Temoignage

 

50 ans de service

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Charles et Violette Rick interviewés par Esther Buckenham

 

 

 

dialogue-2Monsieur et Madame Rick, depuis longtemps, votre nom est associé à l’église de la « Bonne nouvelle » à Strasbourg. Depuis combien de temps faites-vous partie de cette église ?

 

dialogue-2Charles R. : Personnellement, j’ai fait partie dès ma conversion du noyau de départ de cette église, ce groupe de jeunes normaliens qui, en 1939-40, s’est réuni dans le cadre de l’internat de l’Ecole Normale de Strasbourg repliée à Périgueux.

 

Celle qui allait devenir mon épouse s’est jointe 3 ans plus tard à cette « Communauté de Jeunes ».

 

Ainsi, nous pouvons dire que notre engagement dans l’oeuvre de Dieu, de 1940 à aujourd’hui, soit 50 ans, a eu comme cadre la Bonne Nouvelle.

 

dialogue-2Est-ce que vous avez une fonction dans l’église ?

 

C.R. : J’ai accepté d’être l’un des anciens de l’église, fonction que j’exerce depuis 16 ans, après avoir été diacre.

 

J’ai heureusement pu me décharger du travail de trésorier de l’église. Par contre je suis responsable, avec un autre frère, de la rédaction du bulletin de liaison trimestriel Partage. Ce travail demande un suivi constant de toutes les activités de l’assemblée. J’aime également consacrer du temps aux visites et, avec mon épouse, nous animons le Groupe 3e âge de l’église, depuis 12 ans.

 

Violette R. : Notre maison a toujours été ouverte. Nous avons eu la joie de loger sous notre toit ou d’accueillir à notre table, de nombreuses personnes, jeunes ou âgées. De temps en temps nous soulagions de jeunes mamans malades ou en couches, en prenant chez nous l’un ou l’autre de leurs enfants. Pendant plusieurs années nous avons aussi logé de jeunes étudiants et des enfants de missionnaires.

 

dialogue-2Vous pensez donc que l’hospitalité est importante ?

 

C.R. : Les Ecritures nous ordonnent de l’exercer et cet ordre s’adresse à tous les chrétiens. Mais bien sûr certains, pour diverses raisons, sont dans l’impossibilité de la pratiquer, au moins temporairement, et on ne peut leur en faire grief.

 

Pour ce qui nous concerne, nous avons non seulement la possibilité matérielle de le faire, mais nous croyons que Dieu nous a fait ce don de servir de cette façon. Nous sommes toujours reconnaissants lorsque nous avons pu écouter nos hôtes, échanger avec eux, parfois pu les encourager. Faut-il dire combien nous avons été enrichis à ces occasions ?

 

Nous avons appris à connaître les serviteurs de Dieu autrement que dans l’exercice de leur ministère, nous avons partagé bien des préoccupations de nos invités. Nos enfants ont ainsi grandi dans le contact avec les autres, avec leurs joies, et leurs problèmes. Avoir des hôtes chez nous était une joie pour eux. Il n’est donc pas étonnant qu’à leur tour, depuis qu’ils ont fondé leur propre foyer, ils aiment exercer l’hospitalité.

 

dialogue-2N’avez-vous que des souvenirs positifs dans ce domaine ?

 

V.R. : Aucun service pour le Seigneur n’est exempt de problèmes. On peut murmurer en exerçant l’hospitalité, mais l’apôtre Pierre nous demande de nous abstenir de murmurer. Qu’est-ce qui peut nous poussera nous plaindre ? Il y a d’abord le travail supplémentaire, une fatigue personnelle, un plat « raté », des hôtes peut-être importuns, un contretemps…

 

C.R. : Peut-être ces contraintes nous gardent-elles dans l’humilité et nous évitent de nous enorgueillir dans notre service.

 

dialogue-2Vous êtes mariés depuis 47 ans et vous avez 2 enfants et /petits-enfants. Pendant toutes ces années, comment avez-vous su faire coïncider vos responsabilités de parents, de grands-parents et d’ancien dans l’église ?

 

C.R. : C’est vrai qu’avec le recul, je réalise aujourd’hui que tout cela faisait beaucoup d’engagements cumulés, s’ajoutant à ma profession d’enseignant.

 

Mais Dieu a donné la force et l’enthousiasme pour assumer ces responsabilités. Se savoir à la place où Dieu nous veut, participer avec d’autres à fonder puis à développer une église qui compte actuellement 300 membres, assister tout au long de cette aventure aux interventions divines aussi bien dans les périodes d’expansion que dans les temps de difficultés, voire de crise, tout cela, même si parfois on aurait envie de lâcher, est stimulant et vous pousse à tenir.

