Racheter le temps

 bloc-note

 

par Pierre Coleman

 

 

Les enfants de Dieu ne sont-ils pas aussi parmi ceux qui « ont mal à leur temps et  ne savent pas que cela se soigne ? »1. L’auteur de cet article ne prétend pas être un  expert dans la gestion de son temps, mais simplement un convalescent  reconnaissant de pouvoir attirer l’attention d’autres malades sur les remèdes dont il  commence à expérimenter les bienfaits !   

 

Dans deux articles parus précédemment2 nous avons souligné l’importance de viser des objectifs  spirituels dans notre vie personnelle et communautaire. Cette première démarche accomplie, il nous  faut désormais déterminer les activités à entreprendre en vue d’atteindre ces objectifs. C’est alors  que nous rencontrons un obstacle de taille :   

 

 

 

Comment trouver le temps nécessaire ?   

 

Selon une enquête faite en 1986 parmi les français actifs, 27 % se plaignent d’un manque d’argent,  mais 43 % d’un manque de temps ! Ce chiffre serait peut-être plus élevé encore parmi les chrétiens  : ceux-ci vivent avec les mêmes contraintes quotidiennes que leurs contemporains ; comme eux il  doivent gagner leur vie, faire leurs courses, manger, dormir, etc., mais ils se consacrent de surcroît  à des objectifs d’ordre spirituel.   

 

De nombreux livres ont été rédigés sur ce thème depuis quelques années, la plupart destinés aux  hommes d’affaires.   

 

Leur sagesse pratique peut nous être fort utile (comme le sont les conseils concernant la division et  la délégation du travail que Jéthro donne à Moïse en Exode 18), à condition de considérer leur bon  sens comme un supplément et non comme un substitut à la spiritualité. Citons par exemple Faire  plus, en moins de temps de J.D. COOPER (Marabout Service, 1973).   

 

Peu d’ouvrages chrétiens en français abordent ce sujet, mais ils méritent l’attention de tous ceux qui  sont désireux de « travailler de mieux en mieux à l’oeuvre du Seigneur » (voir les titres indiqués en  fin d’article).   

 

Le but du présent article est d’encourager le lecteur qui veut « soigner son temps », à consulter ces  ouvrages. Et peut-être les deux principes essentiels présentés ci-dessous de façon succinte  l’aideront-ils au cas où il n’aurait pas, à l’heure actuelle… le temps de lire ces livres.   

 

Bien entendu, le chrétien entreprendra ces deux démarches dans un esprit de prière. Il recherchera  la sagesse d’en-haut pour les décisions, et le secours de Dieu pour leur exécution. Il se soumettra  par avance aux surprises du dessein de Dieu qui « opère toutes choses d’après le conseil de sa  volonté » (Ep 1.1 ).   

 

 

A. Planifier son travail et travailler son plan  

 

1. Noter en détail pendant une ou deux semaines types, la manière dont on a utilisé son temps.  

 

2. Classer ses activités par catégorie et comptabiliser le temps consacré à chacune,  


3. Evaluer le temps consacré aux activités qui visent des objectifs prioritaires à long terme.  

 

4. Etablir une liste des activités nécessaires pour atteindre ces objectifs et le temps nécessaire pour  chacune d’elles.  

 

5. Dresser un planning hebdomadaire standard. Dans la mesure du possible employer les « heures  royales » aux tâches majeures, et de petits moments à part pour les tâches routinières. Améliorer ce  planning standard régulièrement à la lumière de l’expérience.  

 

6. Chaque semaine et chaque jour adapter le planning standard pour tenir compte des circonstances particulières.

 

7. S’efforcer chaque jour de travailler selon le plan tout en s’adaptant aux imprévus si nécessaire.  

 

8. A la fin de chaque jour et de chaque semaine, analyser leur déroulement pour reporter les tâches  non accomplies et améliorer les plannings futurs.  

 

 

B. S’appliquer à éliminer les pertes de temps  

 

« Faire une chasse sans merci à ce que Henri de Montherlant appelait les ‘chronophages’, les  mangeurs de temps, »3. Voici quelques exemples :   

 

1. Les futilités : à éliminer ! Certaines émissions, lectures, conversations sont inutiles, même  pour la détente.  

 

2. Les oublis : noter ! « L’encre la plus faible vaut mieux que la mémoire la plus forte. »  (Proverbe chinois).  


3. Le désordre : ranger ! Des objets ou papiers retrouvés rapidement économisent des  moments précieux.  


4. La mise en train : préparer ! La veille, rassembler tout ce qui est nécessaire au travail du  lendemain, pour l’attaquer tout de suite le moment venu.  

