L’Église face aux situations

 

matrimoniales diverses

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PROPOS RECUEILLIS PAR

MARCEL REUTENAUER

Reutenauer

 

S’il est une réalité à laquelle nos assemblées doivent de plus en plus fréquemment faire face, c’est celle des situations matrimoniales très variées de ceux qui se convertissent à Jésus-Christ ou du moins montrent un intérêt pour la foi. Mais l’on déplore aussi des cas de croyants qui s’engagent dans des liaisons contraires aux prescriptions bibliques.

« Servir » a interrogé cinq serviteurs de Dieu1 sur ces questions et leurs manières de gérer ces situations.

 

 

1) Ton Église a-t-elle accueilli des personnes dont la situation matrimoniale est particulière et qui étaient ou sont nées de nouveau ?

 

Tous les serviteurs confirment faire face à des situations familiales « modernes et contemporaines » comme le divorce avant d’adhérer à la foi, le concubinage, les familles monoparentales, recomposées, etc.

Parmi les situations particulières signalées :

• un couple pour lequel des promesses privées constituaient leur mariage,

• un homme divorcé et privé du contact avec ses enfants,

• des chrétiens en couple dont les fiançailles semblent anticiper le mariage,

• des chrétiens seuls ou divorcés qui recherchent, sans repères spirituels clairs, un conjoint.

 

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2) Quelles ont été tes réactions et celles des membres de l’Église ?

 

« Quelle que soit la situation de la personne, son vécu et son présent, elle est la bienvenue. Puisque Christ a donné sa vie à la croix pour tous, alors qu’aucun n’était juste (Rm 5.6, 8, 10 ; Ép 2.8-9), toute personne est à accueillir comme Christ lui-même le faisait, et bien plus il allait au-devant de personnes à la moralité douteuse. » C’est le principe de base qu’énonce Mathieu G.

 

« Mais l’accueil inconditionnel, continue- t-il, ne doit pas nous faire oublier les enseignements de la Bible qui doivent être exposés clairement dans l’Église. »

 

Geoff C. recommande de bien juger tous les aspects d’une situation, de créer un climat de confiance, en ayant le souci de communiquer la grâce et la vérité.

 

J-Luc T., avec l’avis du Conseil d’Église, invite les personnes nouvelles à observer la vie de l’Église pour qu’elles découvrent le salut en Jésus-Christ et propose le parcours Alpha couples qui peut être suivi du parcours En savoir plus.

 

Les membres accueillent plutôt avec bienveillance, convaincus de l’amour de Dieu, considérant que ces nouveaux convertis ont encore à découvrir les principes bibliques de vie chrétienne. Les chrétiens qui ont un vécu semblable mettent l’accent sur l’accueil alors que d’autres prônent la discipline avec moins de nuances.

 

 

3) Des personnes ont-elles été invitées à régulariser leur situation ? Comment ?

 

couple-3« Oui, dans le cadre d’un entretien avec un Ancien. J’espère surtout que l’enseignement donné dans l’Église est une invitation permanente à régulariser toute situation non conforme », dit Geoff C.

 

« Nous exposons la position biblique tout en respectant les choix de chacun », dit Daniel M.

 

« En règle générale, les personnes viennent d’elles-mêmes expliquer leur situation, et il est alors possible de parler avec elles, sans jugement, mais dans l’accompagnement. Dans le cas de couples non mariés, ils savent que leur situation n’est pas en règle et attendent souvent une proposition de préparation au mariage. »

 

« Lorsque les personnes ne s’expriment pas, il n’y a pas de rencontre formelle. Quand on les connaît mieux – après une invitation à un repas – les questions se posent bien plus naturellement que dans le cadre de réunions disciplinaires qui à certains égards pourraient être qualifiées d’abusives », dit Mathieu G.

 

L’accompagnement de ces personnes nécessite amour, sagesse et patience. La préoccupation primordiale du pasteur est d’encourager et de soutenir dans le cheminement vers la régularisation d’une situation.

 

• Un couple vivant en concubinage a rejoint l’Église, suite à la conversion de l’homme. Lorsqu’il a souhaité se faire baptiser, il a été invité à se marier ou à rompre la relation, mais il était en instance de divorce. Avant le mariage, il a été demandé au couple d’arrêter les relations sexuelles. Le mariage a été célébré à l’Église avec plusieurs aménagements, un rappel des circonstances antérieures et un enseignement plus développé sur les fondements bibliques du mariage. La formulation de l’échange des promesses entre les deux mariés a été mûrement réfléchie avec le pasteur.

