Prions avec les Psaumes

 

(2°partie)

 bible-bougie

 

par Francis BAILET

 

(2°partie, suite de la 1ère partie qui est dans numéro 5)

 

 

Asaph, chef de chœur, responsable de la musique, est aussi prophète. Il sait conduire le peuple de Dieu dans une louange sans cesse renouvelée. Il se tient devant Dieu, dans son sanctuaire qu’il affectionne particulièrement, mais n’est pas pour autant détaché de la réalité quotidienne. Il n’ignore pas les difficultés, les luttes de ses frères. Leurs souffrances sont aussi les siennes. Il les partage, mais sait aussi rappeler les prodiges de Dieu dans le passé et ses promesses pour l’avenir. Asaph se tient dans le temple mais aussi dans la rue et sur les places 1.

 

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Regards sur le peuple de Dieu

 

Au Psaume 73, Asaph a considéré les méchants et leur apparent succès. Dans la plupart des autres Psaumes, il porte ses regards sur le peuple de Dieu qu’il appelle aussi le troupeau de son pâturage (Ps 74 et 79), la tribu de son héritage (Ps 74 et 78), la vigne que sa droite a plantée (Ps 80).

 

 

La détresse du peuple de Dieu

 

Asaph se sent concerné par la détresse du peuple de Dieu. Au Psaume 74 (probablement écrit au moment de l’exil par un descendant d’Asaph), le psalmiste apporte à Dieu son peuple opprimé et le sanctuaire, demeure de son nom, profané, incendié, détruit. Il ne peut supporter le mépris des adversaires de Dieu et leurs blasphèmes. L’absence de signes miraculeux et de prophète le désole. Il voudrait que Dieu parle, réponde à ses questions, dise très fort qu’il n’a pas abandonné son alliance.

 

Au Psaume 77, il fait sienne la détresse du peuple de Dieu. Il se lamente, gémit, refuse toute consolation. Il réfléchit, médite et son esprit est abattu. Il pense aux jours d’autrefois et aux cantiques de louange qu’il a écrits. Il ne comprend pas et des questions, en grand nombre, assaillent son esprit : « Le Seigneur rejette-t-il pour toujours ? Ne sera-t-il plus favorable ? Sa bonté est-elle à jamais épuisée ? Sa parole est-elle anéantie pour l’éternité ? Dieu a-t-il oublié d’avoir compassion ? A-t-il, dans sa colère, retiré sa miséricorde ? » (Ps 74.1-10).

 

Le doute effleure son esprit et ses lèvres murmurent : « Ce qui fait ma souffrance, c’est que la puissance du Très-Haut n’est plus la même… » (v. 11). Mais, comme au Psaume 73, face au problème que lui posait le bonheur des méchants, il réagit par l’Esprit qui l’habite et sa pensée se concentre sur les œuvres de Dieu et « ses merveilles d’autrefois ». Il parle alors de toutes les œuvres du Seigneur, il raconte ses hauts faits et ses prodiges. Il proclame que ses voies sont saintes (cf. fin de ce Ps 77). C’est ainsi qu’il reprend courage.

 

Nous vérifions, une fois de plus, qu’apporter à Dieu nos problèmes et nos détresses, c’est déjà recevoir la réponse d’amour de sa présence. Asaph ose tout dire à son Dieu, dans un vrai face à face, un fort cœur à cœur. Dieu intervient alors pour mettre sur les lèvres du psalmiste un cantique renouvelé : « Nous te louons, ô Dieu ! Nous te louons. Ton nom est dans nos bouches. Nous publions tes merveilles » (Ps 75.2, 10).

 

 

Le péché du peuple de Dieu

 

Le Psaume 78 raconte une grande partie de l’histoire du peuple de Dieu. Cette histoire n’est pas très belle. Le psalmiste en est conscient. Il veut rappeler le péché d’Israël, peuple rebelle, race indocile au cœur inconstant. Il veut dire qu’ils n’ont pas gardé l’alliance, et refusé de suivre la loi. Ils ont oublié ses œuvres. Ils ont tenté Dieu, ils n’ont pas cru, ils n’ont pas eu confiance (ps 78.8). Par dessus tout, c’est le péché d’incrédulité que Dieu dénonce par son prophète qui affirme avec sévérité : « Ils parlèrent contre Dieu et dirent : Dieu pourrait-il dresser une table dans le désert ? Dieu pourrait-il aussi donner du pain ou fournir de la viande à son peuple ? » (v. 19-20).

