Editorial du n°6 Novembre-Décembre 2001

 

 » L’arbre et le fruit « 

 

Par J.-P. BORY

 

 

II y a quelques semaines, une info de la TV allemande signalait une exposition d’un genre particulier : un scientifique, athée, s’est mis depuis quelques années à naturaliser des cadavres humains. Ainsi des dizaines de personnes décédées, souvent partiellement écorchées, des cadavres ouverts, sont exposés de sorte que l’on peut voir leur cerveau, leurs muscles, leur système vasculaire, leur visage intact comme un miroir de sa propre mort… Cette exposition a circulé dans plusieurs pays et sera bientôt visible en France.

 

Pourquoi cet engouement morbide ? Pour se sentir plus vivant ? Pour exorciser la mort ?
Les récents événements de New-York, de Toulouse, de Tours, du Gothard, les enveloppes empoisonnées, ont encore rappelé à l’homme sa fragilité… et sa folie mortelle.

 

L’Ecclésiaste déjà jetait un oeil désabusé sur la vie et son issue fatale. Mais il invite à un autre regard, une autre réflexion que la contemplation de sa propre déchéance. Et c’est dès la jeunesse qu’il faut le faire : la fatigue des ans, la longue expérience de l’injustice, le désenchantement finissent par obscurcir la vision du vrai Dieu (Eccl 12.1).

 

Aujourd’hui, c’est déjà dès l’adolescence que tant de jeunes n’entrevoient aucun sens à leur vie, perdent l’espoir, s’étourdissent de « sports » à haut risque flirtant avec la mort, s’enivrent de délinquance, de drogue, de rêves absurdes. Dieu n’apparaît déjà plus dans leur horizon. Parfois leur chemin croise un maître à penser qui leur présente un dieu réclamant le suicide kamikaze entraînant des milliers d’autres avec eux dans la mort.

 

Quel défi pour les parents et les éducateurs chrétiens, pour les Eglises… Sommes-nous assez vigilants, apprenons-nous à vivre avec nos enfants ? En prenons-nous le temps ? Présentons-nous un modèle de vie qui ait un sens pour les jeunes qui nous suivent ?

 

Est-ce que notre vie est réellement « chrétienne » ? En d’autres termes, est-ce que nos actions, nos paroles, notre manière de vie sont des fruits qui ont le goût, la saveur, le parfum de Christ (2 Co2.15-16) ?

 

J.-P. BORY