C’était écrit…

 

Les prophéties accomplies à la croix

 

Par Marie-Christine Fave

 

M.C.Fave

 

Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures ; il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures1, affirme l’apôtre Paul en répétant l’expression : selon les Écritures.

Jésus lui-même expliquait à ses disciples : il fallait que s’accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les Psaumes2. Les évangiles de leur côté relient certains évènements à des textes de l’Ancien Testament en déclarant par exemple : afin que l’Écriture soit accomplie.

 

 

 L’Écriture accomplie

 

Dans le tableau ci-dessous, les faits mentionnés sont explicitement perçus comme l’accomplissement de l’Écriture par l’évangéliste :

 

Évènements concernant Jésus à la croix    Textes de l’Ancien Testament

 « J’ai soif » (parole de Jésus)

  (Jn 19.28-29)

 Ps 69.22 (David)

 Ses vêtements sont partagés

 Sa tunique est tirée au sort

 (Jn 19.23-24 ; Mt 27.35)

 Ps 22.19 (David)

 Ses os ne sont pas brisés

  (Jn 19.33, 36)

 Ps 34.21 (David) , même si le temps du verbe n’est pas le même.

 Les os de l’agneau pascal ne devaient pas être brisés

 (Ex 12.46 ; Nb 9.12)

 Son côté est percé

  (Jn 19.34, 37)

 Za 12.10

 Il a été compté parmi les malfaiteurs

  (Lc 22.37)

 És 53.12

 Le berger est frappé et les brebis du troupeau sont dispersées…

 Les disciples l’abandonnent et prennent la fuite.

 (Mt 26.31, 56)

 Za 13.7

   

Ces textes prophétiques sont rédigés environ 1000 ans (David), 700 ans (Ésaïe) et 500 ans (Zacharie) avant les faits.

Matthieu cite un autre accomplissement : Alors s’accomplit la parole du prophète Jérémie : Ils ont pris les trente pièces d’argent… (Mt 27.9) La mention du prophète Jérémie peut surprendre puisqu’on lit une prophétie concernant les trente pièces d’argent dans Zacharie (Za 11.12 et 13). Les commentateurs proposent plusieurs explications, dont notamment cette hypothèse : « Matthieu aurait pu penser à deux passages de Jérémie, celui de 18.2 à 15 et 19.1 à 15, en même temps qu’à celui de Zacharie, ne mentionnant que le premier des deux prophètes. »3

 

En lisant les récits de la crucifixion, on constate la réalisation d’autres versets du Psaume 22 et du chapitre 53 d’Ésaïe, même si l’évangéliste ne fait pas référence à ces textes.

 

Ancien Testament   Réalisation

 « Ils ont percé mes mains et mes pieds. » (Ps 22.17) 

 « il était transpercé à cause de nos crimes… » (És 53.5)

 Crucifixion

 « Il a été maltraité… »  (És 53.7)

 Jésus est battu, crucifié.

 On crache sur lui…  (Mc 15.15-20)

 « semblable… à une brebis muette… Il n’a pas ouvert la bouche. » (És 53.7)

 Jésus ne répond rien aux accusations…  (Mt 27.12-14)

 « Son sépulcre avec le riche » (És 53.9)

 Le corps de Jésus est déposé dans un tombeau neuf

d’un homme riche d’Arimathée nommé Joseph (Mt 27.57, 60)

 Moqueries (Ps 22.8)  Moqueries (Mt 27.39-41)

 

 

L’Écriture citée

 

Il s’est confié en Dieu ; que Dieu le délivre maintenant, s’il l’aime (Mt 27.43). Dans leurs moqueries, les religieux juifs reprennent probablement en partie le verset 9 du Psaume 22.

 

De son côté, Jésus cite le Psaume 22 : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Cette question n’est pas comprise par ceux qui l’entendent puisqu’ils pensent que Jésus appelle le prophète Élie. Cependant, ce cri nous saisit en nous montrant la solitude de Christ au moment où il subit le jugement de Dieu « à cause de nos crimes » (És 53.5). « Ce n’est pas l’expression d’un doute ou d’une défaillance de la part de Jésus, explique Henry Bryant3, mais plutôt le reflet de la réalité d’une séparation infiniment douloureuse entre Dieu le Père et son Fils… » dans ces instants-là. Et on peut penser que Jésus exprime cette souffrance en citant cette question.

 

Père, je remets mon esprit entre tes mains (Lc 23.46). Cette dernière parole de Jésus sur la croix, dite « d’une voix forte » exprime un acte volontaire et de confiance envers Dieu le Père. On retrouve cette déclaration dans le verset 6 du Psaume 31, mais sans le mot Père. Jésus s’adresse à Dieu avec le terme Père juste avant d’expirer et lorsqu’il demande : Père, pardonne-leur… (Lc 23.34) Cela sous-entend une proximité alors que, entre ces deux phrases, Jésus s’était écrié : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?

 

Dans ces heures si difficiles, Jésus cite les psaumes. C’est un exemple pour nous… Faire le choix de nourrir nos pensées de la Parole de Dieu quand on traverse un temps d’épreuve, de désert : notre regard sur la situation sera probablement transformé et notre être intérieur fortifié.

 

 

Tout est accompli

 

C’est le constat de Jésus avant de rendre l’esprit (Jn 19.30). On peut aussi traduire : C’est achevé. Il n’y a rien à rajouter. Jésus a achevé l’oeuvre que Dieu lui a donné à faire comme il l’affirme dans sa prière (Jn 17.4). Et Jean précise qu’avant de prendre le vinaigre, Jésus savait que déjà tout était achevé (Jn 19.28). Ce que l’Écriture avait annoncé était réalisé.

 

 

MC.F.

 


NOTES

 

1. Extrait de 1 Co 15.3-4

 

2. Lc 24.44

 

3. Henry BRYANT, Matthieu – Commentaire biblique, Éditions CLE