Non au suicide

 stop

 

par Francis Bailet

 

 

 

La mort volontaire de l’ancien Premier Ministre Pierre Bérégovoy a bouleversé les Français et a été aussi, pour beaucoup, l’occasion de dire ce qu’ils pensaient du suicide.


« D’un geste à la fois solennel et terrible, il a fait de ce 1er Mai son jour de délivrance et de rédemption ! »


« II a imposé à tous de considérer à tout jamais qu’il était en règle avec lui-même. »


« Un acte de liberté, de dignité et de volonté. »

 

 

Ainsi, le suicide est auréolé de mérites qu’il n’a pas et l’on oublie volontairement qu’il est en réalité révélateur d’une très grande détresse intime que personne n’a pu comprendre.

 

Cet état de grande détresse, nous pouvons vous et moi le connaître aussi. Jour terrible, jour d’angoisse où l’on se sent seul, terriblement seul et abandonné de tous. Il semble que tout s’acharne contre nous. Au « bout du rouleau » et personne pour nous comprendre. Il n’y a plus rien à espérer. On croit avoir atteint « le point de non-retour ». Il n’y a pas d’issue et l’on en vient à souhaiter la mort. Mais la mort n’est jamais la bonne solution.

 

La pensée de la mort vient du Malin. Il veut nous faire croire qu’il n’y a plus d’espoir, que notre vie est gâchée, que personne ne peut plus rien pour nous. Mais il est menteur. Il veut nous tromper et nous conduire au désespoir et à la mort. Il n’a pas d’autre but car il est aussi le meurtrier.

 

Il y a des causes très diverses à notre découragement, à notre dépression, nous ne pouvons les aborder ici. Nous voulons simplement encourager et rappeler les promesses de Dieu, notre Père, qui a voulu notre existence, qui nous connaît bien et qui nous aime. Il est plein de compassion pour nous. Rien ne pourrait nous séparer de son amour. Il tient nos destinées dans sa main.

 

La Bible nous rapporte les détresses des hommes. Au travers de leurs expériences avec Dieu, nous trouvons compréhension, consolation et encouragement.

 

 

Faites appel à Dieu, criez à lui !

 

A genouxDieu sait de quoi nous sommes faits. Il connaît notre problème et voit notre souffrance la plus intime. Dans la détresse, il nous permet de crier. Il nous dit lui-même : « Crie vers moi au jour de la détresse, et je te répondrai et tu me glorifieras » (Ps 50.15). Jacob en a fait l’expérience. A toute sa famille il pouvait rendre ce témoignage : « Dieu m’a exaucé dans le jour de ma détresse » (Gn 35.3). Asaph écrivait : « Au jour de ma détresse, je cherche le Seigneur » (Ps 77.3).

 

De très nombreux Psaumes parlent du jour de la détresse (Ps 9, 20, 32,102,107, 120…). Avec une très grande liberté, les psalmistes exposent à Dieu leurs soucis, leurs craintes, leurs frayeurs. Ils savent que ce n’est pas en vain que l’on fait appel à lui. Bien souvent leurs prières débutent par des cris, des supplications, des larmes et se terminent dans la louange et les cris de joie.

 

Oui « Dieu est un secours qui ne manque jamais dans la détresse » (Ps 46.2). Il est le « Dieu des délivrances » (Ps 68,21 ). « Dans toutes nos détresses il a été lui-même en détresse » (Es 63.9, version Darby).

 

 

Ne perdez jamais courage !


« Si tu perds courage au jour de la détresse, ta force est mince » (Pr 24.10).

 

Avec Dieu on peut toujours espérer. Quelle que soit notre situation, nous pouvons croire que Dieu n’a pas dit son dernier mot. Même si sur nos lèvres étaient déjà montées des paroles de désespoir, le Saint-Esprit nous permettra de dire : « Les bontés de l’Eternel ne sont pas épuisées, elles se renouvellent chaque matin » (Lam3.21-22).

