Donne nous un signe venant du ciel

 SERV1

par Alfred KUEN

Quelques pharisiens et sadducéens abordèrent Jésus pour lui tendre un piège. Ils lui demandèrent de leur montrer un signe miraculeux venant du ciel (Mt 16.1). En quoi consistait le piège que les pharisiens et les sadducéens ont voulu tendre à Jésus ?

 

Ces mots font directement suite au récit de la multiplication des pains où, avec sept pains et quelques poissons, Jésus a nourri une foule de quatre mille hommes, sans compter les femmes et les enfants (Mt 15.38). Mais tout cela ne comptait pas à leurs yeux. Ce miracle ne venait pas « du ciel », ils l’attribuaient, comme les autres miracles à quelque connivence secrète de Jésus avec le chef des démons (12.24). Ils ont des yeux, et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas (13.13-15).

 

Les pharisiens et les sadducéens, c’est-à-dire les deux partis opposés et rivaux, étaient, pour une fois, d’accord : il fallait « coincer » ce prédicateur hors pistes et le dénoncer comme faux prophète. A part leur visite à Jean-Baptiste (3.7), ce fut leur seule intervention commune en-dehors de la Judée.

 

Parmi les seuls points qu’ils avaient en commun, il y avait l’attachement à « l’ancien et bon chemin » contre le novateur qu’était Jésus. Ils élaborèrent ensemble une stratégie : « On va lui demander un signe miraculeux venant du ciel », c’est-à-dire une preuve indubitable qu’il était un envoyé de Dieu. S’il était incapable de la fournir, c’est qu’il n’était pas ce qu’il prétendait être, et on pourrait le discréditer auprès de la foule. Et même s’il accomplissait effectivement un signe miraculeux, on pourrait l’accuser d’être un faux prophète !

 

En effet, il est écrit dans la Loi : Peut-être un prophète apparaîtra-t-il un jour parmi vous, ou un visionnaire qui vous donnera un signe miraculeux ou vous annoncera un prodige. Si le signe miraculeux ou le prodige annoncé s’accomplit, et s’il vous dit: Allons suivre d’autres dieux ! vous n’écouterez pas les paroles de ce prophète ou de ce visionnaire, car l’Eternel votre Dieu se servira de lui pour vous mettre à l’épreuve, afin de voir si vous l’aimez réellement de tout votre cœur et de tout votre être. Quant à ce prophète ou ce visionnaire, il sera puni de mort pour avoir prêché la désobéissance à l’Eternel notre Dieu ; car il aura voulu vous entraîner hors du chemin que l’Eternel notre Dieu vous a ordonné de suivre. Ainsi vous ferez disparaître le mal du milieu de vous (Dt 13.2-4, 6).

 


Puisque Jésus ne respectait pas le sabbat et entraînait ses disciples au non-respect de la tradition des anciens, c’est qu’il « prêchait la désobéissance à l’Eternel ». Le « signe miraculeux » servirait de confirmation que c’était bien un faux prophète.

 

Mais Jésus refusa d’entrer en matière. Il répéta simplement le jugement qu’il avait déjà prononcé lorsque des spécialistes de la Loi et des pharisiens lui avaient fait la même demande (Mt 12.38-42) : « Ces gens de notre temps sont mauvais et infidèles à Dieu ». Et il leur annonça le signe qu’il leur donnerait : le signe de Jonas ; comme lui, il serait trois jours et trois nuits dans le sein de la terre, puis il ressusciterait. Ceux qui ne seraient pas convaincus par ce signe prouveraient simplement leur endurcissement irrémédiable.

 

A.K.