 

Cependant, Dieu a manifesté sa grâce. Asaph proclame très fort tout ce que Dieu a fait pour Israël et rappelle la sortie d’Egypte avec puissance, ses soins constants dans le désert, et l’entrée en Canaan, jusqu’à l’établissement de David, le roi selon son cœur.

 

Ainsi, quand on considère l’histoire d’Israël on peut dire avec l’apôtre Paul : « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5.20). Dieu n’a pas abandonné son peuple.

 

 

Intercession en faveur du peuple de Dieu

 

Le psalmiste est un fidèle intercesseur. Il veut le bien du peuple. Il souffre des malheurs qui l’ont atteint et plaide en sa faveur. Il ose, une fois de plus, interpeller le Seigneur : « Pourquoi, ô Dieu, rejettes-tu pour toujours ? Pourquoi t’irrites-tu contre le troupeau de ton pâturage ? » Sa prière devient supplication : « Jusques à quand, ô Dieu ! » (v. 10). « Souviens-toi… » expression qu’il utilise quatre fois (74.2, 18, 22). « N’oublie pas » (deux fois).

 

C’est pour l’honneur de Dieu qu’Asaph souhaite la délivrance d’Israël, c’est essentiel de le souligner. Il rejoint ainsi la lignée des grands intercesseurs Moïse, Néhémie, Daniel… Asaph veut le bien du peuple, mais sa prière est d’abord pour la gloire de Dieu. Il ne peut supporter l’attitude blasphématoire des ennemis d’Israël qui sont d’abord les ennemis du Seigneur, car ils « méprisent son nom, l’outragent, s’élèvent contre lui » (74.18-23).

 

Le fondement du ministère d’intercession d’Asaph peut se résumer par deux textes.

 

1. La proclamation de la souveraineté de Dieu

 

« Dieu est mon roi dès les temps anciens, lui qui opère des délivrances au milieu de la terre » (74.12).

 

Cette déclaration est placée au milieu du Psaume 74, entre les deux grandes parties de onze versets chacune qui le constituent.

 

2. L’assurance que sa présence change tout

 

« Fais briller ta face, et nous serons sauvés ».

 

Cette prière est répétée à trois reprises (80.4, 8, 20).

 

 

L’enseignement du peuple de Dieu

 

Asaph veut publier ce qu’il sait, ensei-gner à la génération future tout ce qu’il a lui-même reçu de ses pères : « Nous dirons à la génération future les louanges de l’Eternel, sa puissance et ses prodiges… sa loi et ses œuvres » (78.3-6).

 

Il faut que nos enfants et nos petits-enfants (quel encouragement pour les grands-parents !) soient enseignés et connaissent la loi de Dieu, sa grâce et ses prodiges en faveur des hommes. Comme l’apôtre Paul, le psalmiste désire que le « bon dépôt soit gardé » et que « des hommes fidèles soient capables d’enseigner à d’autres ce qu’ils ont reçu » (comparez Ps 78.3-6 et 2 Tm 2.2).

 

Les Psaumes d’Asaph sont source d’encouragement et de consolation, mais d’enseignement aussi pour le peuple de Dieu aujourd’hui.

 

La vie de David nous est bien connue. Elle éclaire la lecture de ses Psaumes. Par contre nous savons très peu de choses sur la vie d’Asaph. Nous pouvons, cependant, retenir que celui qui aimait se tenir dans les sanctuaires de Dieu se sentait concerné par le monde dans lequel il vivait. Le regard qu’il savait porter sur tous les hommes le conduisait à se tenir encore plus près de Dieu pour obtenir sa réponse à ses questions et son intervention dans toutes leurs circonstances. Faisons nôtres les prières d’Asaph. Comme lui nous serons surpris d’entendre un langage que nous ne connaissons pas qui dira très fort : « J’ai déchargé son épaule du fardeau » (81.7).

 

La méditation des « Psaumes d’Asaph », comme celle de tous les Psaumes, nous conduira plus près de Dieu et plus près des hommes.

 

En vérité, celui qui peut avoir une telle attitude sera heureux et béni dans tout ce qu’il entreprendra.

 

F.B.


 NOTE

 

1. : Il faut rappeler que tous les Psaumes de ce recueil n’ont pas été écrits par Asaph, mais certains d’entre eux par ses descendants.