient deux Bibles en latin (la Vulgate et la traduction de Santi Ragnini), ainsi que deux traductions en allemand (celle de Luther et la Bible de Zurich de 1531)2.

 Tyndale

tyndale« La Grande Bible » de Tyndale et Coverdale suivit, en 1538. Il est à noter que la permission fut donnée, à cette époque, de lire la Bible en anglais – cette lecture étant jusque-là illégale.

 

L’année 1563 fut marquée par l’adoption des « 39 articles ». Il s’agissait de la Confession de foi de la Réforme en Angleterre. Rédigée d’abord en latin, elle fut traduite en anglais en 1571. La Bible pénétra dès lors la culture médiévale : beaucoup de changements survenus dans la vie sociale et religieuse sont directement liés à la diffusion de la Bible et à la séparation de l’Eglise anglaise d’avec Rome.

 

En 1606, la « convocation » de Canterbury, et deux ans plus tard celle d’York, ont rassemblé et classifié les dispositions concernant les actes liturgiques, ainsi que les modalités de consécration des évêques et des diacres3. Dans la même année furent rédigés les textes concernant les obligations de « respect de la liturgie » : l’importance de la communion et sa fréquence, les causes d’excommunication, l’utilisation du signe de croix au moment du baptême, l’autorité des synodes et d’autres questions encore.

 

E.B.

 


 NOTES

 

1. The Anglican Tradition, SPCK, Fortress Press, p.131.

 

2. Anglicanism and the Bible, éd. R. Honck Borch, p. 41.

 

3. The Anglican Tradition, op. cit., p. 187.