Devenir… disciple du Maître

 

 Jesus-gens

 

par Alain STAMP

 

 

 

Pierre

 

L’épisode est connu de chacun : Jésus leur posa […] cette question : Qui dit-on que je suis ? […] Pierre lui répondit: Tu es le Christ.1 Bonne réponse, Pierre ! Comme de très nombreux chrétiens d’aujourd’hui, il a compris que Jésus est le Fils de Dieu venu réaliser le plan de salut de Dieu, qui nous aime tant qu’il a donné son fils unique. Pourtant, il semble que cette confession ne soit pas suffisante à l’expérience chrétienne.

 

Quelques instants plus tard, quand Jésus expose ce qui l’attend, sa prochaine condamnation à mort et sa résurrection, Pierre n’est pas d’accord. Il prend le Seigneur à l’écart et le reprend. – Pourquoi payer un tel prix ! Non cela n’est pas nécessaire ! La réponse de Jésus est impressionnante : Arrière de moi, Satan ! Car tu ne conçois pas les choses de Dieu, tu n’as que des pensées humaines.

 

 

Chrétien ou disciple

 

J’ai entendu de nombreux commentaires sur cet incident. J’ai surtout été frappé par la suite du texte biblique. Jésus prend la foule à témoin et met les choses au point. Puis, ayant appelé la foule avec ses disciples, il leur dit : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera. Et que sert-il à un homme de gagner tout le monde, s’il perd son âme ? […] Car quiconque aura honte de moi et de mes paroles au milieu de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aura aussi honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père, avec les saints anges.

 

La réaction de Pierre est l’occasion pour Jésus de montrer qu’il n’est pas suffisant de reconnaître en Lui le sauveur, comme de plus en plus de croyants dans nos Eglises se contentent de le faire. Chrétien peut-être, mais pas disciple. Pierre reconnaît que Jésus est le Christ, mais dès lors que cela « coûte » et expose à des conséquences alors non, surtout pas ! Pierre n’est pas prêt à souffrir. Il n’a pas envie d’être mêlé à ces événements annoncés par Jésus. Il n’est pas décidé, pas prêt, à « suivre » Christ. Il n’est pas disposé, par amour pour son Maître, à subir certains désagréments, à remonter un courant contraire. Pas prêt à perdre sa vie, à se mouiller pour son Seigneur ! Terrible malentendu. Terrible erreur.

 

 

Inévitable échec

 

Souvenez-vous, quelque temps après : Le Seigneur, s’étant retourné, regarda Pierre. Et Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite : Avant que le coq chante aujourd’hui, tu me renieras trois fois. Et étant sorti, il pleura amèrement.2

Prévenu par Jésus, Pierre renie cependant son maître en route pour la croix, à trois reprises. Faiblesse de la part de Pierre ? Compromis ?

Et vous ? Que penser de cette manière de mener votre vie en totale indépendance : tout le contraire d’une vie de disciple ? Que dire de ces attitudes de vie à l’opposé de la pensée de l’Evangile ? De ces péchés tolérés, visibles ou non : comme si le Christ n’était pas mort à la croix pour les condamner ! Et ces compromis qui stérilisent votre vie de croyant ! Et ces dérobades à parler de Lui lorsque l’occasion se présente, tandis que ceux à qui vous avez préféré ne rien dire courent à la perdition !

Autant de reniements qui, dans votre vie de disciple, vous disqualifient. Tout dans votre vie intéresse Christ : vos fréquentations, le ton que vous employez pour parler à votre conjoint, vos loisirs, vos buts, vos valeurs. De votre honnêteté au travail aux programmes télé que vous regardez, en passant par les valeurs que vous transmettez à vos enfants.

Ou vous choisissez de « sauver » votre vie, de préserver votre conception personnelle de l’existence, ou vous décidez de la « perdre », de vous aligner sans réserve ni compromis sur Christ. Je vais sans doute être taxé de légaliste ! Pourtant de nombreux chrétiens pensent pouvoir suivre Jésus un peu comme Pierre à ce moment-là. Sans souffrances, sans renoncements, sans prix à payer, sans conformer leur vie en tous points à l’enseignement de Jésus.


Et… celui qui voudra sauver sa vie la perdra  

 

 

La grâce de Dieu

 

Pour Pierre, pour vous et moi, un espoir subsiste. La repentance ! Pierre pleura amèrement. Pierre s’est repenti. La suite de ses relations avec Christ et sa vie en témoignent. L’ange dira aux femmes, devant le tombeau vide : Mais allez dire à ses disciples et à Pierre qu’il vous précède en Galilée !3 Et à Pierre… toute la sollicitude de la grâce divine, pour un repenti !

Paul et Luc mentionnent même une rencontre en tête-à-tête entre cet homme, peu auparavant surtout préoccupé de sauver sa vie, et le ressuscité, avant même la rencontre avec les douze !4 Le Seigneur tient à encourager et fortifier celui qui s’est fraîchement repenti de son attachement à lui-même ! D’ailleurs le face à face avec Christ, l’intimité avec Lui, sont toujours accordés à ceux qui se repentent.

 

 

Il y a Pierre, et nous…

 

L’exhortation de Jésus ne porte pas seulement sur la crainte du témoignage. Elle concerne avant tout ces manières sournoises que nous avons de nous protéger de toute souffrance, ces refus de livrer notre vie à Christ, de vivre comme le dit Paul non plus pour (nous-mêmes), mais pour celui qui est mort et ressuscité pour (nous) ! 5

Qui est Jésus pour nous : le Sauveur ? Au travers de la réponse qu’il adresse à Pierre, Jésus montre qu’il est possible d’avoir reconnu cette vérité spirituelle et d’être pourtant en train de « perdre sa vie ».

Comment vivons-nous ? D’après nos valeurs, nos envies, nos normes ? Sommes-nous en train de «sauver notre vie», en cherchant à ne rien perdre de ce qui fait le «charme» de ce monde, objectifs, fréquentations, loisirs, comportements, attitudes ? Alors repentons-nous ! Abandonnons cette voie. Choisissons de « perdre notre vie à cause de Christ et de la bonne nouvelle et II nous sauvera ! »

 

Après tout, n’oublions pas que pour entrer dans le Royaume des cieux, il ne suffit pas de me dire : Seigneur l Seigneur ! Il faut accomplir la volonté de mon Père céleste.6

A. S.

 


NOTES

 

1. Mc 8.27 à 38.

 

2. Lc 22.54 à 62d.

 

3. Mc 16.7.

 

4. Lc 24.34 ; 1 Co 15.5.

 

5. 2 Co 5.15.

 

6. Mt 7.21 (Parole Vivante).