La puissance1

 SERV1

par Pierre SOMMER

 


 

Les locomotives électriques qui tractent les trains de nos jours ne sont plus très impressionnantes, de vulgaires boîtes à côté des majestueuses locomotives à vapeur d’autrefois ! Surtout les grosses Pacifie et les plus grosses encore Mountain à 4 essieux moteurs dont les roues étaient reliées par un ensemble de bielles compliquées. Les deux écrans pare-fumée ajoutaient encore à l’aspect imposant.

 

 

Tout cela faisait un des régals de nos vacances en Lorraine quand, enfants, nous pouvions aller admirer ces machines sur la ligne Paris-Strasbourg. Nous écoutions, à l’arrêt, la respiration d’une pompe, et nous les regardions partir doucement, départ ponctué par l’échappement de la vapeur dont le « tch tch » s’accélérait avec l’augmentation de la vitesse ! Oui, ces machines étaient bien l’image même de la puissance. Mais elles sont devenues des pièces de musée à Mulhouse ! Progrès tout de même, car la conduite de tels engins ne devait pas être une sinécure.

 

On aime voir la puissance en action. On aime voir une grue soulever une lourde charge, un bulldozer enlever d’un seul coup des tas de pierres et de terre ; une énorme fusée s’élever doucement sous la poussée d’un volcan de gaz enflammés. C’est beau la puissance en action et qui de nous n’a pas rêvé d’être puissant ?

 

Une grande partie du succès des bandes dessinées d’Astérix est due aux exploits d’Obélix et des Gaulois dopés à la potion magique ! Le héros biblique Samson est célèbre pour sa force prodigieuse. Toutefois, quand on passe des bandes dessinées à la réalité, la situation est moins reluisante. Les prouesses de Samson n’ont pas servi à grand-chose et ce superman avait une terrible faiblesse : sa passion pour les femmes a fini par le perdre ! Nous pourrions trouver la même faiblesse, ou d’autres bien sûr, chez ceux qui ont brillé par leur puissance. Quelqu’un a dit : « II n’y a pas de grand homme pour son valet de chambre ». La mythologie grecque a bien traduit cela dans l’histoire du héros Achille qui était invulnérable… invulnérable sauf au talon !

 

Nous soupirons, bien sûr, après la puissance au service du bien, car, hélas, nous sommes confrontés tous les jours à la puissance au service du mal. La plus grande puissance potentielle accumulée par les hommes sur cette terre est celle des milliers de bombes atomiques capables d’anéantir la plus grande partie de la population du globe ! Evidemment, nous savons que c’est pour faire peur aux méchants et éventuellement les détruire ! Mais où sont-ils ?

 

On est consterné et irrité de voir la mafia se débarrasser à coups d’attentats et de meurtres de ceux qui la combattent, de voir les gangsters dévaliser les banques et les caisses des grands magasins, parfois au prix de vies humaines, de voir les bandes de loubards attaquer les chauffeurs des transports en commun et causer des dégâts de toutes sortes et tout cela à peu près impunément ! Ah ! si j’avais le pouvoir de trouver les coupables et de les réduire à l’impuissance ! Qui n’a pas pensé cela un jour dans sa vie ?

 

Mais il est beaucoup d’autres domaines dans lesquels nous sommes obligés de reconnaître notre impuissance. Nos gouvernements sont incapables d’enrayer le chômage, d’arrêter les conflits et guerres civiles qui sèment la ruine et le malheur sur des pays entiers. Si la médecine a fait des progrès considérables, elle se révèle encore impuissante devant la plupart des cancers, le Sida et de trop nombreuses autres maladies. Le Sida est d’ailleurs la conséquence directe de perversions et abus sexuels qu’on s’efforce de déculpabiliser, piètre remède à notre impuissance à lutter contre la débauche qui gangrène notre société. Si nous nous révoltons parfois devant les manifestations de la puissance du mal dans notre monde, nous sommes bien obligés de constater que nous sommes incapables de résister aux passions mauvaises qui compromettent notre vie physique, morale et sociale. Tout homme de bonne foi est obligé de reconnaître cela. L’apôtre Paul lui-même, ce grand saint, a écrit : « Je fais le mal que je ne veux pas. Misérable que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ? »


Nous arrivons à la question fondamentale : Pourquoi le Dieu, que l’on dit tout-puissant, s’il existe, laisse-t-il triompher la puissance du mal ? Pourquoi la guerre, pourquoi la maladie, pourquoi la souffrance ?

