Dieu peut-il encore se servir de la France ?

 

 flag fra

 

par Claude Grandjean1

 

 

Nous fêtons cette année le bicentenaire de la Révolution française. L’ignoriez-vous ! Parmi les choses que nous aimons en France, il y a les élections et les commémorations. Peut-être parce que les unes comme les autres sont sujettes à discussions et polémiques. Ce qui est formidable avec nous Français, c’est que nous sommes toujours en avance d’une révolution et en retard d’une réforme. Cela me fait repenser à ce que disait G. Pompidou en parlant de nous :

 

« Pas une fois dans ma vie je n’ai vu les Français aux prises avec une épreuve dont ils ne fussent eux-mêmes les auteurs, avant d’en devenir les victimes. Ils n’ont jamais eu de pires ennemis qu’eux-mêmes. » Hélas !

 

Sur le plan spirituel je crains fort que nous n’ayons que trop bien appliqué cette citation et je pense que la France est à ce titre une terre de mission tout à fait particulière. Depuis des années bien des chrétiens prient pour que vienne un réveil dans notre pays. Par périodes nous voyons des mèches s’allumer (Mission France fut l’une de celles-ci) et puis peu à peu s’éteindre, puis fumer et retomber dans le noir. Pourquoi ? Comme vous je m’interroge, je n’ai pas de réponses toutes faites.

 

Manque de consécration, manque de prière, manque de sainteté, manque d’unité, manque d’évangélisation ; oui, sans doute, mais n’est-ce pas une explication un peu simpliste ? Certes, sans toutes ces choses il n’y a pas de réveil possible, mais dans les autres pays, les chrétiens sont-ils plus consacrés, prient-ils plus, sont-ils plus saints, s’entendent-ils tous parfaitement, font-ils plus d’évangélisation ? Je n’en ai pas l’impression.

 

En fait, je me demande si les vraies barrières ne sont pas dans notre histoire, et dans ce cas nos prières et nos actions ne devraient-elles pas en tenir compte ? Nombreux sont les montages missionnaires qui présentent notre pays, nous montrent des gens qui, quand on les interroge, ne connaissent pas Jésus-Christ, ou bien qui sombrent dans l’occultisme ou cherchent secours dans une procession aux relents moyenâgeux. Il y a là des manifestations mais pas des causes ; je me demande si les défis que nous avons à relever ne prennent pas leurs racines dans trois épisodes de notre histoire. C’est une réflexion que je vous soumets :

 

 

1) Le rejet de la Bible, Parole de Dieu

 

Révocation Edit de NantesEn 1985 nous avons commémoré (une fois de plus) le tricentenaire de la Révocation de l’Edit de Nantes (1685). Finie la tolérance envers les protestants ! Mais dès 1620, l’Etat avait mis en place les moyens lui permettant de réprimer « la nouvelle foi ». En 1523 mourait Jean Vallière, premier martyr, et en 1771, le pasteur Charmuzy de Nanteuil clôturait la longue liste de ceux qui avaient sacrifié leur vie pour demeurer fidèles à la Parole. Il faudra attendre 1788 et l’édit de tolérance pour que les protestants, nous dit R. Miguel, « soient admis comme Français à part presque entière ».

 

bible1Mais la Bible n’en est pas pour autant admise. Elle demeure un livre secret, fermé, non accessible au commun des mortels (du moins le laisse-t-on croire). Même si aujourd’hui il y a un mieux, ce dont nous nous réjouissons, la partie n’est pas encore gagnée et beaucoup de nos contemporains la considèrent comme un livre difficile, barbant et bourré de légendes et de mythes. A notre insu le rejet de la Bible est profondément ancré dans les esprits et notre premier combat, notre première prière ne devraient-ils pas être que chacun de nos concitoyens puisse découvrir la Bible pour ce qu’elle est : c’est-à-dire la Parole de Dieu ?

