Faire la paix avec le passé1

 

Par Jonathan Hanley

 

J-Hanley

Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle

créature. Les choses anciennes sont passées ;

voici : toutes choses sont devenues nouvelles.

2 Corinthiens 5.17

 

 

 

 

Ce verset nous interpelle chaque fois que nous constatons les effets malheureux du passé dans la vie du chrétien. L’Évangile nous apprend que Jésus nous libère et veut nous donner la vie en abondance ; pourquoi donc cette délivrance n’est-elle pas plus évidente pour tant de personnes ?

Les exemples ne manquent pas. Un ami autrefois alcoolique retourne à son whisky. Un jeune homme enthousiaste pour le Seigneur reprend ses anciennes habitudes homosexuelles. Une chrétienne reproduit avec ses propres enfants les schémas de violence subis pendant son enfance.

 

Il se trouve dans toutes les Églises des chrétiens qui réagissent mal aux difficultés du passé et d’autres qui parviennent à s’en libérer. Comment se peut-il que l’un manifeste une force tranquille tandis que l’autre nécessite un soin pastoral constant pour garder le cap de la foi ?

 

 

« MAIS LA BIBLE DIT QUE… »

 

Devant les problèmes des autres, nous aurions tendance à prononcer des formules toutes faites ou citer un verset biblique. Cette approche relève souvent de la paresse ou de l’indifférence à l’égard de leurs souffrances. Mais même si un verset ne résout pas un problème, le cheminement du chrétien hors de la prison de son passé se fera toujours Bible ouverte. La question est de savoir comment appliquer les Écritures dans la réalité de notre quotidien.

 

La clé pour quitter le cachot du passé ne se trouve pas dans une formule, comme une ordonnance qui nous prescrit des cachets à avaler, mais dans le cheminement en compagnie de Jésus. Autrement dit, dans une vie de disciple fidèle. La vie chrétienne est un voyage qui nécessite d’apprendre à connaître Dieu en théorie et en pratique, de se repentir du péché et de résister à la tentation, d’être patient avec soi-même (et les autres), et de laisser Dieu accomplir pas à pas son oeuvre en nous.

 

La banalité de cette affirmation ne doit pas en cacher la pertinence. Si nous sommes si nombreux à vivre sous la chape du passé, le problème ne se situe pas au niveau des principes bibliques, mais en ce que nous échouons à les mettre en pratique.

 

 

UNE TRANSFORMATION, PAS UN SOULAGEMENT

 

Nous sommes impatients et quelque peu paresseux. Un agriculteur sait planter, puis attendre le temps nécessaire avant de récolter le fruit de son labeur. Nous avons perdu l’habitude d’attendre des résultats. Nous voulons tout à notre disposition, dans les rayons, sous cellophane, prêt à l’emploi.

Nous voulons que notre passé soit réparé sans effort de notre part.

 

Même s’il nous faut de la patience, Dieu, dans sa grâce, atténue souvent les effets de nos souffrances passées. Mais il attend généralement que nous nous mettions en route avec lui dans un esprit d’humilité, et non d’exigence.

 

 

« ET SI MES SOUFFRANCES SONT DE MA FAUTE ? »

 

Un jour, dans l’espace musique de la médiathèque, je fais tomber un CD, brisant la charnière du boîtier. Mon premier instinct est de jeter un regard coupable autour de moi pour voir si on m’a vu. Personne aux alentours. Soulagé, je vais pour remettre le disque dans le rayon. Ils penseront que quelqu’un d’autre l’a cassé.

 

Puis je perçois le ridicule de mon attitude. L’amende « bris de boîtier CD » s’élève à un euro. Je m’approche de la responsable derrière son bureau.

 

– Excusez-moi, Madame, j’aimerais emprunter ce CD, mais je viens de casser le boîtier. Je peux payer l’amende ?

 

Pas de honte. Ça arrive à tout le monde. La clé, c’est d’assumer. Nous vivons dans une société qui a institutionnalisé le report de la culpabilité sur autrui. Nous connaissons tous des personnes qui, après un parcours composé de fautes et de mauvais choix, s’attendent à ce que la société (ou Dieu, ou l’Église) leur épargne les conséquences de leurs échecs. Je n’ai jamais connu quelqu’un qui ait surmonté ce genre de situation sans admettre clairement sa culpabilité, en exprimant une demande de pardon.

 

 

LES CHRÉTIENS SONT AVANTAGÉS

 

Les chrétiens disposent d’un avantage dans ce domaine. Faire la paix avec le passé peut vouloir dire « pardonner », « accepter », « vivre avec », « assumer ses mauvais choix », ou « réparer ». Mais une vérité fondamentale demeure au centre de la vie du chrétien : le miracle de la nouvelle naissance nous libère de l’emprise du passé (« Voici : toutes choses sont devenues nouvelles »), sans forcément nous en épargner les conséquences.

 

Le chrétien vit dans le cadre d’une alliance avec son Créateur. En sa capacité de concepteur de l’être humain, Dieu sait mieux que quiconque comment réparer et reconstruire.

 


NOTES

 

  1. Adapté de Vers une foi sereine, Jonathan Hanley, Éditions Farel, 2004

 

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