Editorial du n°2 Mars-Avril 1997  

 

 » Ils disent, mais ne font pas ! « 

 

Par François-Jean MARTIN 

 

Voilà une phrase souvent entendue au sujet de nos politiciens ces derniers temps, de sorte que le peuple a perdu confiance en ses leaders et semble prêt à écouter toutes sortes de sirènes.

Un documentaire sur l’histoire de Patrice Lumumba, le leader assassiné de l’indépendance du Congo belge, a attiré mon attention. J’ai été frappé par une des phrases de ce passionné, parlant de justice : il disait qu’il avait été conduit à devenir un révolutionnaire en voyant et vivant le décalage entre les beaux enseignements spirituels et moraux qu’on lui inculquait au nom du christianisme, et la façon dont ceux qui donnaient ces mêmes enseignements traitaient les noirs.

 

Une fois de plus, j’ai été attristé par ce constat terrible et la question qui en découle. Quel messager suis-je ? Sans enlever la part de responsabilité personnelle qui revient à tout être humain dans ses choix, je me demande quels serviteurs zélés auraient pu devenir de tels hommes brûlants de soif de justice.

 

F. Bailet, face à la question de modernité qui se pose à nos communautés, rappelle l’urgence où nous sommes de démontrer à nos contemporains que la Parole de Dieu s’incarne dans nos vies. Les hommes et les femmes de notre temps ont besoin de voir pour croire. J.-P. Bory dans son histoire des C.A.E.F, nos frères de Martinique, du Tchad et de Gap, nous font nous souvenir que des hommes et des femmes ont de tout temps compris qu’un tel message, une telle bonne nouvelle à retransmettre, obligeait à un type précis de messager. Quel genre de pièces sommes-nous, vraies ou fausses ? (cf. art. de Ch. Rick).

 

H. Rüegger, théologien protestant, qui ne nous est pas toujours favorable, a dit lors d’une conférence sur les évangéliques : « les chrétiens évangéliques ne vivent pas de théorie, mais d’une spiritualité qui vient du coeur et qui va au coeur. Pour beaucoup, cela contraste agréablement avec un christianisme ecclésial qui en reste en grande partie à la théologie et à un discours doctrinal, mais qui ne parle ni à l’intimité ni aux sentiments. […] Les Évangéliques vivent entre eux une communauté chaleureuse, familière où les gens se sentent accueillis et soutenus. Ce genre de communauté est très attirant aujourd’hui : le besoin en ce domaine est immense et les évangéliques comblent ce manque de notre société contemporaine… ». Puisse cette description, être toujours vraie ! Comme Paul le dit aux Thessaloniciens : exhortons-nous mutuellement à progresser encore... et : « que notre amour ne se limite pas à des discours et à de belles paroles mais se traduise par des actes, accomplis dans la vérité » (1 Jn 3.18).

 

François-Jean MARTIN