Temoignage

 

Moi aussi, j’aime ma femme !

 

 homme-femme

 

par C. C.

 

Un soir de travail, je dînais dans l’unique hôtel-restaurant d’un village, seul avec trois convives à qui je tournais le dos. Les langues allaient bon train, et bon gré mal gré j’entendais toute leur bruyante conversation, lorsqu’ils se mirent à commenter un fait divers du journal : un homme connu comme fort honorable et respectable, avait tué sa femme. Les gendarmes lui avaient demandé :

 

— Mais enfin, Monsieur… comment en êtes-vous arrivé là ?

 

— Ah, répondit-il, j’avais confiance en ma femme et je l’aimais. Elle me trompait, alors je l’ai tuée. Les trois compagnons étaient unanimes à dire que pareille mésaventure ne pourrait leur arriver : opinion tout à leur honneur, car bien qu’absents du foyer toute la semaine, ils avaient une confiance totale en leur épouse.

 

C’est alors que l’un deux dit à son voisin :

 

— Supposons quand même que pareil malheur conjugal nous arrive. Que ferais-tu ?

 

— Je ferais comme le bonhomme. J’aime beaucoup ma femme, mais je ne tolérerais pas ça, je la tuerais.

 

Vexé, il avait répondu spontanément : la bouche avait parlé de l’abondance du coeur.

 

Le second interrogé à son tour se trouva aussi humilié que le précédent et répondit tout aussi spontanément :

 

— Moi, je ne me rendrais pas criminel pour une femme qui n’en vaut pas la peine, mais ce serait fini, je ne pourrais plus l’aimer. Je lui donnerais une bonne « raclée » et je la flanquerais à la porte.

 

Et prudent :

 

— Et, si je suis assez fort, je donnerais aussi une « raclée »à l’homme.

 

Le troisième, celui qui avait émis l’hypothèse, restait silencieux.

 

— Et toi, que ferais-tu ? lui demandèrent enfin les autres.

 

Après un long silence, il répondit :

 

— Moi, j’irais la trouver et je lui demanderais ce que j’ai bien pu faire ou ne pas faire pour provoquer sa conduite. Et après une franche explication, je lui dirais : Si tu me promets d’essayer de ne plus recommencer, je passe l’éponge, n’en parlons plus jamais et repartons « à zéro », comme si rien ne s’était passé. Car voyez-vous, continua-t-il, MOI AUSSI J’AIME BEAUCOUP MA FEMME, ET JE NE VOUDRAIS PAS LA PERDRE.

 

TOUS aimaient sincèrement leur femme, mais devant la même épreuve, l’amour de chacun d’eux se serait manifesté très différemment…

 

Cette histoire est très ancienne et à l’époque, je n’étais pas marié. Malgré tout je m’étais posé la même question que les compagnons. Aujourd’hui, me semble-t-il, chacun pourrait également s’interroger : « Qu’aurais-je répondu à cette question ? » Et aussi : « Quelle réponse aurait été parfaitement conforme à la pensée du Seigneur ? »

 

Un jour, le Seigneur fut en admiration devant un officier romain (Mt.8.10), et il conclut :

— Je vous l’assure, dans tout Israël, je n’ai encore trouvé chez personne une telle foi.

 

Le Seigneur a sans doute apprécié de la même façon les paroles du troisième convive. Dans l’Eglise, trouve-t-il souvent un tel amour pour le prochain ? A chacun de s’examiner et de s’éprouver lui-même (2 Cor. 13.5).

 

Personnellement, c’est bien là la plus grande leçon d’amour et de pardon que j’aie jamais reçue d’un homme. Et pourtant, d’après les conversations entendues il est certain qu’il était inconverti.

 

C.C.