Temoignage

 

Retraité en service

 eau

par Georges ERTZ

 

 

 

Je fais partie de cette catégorie bénie de personnes qu’on appelle les retraités ou le troisième âge. Bénie par ceux qui sont encore en activité et qui attendent avec impatience le temps où ils ne seront plus soumis au stress de la vie professionnelle ou à l’angoisse du chômage. Catégorie choyée par les professionnels du tourisme, des loisirs et d’autres branches d’activité pour lesquels les « cheveux gris » représentent un marché en progression constante. L’allongement de la durée de vie et l’abaissement de l’âge de départ en retraite font que le nombre de ces inactifs ne cesse de croître pour devenir, au fil des années, une charge de plus en plus lourde pour les actifs « cotisants ».

 

Comme tout citoyen qui a le souci du bien de son pays, le chrétien ne peut pas rester insensible à ces réalités. J’estime, pour ma part, qu’il est une autre réalité dont tout chrétien, retraité ou retraitée, doit être conscient : cette étape de la vie peut être une bénédiction pour lui-même, pour les autres, et pour l’oeuvre de Dieu en général.

 

Je suis dans ma douzième année de retraite et, tous les jours, je remercie mon Père céleste pour la santé qu’il m’a conservée, ainsi qu’à mon épouse ; même s’il y a eu quelques accrocs qui nous ont rappelé la fragilité de nos vies et la nécessité de mourir d’abord avant d’hériter la vie éternelle. Par la grâce de Dieu, je peux affirmer que je ne me suis jamais ennuyé durant tout ce temps ; à aucun moment je n’ai eu à me demander comment j’allais occuper mon temps, quel voyage nous allions entreprendre pour nous faire plaisir. Au contraire, nous avons toujours dû batailler pour pouvoir lâcher nos activités et partir quelques jours pour nous ressourcer et pour faire de longues marches dans la montagne.

 

En parlant de « ma » retraite, je ne peux m’empêcher d’y associer mon épouse. Lorsqu’on a partagé les joies et les peines de la vie professionnelle, de l’éducation des enfants, du service de Dieu, on continue à partager celles de la retraite.

 

J’ai eu le grand privilège de rencontrer le Seigneur alors que j’étais à l’Ecole Normale1 . J’y ai reçu, avec beaucoup d’autres, ma première formation de disciple, formation qui a continué lorsque je me suis joint à l’église de la Bonne Nouvelle de Strasbourg. Ces frères et sœurs nous ont accompagnés et soutenus lorsque nous étions missionnaires au Tchad. Revenus en France, il y a trente ans, j’ai réintégré l’Education Nationale et j’ai enseigné au collège de la petite ville où nous nous sommes installés jusqu’à ma retraite.

 

Une église de maison existait dans la localité. Les réunions se déroulaient chez nous et dans une autre famille. Un travail parmi les jeunes et les enfants a démarré ; pendant les vacances nous participions à l’encadrement de camps de vacances avec l’association de jeunesse « Joie de Vivre ». Nous gardions le contact avec les missionnaires du Tchad et, lorsque notre association s’est structurée, on m’a sollicité pour m’occuper du secrétariat.

 

Lorsqu’à 55 ans j’ai pu prendre la retraite (à cause des années de service dans l’enseignement primaire), j’ai pu m’investir à plein temps dans ce qui n’était, jusqu’alors, « qu’activités extra-professionnelles ». Je pensais avoir suffisamment de temps pour suivre une formation personnelle, dans le domaine artistique, mais j’ai dû vite y renoncer faute de temps.

 

Comme j’aime les travaux manuels, j’ai souvent été sollicité par des frères et des soeurs en Christ, et par mes propres enfants, pour des travaux d’entretien et d’aménagement de leur maison ou de leur logement. Notre maison avec jardin et verger constitue le terrain d’exercice idéal pour les activités physiques indispensables à un bon équilibre de vie.

 

L’activité qui s’est le plus développée au fil des années est le secrétariat de la mission, l’ASMAF2 . Le suivi des missionnaires, les relations avec l’Eglise (les Assemblées chrétiennes au Tchad), les procédures de candidatures, les contacts avec les branches suisse et allemande de la mission au Tchad, occupent une bonne partie de mon temps. Les nouvelles techniques de communication, comme le fax et le courrier électronique, facilitent certes les échanges, mais elles les multiplient. De ce fait, je suis au plus près la vie et le ministère de nos envoyés, qu’ils soient en Espagne comme la famille Py, ou au Tchad comme Eveline, Marie-Françoise et Laurent3 , ou encore au Pérou comme Gabrielle Geffé (depuis le début de mars).

 

Au niveau de la famille, je partage avec ma femme une partie de ses occupations : le suivi de personnes âgées et handicapées dans la proche famille, l’accueil de personnes qui ont besoin d’être écoutées ou conseillées, L’expérience nous a appris qu’en accompagnant d’autres dans leurs souffrances, nos propres épreuves deviennent plus supportables.

 

Pour clore l’énumération de mes différents engagements, je voudrais dire haut et fort que je suis pleinement conscient de ne rien faire d’exceptionnel. Je connais trop bien mes propres limites et mes lacunes. S’il y a quelque chose de valable et de durable dans ce service, c’est uniquement par la grâce de Dieu. Chaque jour, depuis bientôt cinquante ans, je peux m’approcher du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secouru dans mes besoins. L’étude personnelle et en commun de la Parole de Dieu nourrit mon âme, transforme ma mentalité et oriente ma vie. La prière, respiration de l’âme, me fait pénétrer dans la présence de Dieu ; par elle je participe, avec mes frères et sœurs, au combat spirituel pour que Christ règne dans ma ville, dans mon pays et jusqu’aux extrémités de la terre.

 

Pour conclure, je voudrais dire que le problème n’est pas de savoir comment on va passer une bonne retraite, bien méritée et que sais-je encore. Que l’on soit étudiant, en activité ou retraité, célibataire ou marié, Dieu a un plan pour chacun de ses enfants ; le discerner et s’y conformer est la clé du bonheur. Ceux qui attendent d’être à la retraite pour prendre au sérieux l’appel qu’ils ont reçu se trompent. C’est aujourd’hui que je suis appelé à aimer Dieu de tout mon cœur, de toute ma force et de toute ma pensée. Les promesses de Dieu sont vraies. C’est ma conviction, mon expérience et mon bonheur.

 

Heureux l’homme qui trouve son plaisir dans la loi de l’Eternel. Il est comme un arbre planté près d’un courant d’eau, qui donne son fruit en sa saison. (Psaume 1.1-3)

 

G.E.

 


 

NOTES

 

 

 

1. Note du webmaster : appelée aujourd’hui I.U.F.M.

 

2. Le comité de mission hors frontières des C.A.E.F. : l’Association de Soutien des Missionnaires des Assemblées de France.

 

3. Evelyne FELIX, Marie-Françoise DEWULF et Laurent PORTE.

 

 

Qui n’a pas appris auparavant, déjà à chercher le sens de la vie, ne pourra guère organiser sa vieillesse de façon à la réaliser.

A.Portmann