Reconnaître et exercer ses dons

 

 

Par DANIEL MATTIOLI

Daniel Mattioli

 

 

Le chrétien doit d’abord passer par l’acceptation du fait que, créé par Dieu, il a reçu une vie « riche d’oeuvres bonnes à pratiquer » (Ép 2.10). De se considérer capable ou doué ne pousse pas à l’orgueil, mais plutôt à la reconnaissance. En effet, puisque tout vient de Dieu… où est la raison de se vanter (1 Co 4.7) ? À l’inverse, ne pas accueillir avec sérieux les dons que Dieu fait, cela peut être une forme de fausse humilité.

Après avoir reçu du Créateur, par la lecture des Écritures, la prière et l’écoute de l’Esprit saint, la certitude que Dieu équipe ses enfants de dons pour la construction de son royaume, le chrétien passe aux deux étapes suivantes : découverte et exercice de ses dons.

 

 

Découvrir ses dons

 

Dans une première phase, on peut profiter du questionnaire de Schwarz. Il s’agit de cent quatre-vingts questions auxquelles on répond instinctivement ; un autre questionnaire, plus petit, est pris en charge par quelqu’un de notre entourage qui nous connaît bien.

Ensuite, pour affiner, on peut continuer en franchissant six étapes.

 

1. Prier

Cela permet de ne pas camper sur des acquis : ne pas rester uniquement sur une pratique des dons que nous exerçons depuis longtemps, mais chercher si Dieu nous a accordé d’autres dons. Nous pouvons aussi prier pour recevoir un don. Cependant, cette prière devrait être limitée dans le temps : n’en faisons pas une revendication devant Dieu.

 

2. Se rendre disponible

Dieu accorde des dons en vue du service, pour le bien de l’autre (1 P 4.10). Nous pouvons demander aux anciens de notre assemblée de

nous faire part des besoins de l’Église et de leurs propositions de service.

 « C’EST EN FORGEANT QU’ON DEVIENT FORGERON »

forge3. Acquérir des connaissances

Si on ignore l’existence et la valeur des différents dons, il est difficile de découvrir ceux que Dieu nous a confiés. Il convient à la fois d’examiner personnellement les textes bibliques qui s’y rapportent, de lire des livres sur le sujet, éventuellement de suivre une formation et de prendre contact avec les personnes qui ont des dons.

 

4. Développer la joie comme motivation

Servir est aussi un plaisir. Quand le service correspond aux dons, cela conduit aussi à l’épanouissement et on éprouve de la satisfaction. Être à l’écoute de ce paramètre peut nous aider à voir si nous sommes « faits » pour un service ou pas.

 

5. Faire de nombreux essais

Les qualifications se confirment, le plus souvent, par les résultats que génèrent plusieurs essais. L’exercice des dons spirituels doit être suivi de résultats. Le soi-disant évangéliste qui ne conduit pas d’homme à la conversion n’est pas un évangéliste, il est simplement un témoin. Un enseignant qui en a le don réussit à fournir explications et pistes de réflexion de manière captivante.

 

6. Se soucier de l’avis des autres

Ce critère est essentiel et constitue un garde-fou indispensable. Si je suis seul à me croire doué pour un ministère, je peux me tromper ; mon don nécessite d’être reconnu par les chrétiens qui m’entourent et me connaissent. Une des premières démarches pour appliquer cette étape est de rencontrer le collège des anciens qui connaît les besoins de l’assemblée et qui m’a peut être déjà observé dans l’action.

 

 

Développer ses dons

 

• Pour la personne qui vient de découvrir un don, il sera utile d’une part de suivre une formation solide et d’autre part de chercher un formateur doué dans ce domaine là. Qu’elle n’hésite pas à faire de nombreux essais pour progresser. Le don d’enseignement est un bon exemple : quelqu’un peut avoir ce don, mais à cause de l’inexpérience, parce qu’il se sent intimidé devant un grand public, il se peut qu’il perde ses moyens. Les opportunités répétées peuvent lui permettre de dépasser l’obstacle de la timidité et d’être libre de développer son don.

 

• Pour celui qui exerce son don depuis un certain temps, je donnerais deux conseils :

– Être en constante formation. Pourquoi ne pas suivre un séminaire tous les deux ans par exemple ? C’est comme une piqûre de rappel.

– Être en constante « redevabilité ». Dans la prédication par exemple, on peut donner le droit à une personne (style formateur) de nous faire un retour, même si nous avons des années d’expérience.

 

 

Une évolution au cours de l’existence ?

 

Des dons peuvent apparaître pendant notre vie :

Le don de sagesse est étroitement lié à l’expérience, à la maturité. Un facteur âge est aussi à considérer. En ce qui me concerne, à 20 ans, j’étais doué avec les adolescents. Aujourd’hui, je me sens moins doué. En fait, c’est l’application des dons qui peut se faire dans un autre cadre.

 

Des dons peuvent ne pas rester toute notre vie :

À la lumière de l’expérience, j’ai l’impression que Dieu peut reprendre des dons dans des contextes où il n’y en a plus besoin ou parce qu’il voudrait que quelqu’un d’autre fasse un service. Par exemple, j’ai joué de la guitare quand j’étais jeune pasteur. Puis l’Église s’est modifiée et des jeunes sont venus. Ils avaient le même don que moi. J’ai accepté de céder ma place. Le don n’a pas disparu. Cependant, Dieu m’a ôté l’ardent désir de jouer : ce n’était plus pour moi quelque chose d’important.

 

 

Exercer ses dons

 

Dans le Nouveau Testament, toutes les affirmations importantes concernant les dons font référence à l’édification du Corps (1 Co 14.2-5 ; Ép 4.12). Ils sont donc destinés à faire du bien aux autres, en priorité dans le cadre de la communauté. Ils peuvent s’exercer hors de l’Église, mais en accord avec et sous l’autorité de l’Église.

Comment les Églises fonctionnent-elles dans leurs propositions de services ? Devant un besoin, une Église naissante ne se demande pas : Qui a le don pour ce service ? Elle s’interroge davantage ainsi : Qui est disponible ? Qui veut prendre en charge ce service ? Une Église plus établie peut adopter une autre logique : servir selon les dons de chacun. La bonne volonté ne suffit pas. J’encouragerais une Église à rentrer dans un processus où elle passe d’un service selon les bonnes volontés à un service selon les dons. Il faut néanmoins veiller à se donner le temps de la transition et agir avec sensibilité.

 

D.M.

 

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