Comment fêter Noël ? 

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par Marcel Reutenauer

 

 

Comme R. vous avez certainement fait ce constat depuis le début du mois de novembre : « C’est reparti, ce fameux temps des Fêtes ! Fêtes des cadeaux, des guirlandes électriques, de l’emballage, des plats surgelés et des courses effrénées ! Fêtes de la surabondance et du gaspillage, sauf pour les S.D.F. … » Ou encore J.M qui fait part de son sentiment : « J’avoue que depuis quelques années, le tapage commercial avant Noël et cette frénésie d’achats qui s’empare de nos concitoyens, sans même parler de l’aspect presque indécent de la  »bouffe » affichée partout, me fait presque souhaiter que cette période se termine rapidement ! »

 

 

Pourrait-on, comme cela a pu être la conviction de certains – je ne connais personne qui a cette position aujourd’hui – ne rien célébrer du tout puisque la date du 25 décembre correspond à une vieille fête païenne qui a été « christianisée » ou encore parce que les non croyants fêtent un événement auquel ils ne croient pas ?1 Dans ce cas : pas de repas, pas de sapin, pas de cadeaux,… pas de « culte de Noël » ! Position quasi intenable, surtout si l’on est parent de petits enfants !

 

 

Ainsi G. reconnaît que, malgré sa conviction de se démarquer, il est « difficile d’échapper aux pressions de toutes sortes qui viennent s’exercer sur nous au travers des enseignes commerciales, des camarades d’école, voire tout simplement des familles qui nous sont proches. »

 

En tant que croyants, professant notre foi en Jésus, le Christ, le Sauveur du monde, le défi de « fêter Noël autrement » n’est pas toujours évident ! Comment donner du sens à ces journées qui sont à vrai dire « incontournables » en terme de vie sociale et de tradition culturelle ?

 

 

Dans les Eglises

 

spectacle-NoelNoël est une période idéale pour présenter l’Evangile. « A l’approche de Noël les églises organisent souvent des fêtes de Noël avec l’intervention des enfants. Moments importants et privilégiés pour l’église et pour les enfants ; occasion d’inviter des personnes de la famille, des amis et d’expliquer le sens de Noël. » (X) « J’ai toujours en souvenir les cultes de Noël célébrés avec la participation des enfants de l’église. »(J.M)

 

Mais Noël comporte aussi la notion d’accueil de l’étranger ; à l’instar de Marie et Joseph qui n’ont pas trouvé de place à l’hôtellerie. Aussi, un certain nombre d’Eglises ont réalisé que, lorsque le soir de Noël la plupart d’entre nous se retrouvent en famille, « certains sont seuls, d’autres traversent des situations difficiles ou complexes, quelques-uns encore vivent loin du pays… »

 

soupeEt des actions diverses se sont mises en place : « A Strasbourg, sous l’égide d’une oeuvre sociale chrétienne, l’opération `’Vivre Noël ensemble » a lieu depuis plusieurs années. Différentes Eglises ouvrent leur porte pour accueillir les sans logis envoyés par les travailleurs sociaux. Des chrétiens les accueillent dans un cadre festif, chaleureux, décoré. Un repas soigné est servi. La soirée est agrémentée de musique, de cantiques, de lectures bibliques, de poésies ou de saynètes. A 22 heures, tous les groupes rallient le hall de la gare SNCF où la soirée se poursuit ensemble. »

 

Ailleurs, des actions similaires ont lieu. « Il y avait tout l’ensemble d’un réveillon : repas, jeux, musique, chants de Noël avec lectures Bibliques, et joie » explique D. qui a participé à deux reprises au réveillon du 24 Décembre organisé ces dernières années par son assemblée à Grenoble. Et elle ajoute : « Vous avez été notre famille. J’en garde un souvenir de chaleur, de lumière, de joie à une époque bousculée de ma vie. Un moment à part, du réconfort, la joie de Noël partagée malgré les circonstances. Noël, c’est la joie, l’espérance, l’affection. »

 

 

Dans les familles

 

