Quelques facettes du judaïsme actuel 

 

 rouleau

 

par Reynald Kozycki et Stephen Pacht  

 

 

 

En France, la communauté juive est formée de deux principales tendances :

 

SEFARADE et ASHKENASE

 

Les Séfardim, au moyen-âge, étaient des juifs originaires d’Espagne et du Portugal ; puis ils se sont multipliés tout autour de la Méditerranée où ils ont connu des périodes brillantes jusqu’au 18e siècle, au contact de la science, de la philosophie, de la poésie très développées à cette époque dans cette région.

 

Les Ashkénazim sont plutôt originaires du nord de l’Europe et de langue et culture yiddish. En France environ 60 % des juifs sont de tendance séfarade et 40 % ashkénaze. Aujourd’hui, en Europe et en France, ces deux communautés se côtoient à la fois dans l’amitié, mais aussi dans de vives discussions ! Les mentalités sont très différentes !

 

J. G.

 

 

 

Courants de pensée

 

 

Les juifs orthodoxes sont très attachés à l’observance rigoureuse des pratiques religieuses. Certains, notamment en Israël, se distinguent par leur tenue : lévite1 et chapeau noirs, barbe. Ils sont conscients du danger de la perte de l’identité juive.

 

Aux USA, on les appelle conservateurs : ils acceptent certains aménagements de la pratique des rites, mais dans le respect des principes traditionnels de la Loi (Torah et Talmud) dont ils reconnaissent l’autorité. On en connaît une communauté à Paris : Adath Chalom.

 

Les libéraux, présents surtout aux Etats-Unis et en Europe occidentale, sont partisans de «moderniser» certaines prescriptions et d’en assouplir les interdits. On en dénombre environ 3 millions dans le monde appartenant à l’Union Mondiale du Judaïsme Libéral (en France : quelques communautés dont le Mouvement juif libéral de France (MJLF).

 

En France seulement 5% des juifs se considèrent orthodoxes, contre près de 30% non-pratiquants et 15% libéraux.

 

Le Judaïsme contemporain se distingue du Christianisme en se félicitant de ne pas être une religion « prosélyte ». Le Judaïsme orthodoxe a vu une certaine renaissance en France ces dernières années, en partie grâce au charisme du Grand Rabbin Sitruk, qui a institué une Journée du Judaïsme rassemblant chaque année 30 000 juifs au Bourget. Le mouvement hassidique (ou loubavitch), constitue un courant important qui a comme objectif d’inciter les juifs à faire Techouvah (un retour) à Dieu par une pratique plus orthodoxe.

 

QUELQUES CHIFFRES

 

Selon l’estimation majoritaire parmi les autorités religieuses et laïques, il y a actuellement environ 13 à 14 millions de juifs dans le monde :

 

  • 5 100 000 vivent en Israël,

 

  • 6 000 000 aux États-Unis,

 

  • 1 250 000 dans les anciennes républiques de l’URSS et en Russie,

 

  • 700 000 en France (4e pays au monde pour sa population juive).

 

En Israël, 450 000 des habitants de Tel Aviv sont juifs, et Jérusalem en compte 440 000.

 

A Paris et dans la banlieue vivent 320 000 juifs ; à Marseille, 100 000 (10% de sa population).

 

 

Les Fêtes célébrées

 

repas-juif

 

Pessah, la Pâque (15-22 nissan, mars-avr.) commémore la sortie d’Egypte (Ex 12.17-19). Les deux premiers soirs a lieu la cérémonie familiale du Seder (ordre), au cours de laquelle on lit la Haggadah : on y consomme des mets symboliques, dont des herbes amères, et l’on y boit quatre coupes de vin. Durant huit jours, on remplace la consommation du pain par celle des azymes en souvenir de la hâte avec laquelle les Hébreux quittèrent l’Egypte, emportant leur pâte non levée… Saison de la libération de l’esclavage, Pâque annonce la rédemption messianique.

 

Evu’ot (litt. « semaines », sept semaines après Pessah), Pentecôte (6 et 7 sivan, mai-juin) commémore la promulgation de la Torah (Loi) sur le mont Sinaï. Les Hébreux apportaient au Temple les prémices des récoltes. Lors de la fête, on fait la lecture du Livre de Ruth dans une synagogue remplie de décorations verdoyantes, c’est aussi la joie de la moisson et de la révélation divine, et l’expression de l’acceptation de la Loi divine par Israël libéré de l’esclavage.

 

Sukkot (litt. « cabanes »), fête des Tabernacles (15-23 ti-ri , sept.-oct.), enjoint au juif de vivre huit jours durant dans une cabane de branchages, c’est-à-dire à la manière dont vécurent les Hébreux dans le désert (Lv 23.39). Fête de la fin des récoltes, Sukkot est marquée par le balancement et la bénédiction des « quatre espèces » : un cédrat, une palme, trois rameaux de myrte et deux de saule (Lv 23.40).

 

Les « jours austères » sont Roha-ana (litt. « la tête de l’année »), le Nouvel An (1 et 2 ti-ri), rappel de la Création et du Jugement, jours où le juif prie Dieu de l’inscrire dans le « Livre de la Vie » et où il entend la sonnerie du ofar (corne de bélier) – et surtout Yom ha-Kippûrim , le jour des expiations, « le Grand Pardon » (Lv 23.23-25) dit aussi simplement Kippûr .

 

Le « Grand Pardon » (10 ti-ri) est d’abord un jeûne de vingt-quatre heures et une journée entière de prière en la synagogue. En fait, Kippûr a éclipsé toutes les autres fêtes ; les individus les moins pratiquants envahissent les synagogues et des offices se tiennent dans des locaux spécialement aménagés.

 

Les demi-fêtes rappellent deux délivrances antiques :

 

Hanukka : (Sabbat) célèbre la libération des juifs opprimés par les Grecs en 167 av. J.-C. (25 kislew – 2 tebet, nov.-déc.) par l’illumination de la Menorah (chandelier) sur laquelle on allume chaque jour une lumière nouvelle.

 

Pûrim : (litt. « les sorts ») fête la délivrance des Juifs de Perse par Esther (Esth., IV, 14 adar , mars-avr.) dont on lit l’histoire dans la Meguillat-Esther (le Rouleau d’Esther).

 

R.K. et S.P

 

Certains rabbins attendent deux Messies :

 

a) Un Messie souffrant, fils de Joseph, qui accomplirait les textes suivants : Dt 33.13-17, Es 53, le Ps 22, etc.

 

b) Un Messie glorieux, victorieux, apportant la Paix à toute la terre et établissant Israël à la tête des Nations (Gn 49.8-10, Ps 2 et 110, Da 7.13, 14).

 


 Note

 

1. : lévite : redingote longue et noire.