 

Aussi le temps accordé à la famille était-il souvent réduit. Et là je dois rendre hommage à mon épouse, qui dans sa discrétion, m’a toujours encouragé. Elle a pleinement accepté mes engagements propres ainsi que ceux que nous avions en commun, en étant disponible et compréhensive. Comme bien d’autres épouses d’anciens ou de serviteurs de Dieu, elle a passé pas mal de veillées seule ou elle a patienté à l’heure des repas. Je peux dire aussi que les enfants étaient pleinement dans le coup. Mais nous comprenons très bien qu’il puisse en être autrement dans des foyers où les contraintes sont différentes.

 

dialogue-2Vous avez certainement vu beaucoup de conversions et de personnes se joindre à l’église. Pensez-vous que les jeunes d’aujourd’hui s’intéressent autant qu’autrefois aux choses de Dieu ? Et de la même manière ?

 

C.R. : En effet, nous avons été témoins de beaucoup de conversions et on peut dire que nous connaissons pratiquement toutes les personnes qui, au cours des années, se sont jointes à l’église.

 

Ces conversions comptent un grand pourcentage de jeunes. Par exemple, une statistique de 1982 donnait 93 personnes entre 20 et 30 ans et 101 entre 30 et 40 ans (les moins de 20 ans n’ont pas été recensés).

 

enfant1A la Bonne Nouvelle, nous avons toujours mis l’accent sur le travail parmi les enfants et les jeunes, aussi bien durant l’année par divers groupes d’activités, que pendant l’été avec l’organisation de 7 à 8 camps en diverses régions de France. Le dimanche matin, jeunes et enfants sont nombreux. Par contre aux réunions de semaine (prière, études bibliques, rencontres de quartiers), ils le sont moins ; il est vrai qu’ils ont leurs propres rencontres.

 

Mais nous sommes toujours frappés de voir combien les jeunes sont ouverts aux choses de Dieu. A chaque séance de baptême, le nombre de jeunes est largement majoritaire. C’est vrai qu’ils n’épousent pas forcément les formes de piété usuelles il y a quelques décennies. Ils préfèrent se retrouver plus souvent entre eux, pratiquer le partage, s’adonner à des activités communes. Ainsi un certain nombre se rencontrent régulièrement pour prier ensemble et au moins une vingtaine suivent les cours de Formation de l’Institut Biblique de Nogent.


dialogue-2Et pour les responsabilités ? Sont-ils aussi prêts à en prendre ? Sont-ils aussi fidèles dans l’exécution de leurs engagements ?

 

C.R. : Oui, je le pense ; ainsi, par exemple, les responsables de nos divers groupes d’enfants ou de jeunes, qui, semaine après semaine, sont présents pour servir. Il est vrai que, la vie moderne aidant, ils sont plus vulnérables, parfois moins persévérants. Le mandat qu’ils acceptent a tendance à se raccourcir en durée. Il nous apparaît donc important de les encourager en multipliant les contacts entre jeunes et aînés.


dialogue-2Avez-vous, en tant que couple, un témoignage à nous donner ?

 

C.R. : Lorsqu’on arrive tout doucement au soir de sa vie, on est porté à évaluer le chemin parcouru pour voir si les choix faits dans le passé étaient valables.

 

Dans la pensée du Seigneur, l’église (et notamment l’église locale) est le lieu idéal pour la croissance du chrétien et l’exercice de ses dons. C’est pourquoi, une des lignes directrices que nous avions adoptée dès notre mariage et que nous avons maintenue jusqu’au bout, était de tout faire pour que notre lieu de résidence (et si possible de travail), soit le plus proche possible de l’église locale dans laquelle nous nous engagions. Par la grâce de Dieu nous avons été exaucés, puisqu’à chaque mutation nous nous sommes rapprochés de l’église. Cela nous a grandement facilité notre engagement et les contacts ; de plus, nos enfants ont pu aisément participer aux activités de jeunes.

 

V.R. : Peut-être encore autre chose qui a été bénéfique pour notre foyer : nous nous sommes rarement posé la question si nous irions ou non à la réunion du dimanche matin ou à celles de la semaine. Il fallait, ou une cause de maladie ou un empêchement majeur pour y renoncer. La fréquentation régulière des rencontres d’église nous a permis de croître spirituellement et de cultiver la communion fraternelle.

 

C.R. : En donnant ces 2 exemples, il n’est pas question de les imposer à d’autres. Même si nous sommes convaincus que ce serait une bonne chose, les circonstances ne permettent pas toujours de le réaliser. Des contraintes professionnelles ou familiales peuvent effectivement être un frein. Toutefois nous croyons que le Seigneur a la possibilité de nous ouvrir des portes, si nous le lui demandons avec foi.

 

dialogue-2Merci beaucoup, M. et Mme Rick.