Former les responsables jeunesse

 

Par Michel Castagno

 

 

Des chiffres annoncés aux conférences internationales de Lausanne laissent entendre que 60 à 80 % de toutes les conversions sont réalisées par des enfants. Par exemple, 85 % des chrétiens aux U.S.A. prennent leur engagement envers le Christ entre 4 et 14 ans. Le chiffre de 64 % des convertis avant l’âge de 18 ans en France est prudemment avancé. Les personnes converties en tant qu’enfant ou jeune adulte sont aussi celles qui sont engagées aujourd’hui dans nos églises locales : anciens, diacres, moniteurs d’école du dimanche, etc.

Si nous visons la croissance de nos Églises pour répondre à l’appel de notre Seigneur, ces chiffres, ne résument- ils pas notre enjeu : présenter l’Évangile à la jeunesse, l’éduquer et l’accompagner sur le chemin de la Vie ?

 

 

Le monde des jeunes aujourd’hui

 

Faut-il le rappeler ? Les ados passent chaque année 900 heures sur les bancs de l’école et 1200 heures devant un ordinateur ! 2 h 30 par jour devant la TV et combien de temps sur leur portable ? Combien d’heures à l’écoute de la radio ? Avec leur iPod ou sur leur console de jeux ? Je pourrais parler de l’attrait pour le paranormal et l’occultisme, de l’intérêt pour les nouvelles religions1, de sexualité débridée ou de violence… C’est le contexte de vie de la génération Y comme YOU (toi d’abord !). Génération formatée par les médias pour penser à soi, trouver sa propre vérité et son harmonie. Une génération exigeante, impatiente, surinformée et multitâche, toujours prête à zapper. Nous leur avons laissé la parole, ils l’ont prise et négocient

constamment : parents, vous en savez quelque chose ! La génération suivante, la Z, qui concerne les moins de 13 ans montre le bout de son nez, elle sera terrible2

Et le rôle des familles dans tout ça ? Les parents se sentent, au mieux, un peu dépassés, s’ils ne sont pas démissionnaires ou si la famille n’est pas décomposée.

Les problèmes avec la jeunesse et les conflits générationnels qui en découlent ne sont pas nouveaux, me direz-vous3… Oui, mais les codes de cette jeunesse et son contexte de vie ont changé !

Les amis de nos enfants, les médias et l’école, qui sont les trois premières sources d’influence des jeunes, travaillent à contre-courant des valeurs de l’Évangile.

Pourtant nos jeunes ont besoin d’un GPS existentiel2, le trouveront-ils dans la réponse apportée par nos Églises ? Nous pouvons donc parler d’un défi considérable et stratégique.

 

 

La cohérence de l’engagement de nos Églises

 

Lors d’une rencontre inter-Églises, avec une quarantaine de jeunes des assemblées de l’agglomération grenobloise, l’orateur posait cette question : « Qu’est-ce que vos parents attendent de vous ? » Les réponses collectées dans l’ordre étaient les suivantes : communiquer avec nous ; être fiers de nous ; une relation de confiance ; que je devienne indépendant, adulte ; que je sois heureux ; ma réussite sociale et familiale ; que je sois obéissant.

De bonnes choses en soi, au premier abord, mais pas un retour, pas une seule allusion à la foi, à Dieu, à la relation personnelle à vivre et entretenir avec notre Seigneur.

L’objectif d’un parent pour son enfant, bien que celui-ci dépende de la grâce de Dieu, n’est-il pas qu’il rencontre le Seigneur et marche sur le chemin étroit ?

Plusieurs de ces jeunes suivent aujourd’hui notre Seigneur, mais ils ne semblaient pas avoir perçu cet objectif comme primordial de la part de leurs parents. Des réponses équivalentes seraient sans doute données dans n’importe quelle classe de lycéens.

Plusieurs questions se posent ainsi sur ce que nous communiquons à notre jeunesse en tant que famille, en tant qu’Église, en tant que responsable jeunesse, en tant que chrétiens !

• Est-ce que nos priorités sont claires ?

• Si oui, est-ce que notre message est cohérent ? Notre exemple de vie tient-il la route ?

• Si oui, est-ce que nous nous donnons les moyens suffisants ?