 

5. La lenteur : accélérer ! Les « limaçons qui traînent » ont intérêt à forcer le rythme, surtout  dans les activités routinières.  

 

6. La dispersion : se concentrer !  Une heure d’activité intense produit plus que trois heures avec un esprit distrait.  

 

7. Les interruptions : à éviter !

Préserver de larges plages de temps ininterrompues pour les  tâches importantes, en leur réservant des heures et des lieux appropriés.  

 

8.Les travaux inachevés : à terminer !   

Tout travail qui mérite d’être commencé, mérite d’autant plus d’être achevé.   

 

9. Le perfectionnisme : renoncer !

Il faut viser l’excellence, mais non pas une hypothétique perfection, dont l’utilité réelle ne  compense pas le temps supplémentaire exigé.   

 

 

Notre motivation spirituelle

 

Cette chasse sans merci aux « chronophages » est pratiquée dans les entreprises profanes, sans  l’aide de Dieu, dans le but d’atteindre des objectifs temporels ; elle implique une autodiscipline  rigoureuse. Les croyants ne devraient-ils pas en faire autant, avec l’aide de Dieu, en vue d’objectifs  éternels ? (cf. 1 Co 9.25).   

 

Si nous devons comparaître devant le tribunal de Christ pour rendre compte de toute vaine parole,  n’aurons-nous pas également à rendre compte de la façon dont nous avons employé notre temps ?  Souvenons-nous que nous ne nous appartenons plus à nous-mêmes, mais à Celui qui nous a  rachetés à grand prix ?   

 

C’est pourquoi l’Ecriture nous exhorte : « Ne vivez pas au jour le jour, sans penser plus loin…   Devenez maîtres de votre temps ! » (Ep 5.15,16, Parole Vivante).  

 

Elle nous propose également cette prière de Moïse, homme de Dieu : « Enseigne-nous à bien  compter nos jours, afin que nous appliquions notre coeur à la sagesse » (PS 90.12).    

 

Enfin, elle nous présente l’exemple du Seigneur Jésus-Christ. Dans son court ministère de trois ans,  il ne trouva pas toujours le loisir de manger ; mais il trouva toujours le temps de faire la volonté de  son Père, de sorte qu’il put affirmer: « J’ai achevé l’oeuvre que tu m’as donnée à faire. » (Jn 4.34 ;  17,4).   

 


 « Lorsque viendra la fin, qu’est-ce qui pourrait nous causer une plus grande joie que la certitude  d’avoir achevé l’oeuvre que Dieu nous a confiée ? La grâce de notre Seigneur Jésus-Christ rend cet  accomplissement possible »4

 

 

Et mieux que cet article…   

 

pour ceux qui ont envie d’approfondir la question, voici quelques livres chrétiens en français sur  la question :   

 

Propos sur le temps, d’A. Adoul (Ligue pour la Lecture de la Bible).

 

Comment étudier, d’A. Kuen (surtout le ch. 7 « Organiser son temps »; Editions Emmaüs, St  Légier, Suisse).

 

La tyrannie de l’urgent, de Ch.Hummel (GBU-CLC).

 

-Et plusieurs articles (aussi amusants qu’instructifs) de M. Decker dans divers numéros récents dINFO-FEE.

 

P.C.

 

 

PRIERE POUR VIVRE A TEMPS

 

« Apprends-moi, Seigneur, à bien user du temps que tu me donnes pour    travailler, et à bien l’employer sans rien en perdre.  

 

Apprends-moi à tirer profit des erreurs passées sans tomber dans le scrupule  qui ronge.    

 

Apprends-moi à prévoir un plan sans me tourmenter, à envisager mon ouvrage    sans me désoler s’il prend d’autres tournures.  

 

Apprends-moi à unir la hâte et la lenteur, la sérénité et la ferveur, le zèle et la  paix. »5.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


NOTES

 

1. J.-L. Servan-Schreiber, L’art du temps, p. 10.  

 

2. SERVIR en L’attendant, n° 1 et 2, 1988.

 

3. A.Kuen, op. c.f., p.48

 

4. Charles E. HUMMEL, La tyrannie de l’urgent, p. 17.

 

5. Id. p. 19. Extrait de Prière de l’Artisan, Bulletin des GBU de Suisse Romande, n° 96, septembre 1982.