Valeur du sang de Christ

 

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Par JEAN-YVES LE GUEHENNEC

 

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Le sens riche du sang

 

Dans la langue de Molière, les expressions liées au sang sont riches. Mais le sens que lui donne la Parole de Dieu l’est encore plus !

 

 

Souvent en parallèle avec la mort de Christ

 

Dans le Nouveau Testament, le sang versé symbolise une mise à mort. D’ailleurs, concernant Jésus, c’est souvent en parallèle avec sa mort que le sang de Christ est mentionné (Rm 5.9s ; Hé 9.14s). Mais le sang du Christ est fréquemment associé à notre rédemption1. Pierre ne manque pas de le rappeler à ses lecteurs (1 P 1.18-19) :

Vous savez, en effet, à quel prix vous avez été délivrés de la manière de vivre insensée que vos ancêtres vous avaient transmise. Ce ne fut pas au moyen de choses périssables, comme l’argent ou l’or ; non, vous avez été délivrés par le sang précieux du Christ, sacrifié comme un agneau sans défaut et sans tache.

 

 

Effets et bénédictions multiples du sang versé par Christ

 

Ce sang versé par le Christ constitue la preuve extérieure qu’il a livré sa vie en sacrifice pour nos péchés2. Toutefois, avec ce sang versé – et sa vie offerte –, il serait trop restrictif de n’apprécier uniquement que la suppression de notre culpabilité légale devant Dieu. En effet, si c’est bien l’effet principal, les bénédictions ne s’arrêtent pas là pour autant.

 

En effet, par le sang de Christ, nous sommes réconciliés et avons la paix avec Dieu (Col 1.20). Cela nous rend justes (Rm 5.9s). Considérons ce privilège : le libre accès à Dieu nous est assuré et nous offre une communion avec lui (Hé 10.19). Non seulement nous sommes délivrés des péchés (Ap 1.5), mais nous avons été libérés de la manière futile de vivre, transmise par nos pères (1 P 1.18s). C’est pourquoi nos consciences sont purifiées (Hé 9.12, 14 ; 13.12) et nous continuons progressivement d’être purifiés (1 Jn 1.7 ; cf. Ap 1.5). Finalement – autre bénédiction dont nous sommes bénéficiaires –, il nous rend capables de remporter la victoire sur l’Accusateur des frères (Ap 12.10s).

 

 

Moyen d’expiation et de propitiation

 

Aux chrétiens de Rome, Paul ne laisse aucun doute sur l’origine salvatrice du sang de Christ (Rm 3.23-25) :

 

Tous, en effet, ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ; et c’est gratuitement qu’ils sont justifiés par sa grâce, au moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ. C’est lui que Dieu s’est proposé de constituer en expiation, au moyen de la foi, par son sang, pour montrer sa justice ; parce qu’il avait laissé impunis les péchés commis auparavant.

 

Bref, le sang de Christ apparaît comme un moyen d’expiation (le verbe hébreu traduit par « expier » ou « faire expiation » signifie « couvrir » ; l’expiation est l’action de couvrir, d’effacer une faute ou des souillures3) ou de propitiation (du latin propitiare, rendre favorable ; apaisement de la colère de Dieu, qui le rend favorable4). Le sang de Christ accomplit véritablement ce que le sang des victimes sacrificielles de l’Ancienne Alliance n’effectuait que rituellement (Hé 9.12-14)5.

 

 

Le sang de Christ ne sauve pas tant que sa mort substitutive

 

Enfin, à proprement parler, ce n’est pas le sang en tant que tel qui a une fonction salvatrice6 : lui-même ne sauve pas ! En revanche, ce qui nous sauve, c’est la mort de Jésus-Christ, sa vie donnée comme sacrifice substitutif. Mais le sang versé symbolise son amour manifesté à l’extrême (Jn 13.1).

 

J-Y.LG.


 

NOTES

 

1. Du latin redimere, « racheter ». Ce rachat renvoie à l’oeuvre de salut accomplie par Christ.

 

2. Wayne GRUDEM, Théologie systématique, Excelsis, chapitre 27 sur l’expiation.

 

3. Alain NISUS, Pour une foi réfléchie, Théologie pour tous, p.847.

 

4. Ibid.

 

5. Le grand dictionnaire de la Bible, Excelsis, Collection OR, article « sang ».

 

6. Cf Alain NISUS, p.488 ou Ibid p.1512.