 

• En concubinage – ou PACS – avant leur conversion, un couple est invité à conclure un mariage civil, mais, s’il demande une cérémonie religieuse, nous célébrons le mariage par un culte de 1ère classe !

 

• Dans le cas d’une cohabitation entre chrétien, membre de l’Église, et non-chrétien, l’équipe pastorale a entrepris une démarche d’avertissement et de mise sous discipline (non-participation à la Cène, arrêt des responsabilités dans l’Église, etc.). Si cela débouche sur le mariage, l’Église ne fera pas de cérémonie religieuse. « Dans un tel cadre, je suis déjà intervenu pour un temps de méditation et de prière avec un échange de promesses adapté et l’invitation à suivre un parcours Alpha couples », dit J-Luc T.

 

• Dans un cas d’adultère, l’épouse infidèle a rompu elle-même la relation avec l’Église et tous les essais de contact ont échoué. Comme elle fréquentait une autre Église proche, le pasteur de cette communauté a été averti de sa situation réelle. Ainsi elle a été invitée à se repentir. Le conjoint trompé a été soutenu et entouré par les frères et soeurs de l’Église. Puis l’épouse infidèle a fait une démarche de repentance envers Dieu, et plus tardivement envers son mari. Mais le chemin d’une reprise de la vie conjugale est long.

 

• Deux jeunes adultes, convertis, ont habité ensemble longtemps sans suspecter que leur relation pouvait ne pas être conforme à la Bible. Quand ils l’ont appris lors de la préparation au mariage, ils ont régularisé.

 

• Deux personnes – elle seule chrétienne – étaient en concubinage. Quand l’homme s’est finalement converti et qu’ils ont suivi un enseignement sur le mariage, ils ont naturellement obéi à Dieu.

 

« Malheureusement, toutes les situations ne se résolvent pas positivement », regrette J-Luc T.

 

 

4) Avez-vous imposé à ces personnes des restrictions à leur participation dans la vie d’Église ? Lesquelles et pendant combien de temps ?

 

« En général, les personnes choisissent librement de ne pas participer à la Cène. Cela est dû au fait que dimanche après dimanche est donné un avertissement clair au sujet des exigences bibliques », dit Naina A.

 

« Il est difficile d’utiliser la Cène comme moyen de discipline sans être injuste et sans porter les problèmes à la connaissance de l’Église. Pour ces raisons, nous invitons les chrétiens à s’autodiscipliner », précise Geoff C.

 

« Si les personnes concernées maintiennent leur position – ce que nous respectons –, nous leur signalons les requis bibliques à la participation au repas du Seigneur. Et cela tant que dure leur situation. Chacun est le bienvenu aux cultes dominicaux et à toutes les activités ordinaires de l’Église ; quant aux services en Église, cela est exclu », explique Daniel M.

 

« Pour la participation des personnes nouvelles aux cultes, nous n’imposons pas de discipline particulière. Pour la Cène, chacun est invité à s’examiner soi-même. Dans un cas de mise sous discipline, nous avons saisi l’occasion pour adresser une “Lettre pastorale” aux membres, pour clarifier l’enseignement en matière de mariage et de sexualité à toute l’Église. Si la personne ayant été mise sous discipline se repent de ses actes, l’équipe pastorale la rencontrera en privé ; mais, dans certains cas, il y aura confession publique », complète J-Luc T.

 

 

5) Est-ce que ces restrictions sont spécifiques à la situation maritale de ces personnes ou bien s’appliquent-elles à d’autres situations de désordre ?

 

« Toutes les situations illicites sur les plans doctrinaux et éthiques devraient se voir appliquer les mêmes dispositions », disent Daniel M. et Geoff C.

 

« Toutes les situations de désordre (conflit public, etc.) et de vie non conforme aux exigences bibliques donnent lieu à une démarche pastorale au cours de laquelle la personne est avertie et invitée à se repentir. Si elle persiste dans son attitude, elle pourra être rayée de la liste de membres de l’Église », précise Naina A.

 

Les gens ne sont ni trop bons pour rester en dehors de l’Église, ni trop mauvais pour ne pas y entrer.

 

 


NOTE

 

1. Naina ANDRIAMANAMPISOA, Geoff CAWSTON, Mathieu GANGLOFF, Daniel MATTIOLI et Jean-Luc TABAILLOUX