 

Selon le forum francophone du ministère parmi les enfants, seulement 15 % des efforts de l’Église sont orientés en faveur d’un ministère à leur service. Qui dans l’Église locale est équipé pour comprendre et répondre aux besoins de la jeunesse d’aujourd’hui ?

• Se sentir proche d’eux, tout en ayant suffisamment de recul sur sa propre enfance. Témoigner d’une maturité spirituelle éprouvée et posséder cette fibre de sensibilité et de compassion envers la jeunesse.

• Être motivé pour vivre avec eux,partager des moments de complicité et répondre à leurs questions…

• Être un repère à ces âges où le corps, le coeur et l’intelligence se transforment.

• Être un confident, une aide au quotidien, un conseiller pour les choix importants de la vie et un soutien dans les défis et les épreuves.

 

Un état des lieux rapide révèle, malgré quelques exceptions réjouissantes, un manque de moyens humains et matériels effectifs pour mener à bien nos actions jeunesse. Nos centres de vacances, pourtant bénis et au coeur de l’action en savent quelque chose. Dans nos assemblées, les responsables de groupes de jeunes formés et disponibles ne sont pas si nombreux. Nos anciens et pasteurs sont souvent débordés et confient ces responsabilités à de jeunes adultes dynamiques et bien disposés, mais pas forcément équipés.

 

 

Stratégie et outils actuels

 

Que pouvons-nous donc proposer comme formation à nos responsables jeunesse ? Avant de parler de quelques outils, il me semble que nous devons avant tout prendre conscience de ce défi, le partager dans nos églises locales et prier ! Que le maître de la moisson envoie des ouvriers… Selon la moyenne d’âge constatée, il s’agirait aussi de moniteurs d’école du dimanche, de leaders jeunesse et d’animateurs ! Des personnes qui ont les dons nécessaires et le coeur pour s’adresser aux jeunes générations. Des personnes formées qui savent tirer des conclusions et des applications des belles histoires bibliques racontées aux enfants, qui présentent le coeur de l’Évangile plutôt qu’une approche de la foi légaliste.

Ne faudrait-il pas que des évangélistes et des enseignants rejoignent les équipes de leaders jeunesse ?

Pour compléter une formation biblique personnelle, pourquoi ne pas envoyer nos futurs moniteurs d’école du dimanche aux formations de l’AEE (Association pour l’Évangélisation des Enfants) ou de la LLB (Ligue pour la Lecture de la Bible) ? Une idée : organiser une session dans sa ville en se réunissant à plusieurs Églises. Pour les préadolescents jusqu’aux jeunes aînés, AJC coordonne une formation spécifique de leader jeunesse en partenariat avec l’Institut biblique de Genève (30 heures de cours réparties sur 3 week-ends en 2 ans). Vous pouvez aussi contacter AJC, qui pourrait organiser un week-end de formation décentralisé.

 

 

Éviter les faux plis ? 

 

Pour Rick WARREN, trois choses nous empêchent d’être utilisés par Dieu : l’hédonisme, le matérialisme et le sécularisme. C’est, selon lui, ce que la Bible appelle « la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie » en 1 Jean 2.16.

Le monde ne cesse de nous tenter dans ces domaines et je pense que nous sommes plus influencés dans ces mauvaises directions que nous le croyons. Comment se débarrasser de nos mauvaises habitudes ? Le meilleur moyen n’est-il pas d’éviter au maximum les faux plis ? Réalisons la pression à laquelle notre jeunesse est confrontée à chaque instant… et donnons-nous des moyens conséquents pour rectifier le tir.

Une citation, dont le nom de l’auteur m’est inconnu, peut nous faire réfléchir : « Un adulte qui se convertit est une âme sauvée, un enfant qui donne sa vie à Jésus est une vie sauvée… »

 


NOTES

 

1. « Les ados et leurs croyances » – Les Éditions de l’atelier

 

2. Citation d’Olivier REVOL, neuropsychiatre de l’enfant, auteur de « J’ai un ado, mais je me soigne »

 

3. « Cette jeunesse est pourrie depuis le fond du coeur. Les jeunes gens sont malfaisants et paresseux. Ils ne seront jamais comme la jeunesse d’autrefois. Ceux d’aujourd’hui ne seront pas capables de maintenir notre culture. » (Inscription sur une poterie babylonienne – 3000 av. J.-C.)