 

 

2) Un pays consacré

 

Dans ce même temps nos rois, seuls maîtres à bord, institués de droit divin, disposent du pays et prennent des décisions qui engagent le peuple. C’est ainsi qu’en « Notre Dame », Louis XIII fait le voeu de consacrer la France (il n’y a rien de trop beau) à la Vierge Marie. Le fait n’est pas banal. Est-ce pour le bien du peuple, pour que celui-ci soit plus heureux, plus croyant ? NON ! Il consacre la France à la Vierge si celle-ci lui accorde un fils : un détail ! La réponse au voeu du roi sera Louis XIV (Je ne suis pas personnellement convaincu qu’il ait été en bénédiction pour le peuple). Qui se souvenait de cela ? Le 15 août 1988, le cardinal Lustiger célébrait (nous y revoilà) le 350ème anniversaire du voeu de Louis XIII, rappelant ainsi aux Français, à ceux qui veulent y croire, qu’ils n’appartenaient pas à n’importe qui et que ce n’est pas en vain que la France est la fille aînée de l’Eglise Catholique romaine.

 

Nous pouvons nous réjouir de ce qui se passe dans l’Eglise Catholique aujourd’hui, de la redécouverte de la Parole de Dieu, mais pourquoi faut-il que nos amis catholiques restent dans l’aveuglement au sujet de Marie ? Il y a peut-être là matière à un second défi, celui de donner un bon enseignement, demeurant empreint d’amour et de respect, mais qui soit ferme et positif. Marie a sa place mais elle n’a aucun pouvoir.

 

 

3) L’ETRE SUPREME. Prier un autre Dieu.

 

Si au travers des attitudes du roi, le peuple devait voir les attitudes de Dieu, on peut comprendre qu’un beau matin d’avril 1789, certains individus du Faubourg St Antoine aient commencé à se révolter ; révolte qui grandit et qui trouva son symbole le 14 juillet 1789 dans la prise de la Bastille. Un an après, le 14 juillet 1790, le droit divin est remplacé par la souveraineté nationale. Désormais, le peuple existe par ses représentants à l’assemblée, et décide de son sort (du moins le croit-il).

 

Le 22 septembre 1792, la Convention proclame la République et le 21 janvier 1793, Louis XVI monte à l’échafaud pour y avoir la tête tranchée. Le 8 juin 1794 au champ de Mars, on célèbre L’ETRE SUPREME. Le pouvoir ne venait plus du ciel mais de la terre. Le peuple prenait tout son destin en main.

 

Notre révolution a été exportée, la France est devenue « championne » en matière des droits de l’homme – Liberté – Egalité – Fraternité – tout le monde dans la constitution a droit de cité – Oui, TOUS ! Tous sauf un : Dieu. Il n’y a pas sa place. Nous nous sommes fait d’autres dieux, d’autres idoles. Citoyens du pays des philosophes et des rationalistes, nous exaltons la raison et rejetons la foi. De plus, nous en sommes fiers !

 

Tant que nous persévérons dans la pensée « ni Dieu ni maître », nous ne serons pas des êtres libres, parce que la vraie liberté pour chacun de nous est en Christ et la seule révolution qui puisse nous la donner c’est la révolution spirituelle.

 

Les Français sont les enfants de leur histoire. Les trois points abordés ont imprégné notre société française et constituent des obstacles dont nous devons prendre conscience. Nous avons à relever ces défis. C’est à cette révolution que nous sommes appelés, celle qui proclame les droits de Dieu sur notre pays

 

Faut-il croire en la France ?

 

… Et si Dieu voulait se servir de la France pour un réveil ?

 

C.G.

 


NOTE

 

1. : Ancien de l’assemblée de St Maur près de Paris et l’un des fondateurs et responsables d' »Eau Vive Ile de France » dont l’objectif est d’atteindre les jeunes et de les former pour l’évangélisation. C. Grandjean est directeur dans une entreprise industrielle.