Comment Noël se vit-il dans les familles évangéliques ? Pour plusieurs des personnes interrogées, il y a eu une réflexion menée. Ainsi J. fait état d’un changement intervenu au cours des années : « Noël était pour nous une grande fête de famille organisée par maman qui réunissait ses enfants et petits-enfants autour d’une table bien garnie, à `’ l’alsacienne `’. Les conversations étaient animées autour de sujets autres que le souvenir de la naissance de notre Seigneur, il nous arrivait de chanter  »Minuit Chrétien »,  »Mon beau sapin » et  »Petit Papa Noël ». Nous rentrions un peu tristes. A la disparition de notre maman, ensemble nous décidions de fêter autrement cette fête symbolique de Noël. » « Pour ma part, avec ma famille, on essaie de recentrer la  »fête » autour de l’événement biblique qu’elle est censée rappeler. » dit G. père de 2 jeunes enfants.

 

Dans la pratique, les manières de faire des uns et des autres amènent plusieurs constatations :

 

1. Noël est, pour les chrétiens, une occasion de réjouissance, un moment idéal de proclamation de la bonne nouvelle qu’en Emmanuel, Dieu est venu parmi nous. Le programme est plus ou moins fourni selon la taille de la famille et la présence d’enfants ou non :

 

« Ce sont les cantiques de Noël qui d’abord sont chantés. Puis on écoute la lecture biblique de la naissance du Christ. Suivent les prières d’action de grâce. Quelqu’un lit un conte de Noël, surtout à l’adresse des enfants. Des chants suivent, proposés par certains participants accompagnés d’instruments divers. » (W) « Les aînés récitent une poésie. Il y a une petite lecture biblique avec une prière familiale. » (J.D) « Lecture du récit biblique de la naissance de Jésus. » (J) « Le sapin est absent. Tout au plus une crèche vient rappeler aux enfants que Jésus est venu un jour pour sauver son peuple. » (G)

 

2. Noël est l’occasion de retrouvailles familiales … et c’est peut-être la saison rigoureuse qui le veut ; mais aussi parce que la notion de naissance est par excellence un événement familial.

 

« La fête de Noël est par excellence, le point de rencontre traditionnel de la famille, avec des échanges, bien souvent des cadeaux, un sapin et quasi toujours de bons repas. Cette approche traditionnelle a rythmé mon enfance et se perpétue en grande partie encore aujourd’hui avec mes propres enfants. » (G) « Pour nous Noël se passe en famille : le 24 chez mon papa, le 25 dans ma belle famille. » (J.D)

 

3. Noël est aussi un temps imprégné de traditions, qui se rattachent toutefois aux symboles de vie, de lumière, de chaleur et de don. C’est sur ce plan, certainement, qu’il est important de garder une certaine mesure pour ne pas noyer le sens de Noël. Ainsi on trouvera : « la maison décorée avec un arrangement de Noël, des lumières, des bougies », « un sapin habillé de pommes rouges et de bougies blanches », « une dinde de Noël pour garder la tradition de la bonne odeur », « cela sent les petits gâteaux de Noël », « on mange des mandarines ou l’on boit un verre de jus de pomme », « la distribution des cadeaux, à la grande joie de tous ».

 

 

Sur le plan individuel

 

Plusieurs témoignent – et beaucoup d’autres ne l’ont peut-être pas dit ? – que la période de Noël est aussi un temps privilégié pour méditer et approfondir la relation avec Dieu.

 

« Noël est une occasion particulière de prendre le temps … avec Dieu. Etre attentive aux peines et souffrances cachées. Ouvrir ma main et accueillir l’étranger. Ouvrir mon coeur pour l’aimer… un peu mieux que l’an passé ! Laisser couler les larmes et émotions refrénées, dans la plénitude d’une paix retrouvée et la joie de savoir qu’un Sauveur nous est né ! » (C)

 

M.R.

 


 NOTE

 

1. : Une personne relève toutefois que. sous l’impulsion des Eglises chrétiennes, la ville de Strasbourg a fait des efforts : « Depuis quelque temps de nombreux concerts en ville dans la période de Noël redonnent une dimension spirituelle à cette fête. »