 

 

Le pardon se trouve auprès de lui

 

Au temps de la dépression le souvenir d’une faute passée revient souvent à notre mémoire. Un sentiment très fort de culpabilité peut nous envahir, nous oppresser et nous faire croire que Dieu ne peut plus nous pardonner. Rappelons-nous, alors, que le pardon est auprès de lui. Il ne se lasse jamais de pardonner. Jésus-Christ n’est pas mort pour rien. Il a tout accompli pour que nous soyons libérés de toutes nos fautes.

 

 

Ne restons jamais seuls !

 

On a écrit de Pierre Bérégovoy : « C’est la mort d’un homme seul ». « Malheur à celui qui est seul et qui tombe » dit le sage (Ec 4.10). Ne restons jamais seuls. Apprenons à partager nos soucis, nos problèmes, nos angoisses, nos péchés aussi.

 

Il y a certainement près de vous quelqu’un qui prendra le temps de vous écouter. Faites appel à lui et confiez-lui votre détresse. Partagez avec un ami, un frère, un serviteur de Dieu. Son écoute vous fera du bien et vous aidera à traverser la vallée difficile de l’ombre de la mort.

 

 

Non au suicide !

 

Si la pensée du suicide effleure votre esprit, chassez-la avec force. Dieu est seul Maître de notre vie. Il ne permettra pas que l’épreuve soit trop forte. Il a certainement déjà préparé une issue favorable. Il interviendra pour que nous puissions nous en sortir. « II n’y a pas de gouffre trop profond où Dieu ne puisse descendre ».1

 

Quatre personnages bibliques ont souhaité la mort. Mais aucun d’eux n’a pensé volontairement mettre fin à ses jours. C’est à Dieu qu’ils ont fait appel et ils ont été gardés, et délivrés.

 

« Tue-moi, je te prie, si j’ai trouvé grâce à tes yeux, et que je ne voie pas mon malheur », s’écrie Moïse en constatant son incapacité à conduire le peuple d’Israël jusqu’au pays promis (Nb 11.15).

 

« C’est assez ! Maintenant, Eternel, prends mon âme (c’est-à-dire prends ma vie) car je ne suis pas meilleur que mes pères » supplie le prophète Elie (1 R 19.4).

 

« Je voudrais la mort plutôt que ces os. Laisse-moi, car ma vie n’est qu’un souffle » soupire Job dans sa grande souffrance et devant l’incompréhension de ses amis (Jb 7.15-16).

 

« Prends-moi donc la vie, car la mort m’est préférable à la vie » dira Jonas, déçu devant la repentance des Ninivites et l’éloignement du jugement de Dieu. (Jon 4.3)

 

Dieu a vu la détresse de ces hommes. Il est intervenu en leur faveur. Ils sont sortis de leur dépression et ont pu encore louer Dieu et le servir. Il avait préparé quelque chose de meilleur pour eux. Judas seul avait fait exception. Mais Judas n’a pas prié. Dans la détresse il est resté seul avec lui-même. C’est parce qu’il a renoncé à avoir recours à Dieu qu’il n’a pu trouver le chemin de la vie.

 

 

Non à la mort, oui à la vie !

 

Notre Seigneur est le prince de la vie. En sa présence, malgré ma fragilité et mes craintes, je ne désespère plus. Je reprends goût à la vie. Avec confiance je peux dire cette prière du psalmiste :

 

« Je garde constamment mes yeux sur le Seigneur. Puisqu’il est près de moi, rien ne peut m’ébranler. Mon coeur est dans la joie, mon âme exulte d’allégresse, mon corps repose dans la paix. Seigneur, tu me feras connaître le chemin de la vie : plénitude de joie en ta présence et bonheur éternel auprès de toi » (Ps 16.8-9, 11, version du Semeur).

 

F.B.


NOTE

 

1. : Corrie Ten Boom, rescapée du camp nazi de Ravensbrück.