Paraboles de la croix

 Election

 

par Lilias TROTTER

 

 

La mort est la porte de la vie

 

 

Cette ancienne expression renferme une pensée profonde. L’image que l’homme de la rue se fait de la mort est celle d’une fin redoutable dans la décomposition et la corruption. Certes, il a raison, car la mort, salaire du péché, est bien une fin.

 

Mais tout autre est le plan de Dieu pour le salut du monde. Il fait du résultat même de la malédiction – qui est la mort – le chemin qui mène à la gloire. La mort devient ainsi un commencement et non une fin, elle devient le point de départ d’une vie nouvelle.

 

Ainsi, des leçons de vie et de mort que sont ces paraboles, se dégage une espérance réservée à ceux-là seuls qui se tournent vers Christ pour être sauvés. Pour ceux qui ne l’ont pas fait, la mort demeure l’ancienne et terrible sentence de condamnation, inévitable et irrévocable. Il n’y a pour eux dans la mort aucun rayon d’espoir.

 

 

La croix de Christ, passage obligé

 

La mort de la croix – heure du triomphe de la mort – voilà l’instant où s’ouvrit la porte qui mène à Dieu. Par cette porte, déjà ici-bas, nous parvenons à une joyeuse résurrection, à une vie toujours plus abondante. La vie chrétienne est le chemin qui nous fait passer d’un monde dans un autre.

 

La mort physique est l’unique porte de sortie du monde où nous sommes. Est-elle devenue pour nous une porte vers la vie ? Avons-nous appris à descendre toujours à nouveau dans son ombre grandissante avec calme et confiance sachant qu’au-delà nous attend une résurrection meilleure ?

 

 

Quelques leçons de la nature

 

C’est par les divers stages de la croissance des plantes, leur bourgeonnement, leur floraison, la formation des graines, que j’ai appris cette leçon : la leçon du pouvoir libérateur de la mort. Elle s’est présentée à moi, non comme une image extraordinaire, mais comme l’une des nombreuses voix que Dieu emploie pour nous parler et qui nous apportent du Lieu très saint force et joie.

 

Ne voyons-nous pas le symbole de la croix jusque dans les signes précurseurs du printemps prochain ? Sur le marronnier par exemple, avant qu’une seule feuille ne soit fanée, l’on peut voir au sommet des branches et des rameaux, les bourgeons de l’année suivante : ils sont déjà formés et ressemblent parfaitement à une croix. Sur d’autres arbres, les jeunes feuilles semblent porter les marques de la croix : elles sont rouge-sang quand éclate le bourgeon. Certains germes à leur sortie de la graine portent une trace cramoisie. Le gland, quand il s’échappe de son enveloppe, est rouge-sang ; un peu comme si l’arbre miniature voulait nous indiquer l’origine de sa nouvelle vie.

 

 

Une autre mort

 

Quoi qu’il en soit dans la nature, il est certain que dans le domaine de la grâce tout homme qui veut parvenir à la vraie vie doit porter à sa nouvelle naissance ce sceau cramoisi : celui du sang de Christ. Il doit avoir passé par la croix. Cela est nécessaire parce que l’identification à la mort de Christ est la seule porte de sortie du monde de condamnation dans lequel nous vivons. Emprisonnés dans ce monde, il est inutile de tenter d’en sortir par nos propres efforts, rien ne peut révoquer ce décret : « L’âme qui pèche, c’est celle qui mourra ».

 

Le choix nous est offert : ou bien notre propre mort, sans Dieu, avec toutes les conséquences dramatiques et irrévocables qui s’ensuivent, ou bien la mort d’un autre à notre place : Christ transforme notre mort en un sombre mais bref passage vers la vie éternelle.

 

C’est lorsque nous en arrivons à désespérer de nous-mêmes, nous sentant prisonniers, attendant notre sort, que nous commençons à comprendre la gloire et la beauté du salut en Dieu et que nous nous soumettons à lui. Toute résistance est brisée quand par la foi nous nous attachons à ces paroles : « Christ m’a aimé et s’est donné lui-même pour moi ». Nous acceptons la réconciliation si chèrement acquise et nous entrons dans la vie non seulement pardonnes, mais purifiés et justifiés.

 

L.T.