 

Nous avons déjà fait allusion à ceci au sujet de Samson : aucune manifestation de puissance n’a jamais arrangé les choses de façon durable. Des empires très puissants ont été édifiés. Qu’en reste-t-il sinon des ruines et le souvenir des guerres et massacres nécessaires à leur édification. Nous pouvons même constater dans l’histoire biblique que les puissants jugements de Dieu n’ont pas amélioré l’état de l’humanité. Le déluge, la destruction de Sodome et Gomorrhe, les dix plaies d’Egypte ne paraissent pas avoir rendu les hommes meilleurs. Par la bouche d’un des prophètes, Dieu fait des reproches au peuple d’Israël. Pour l’avertir, lui montrer qu’il suivait une mauvaise voie en se détournant de lui et de ses commandements, il lui avait envoyé divers jugements, manifestation de sa puissance. Mais par cinq fois revient cette douloureuse constatation : « Malgré cela, vous n’êtes pas revenus à moi, dit l’Eternel ».

 

La puissance permet de faire beaucoup de choses. Elle provoque l’admiration, elle impressionne, elle fait peur. Elle peut forcer les gens à faire certaines choses, à adopter certaines attitudes : mais elle ne peut pas changer le cœur de l’homme. Or celui-ci a été perverti par le mal. Dieu a créé, d’une certaine manière, l’homme libre vis-à-vis de lui. L’homme peut accepter ou rejeter Dieu. Nous n’avons pas, bien sûr, de réponse à l’existence du mal et de ses funestes conséquences. Mais nous pouvons revenir à Dieu. Il ne nous attire pas par sa puissance mais par son amour.

 

Evoquons la scène qui résume, en quelques heures, la tragique histoire de l’humanité. Jésus, qui est Dieu venu parmi les hommes, meurt sur une croix. Les hommes, à la fois, ricanent de son impuissance et réclament une Démonstration de puissance afin de les tirer de la situation dans laquelle leur révolte contre Dieu les a plongés. Tout cela les enfoncé encore un peu plus dans leur désespoir.

 

Seul un brigand a admis que sa mort n’était que justice, mais que son voisin de supplice souffrait et mourait injustement pour pardonner les péchés du monde entier et réconcilier les hommes avec lui. Il a compris qu’au-delà de la mort, ce Jésus régnerait un jour sans partage, anéantissant la mort même, et la puissance du mal qui est Satan.

 

Ce brigand a demandé à Jésus son billet d’entrée dans ce règne. Nous savons, par la réponse de Jésus, qu’il l’a obtenu puisqu’il s’est entendu dire : « Je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ». Il a été ainsi sauvé de la perdition éternelle.

 

Ci nous ne sommes pas des brigands notre- position vis-à-vis de Dieu est la même que la leur parce que, comme dit la Bible : « Tous ont péché et sont privés de la. gloire de Dieu ». Ne soyons pas inconsidérés comme cette élève qui, ayant regardé la télévision au lieu de réviser sa géographie, priait après l’épreuve : « Seigneur, fais que Madrid soit la capitale de l’Italie ! » Reconnaissons nos fautes et acceptons-en les conséquences. Mettons notre confiance dans l’amour et dans la grâce de Dieu qui seuls ont la puissance de changer nos cœurs et de nous donner la vie éternelle auprès de lui.

 

P.S.


Note

 

1. : Tiré de Christ seul, n° 4, 1994. Avec permission.