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Par Éric Preud’homme

 

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Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles.

2 Co 5.17

 

 

 

Il existe deux attitudes différentes concernant notre passé qui peuvent nous poser des problèmes sérieux si nous n’y prenons pas garde. La première consiste à regarder le passé comme « le bon vieux temps » où tout semblait plus facile : on regrette les lieux disparus, les êtres chers, le temps de l’enfance. Nous tombons alors dans la nostalgie, nous ne vivons que de souvenirs. Nous essayons d’avancer en ne fixant que le rétroviseur. Inversement, il y a certains évènements vécus que nous souhaiterions complètement effacer de nos mémoires tant les conséquences furent douloureuses. Parfois, ce sont nos propres choix qui nous ont conduits au désastre. Nous voudrions repartir sur de bonnes bases.

 

Dans les deux cas, nous nous sentons prisonniers de ce passé qui nous trouble et nous empêche d’avancer. L’Évangile a la solution. Le Seigneur, par l’intermédiaire de Paul, demande aux nostalgiques de vivre résolument dans le présent avec le futur en ligne de mire : oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est en avant, je cours vers le but1. À ceux pour qui le passé est un fardeau, le Seigneur, qui connaît la souffrance mieux que personne, assure qu’il peut nous décharger2 et, si nous en sommes responsables, remet notre compteur à zéro3. Toutefois, ni l’une ni l’autre de ces solutions n’est envisageable sans un acte créateur de Dieu. Dieu seul peut faire de nous de nouvelles créatures. Lui seul peut nous faire passer instantanément des ténèbres à la lumière, de la puissance de Satan à celle de Dieu4, d’enfants du diable à enfants de Dieu5 et nous transporter dans le royaume de son Fils6. Alors oui, pour ceux qui vivent cela, toutes choses sont véritablement devenues nouvelles.

 

Mais pourquoi n’y arrivons-nous pas la plupart du temps ? Pourquoi cette phrase enthousiaste de l’apôtre Paul trouve-t-elle si peu d’écho dans nos vies ? Bien que chrétiens, nous restons bien souvent esclaves de notre passé, que nous le souhaitions ou pas. L’apôtre nous donne la réponse dans la première partie de ce verset. Il met une condition au fait de vivre « toutes choses nouvelles » : « Si quelqu’un est en Christ… », nous dit-il. Pour vivre cela, il faut être « en Christ ».

 

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VIVRE EN CHRIST

 

Cela inclut bien sûr la repentance et la conversion. Dieu accomplit le miracle créateur dans la vie de ceux qui, se laissant sonder par lui, reconnaissent leurs fautes et l’accueillent à bras ouverts avec le désir profond de vivre autrement, de faire un demi-tour complet. De plus, Paul rappelle au v. 14 que l’amour de Christ, concrétisé par sa mort, nous donne maintenant la force d’accomplir tous les sacrifices pour lui, grâce à l’amour versé dans nos coeurs par le Saint-Esprit.

 

Mais il y a plus ! Paul écrit aux Romains : « Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, c’est en sa mort que nous avons été baptisés ? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie »7. Nous répétons souvent lors de nos cultes (et nous avons raison !) : Christ est mort pour nous, mais il ne faut pas oublier que nous sommes invités nous aussi à mourir d’une certaine façon, en nous identifiant à Christ. Cette notion était bien connue dans l’A.T. où le coupable mettait sa main sur la tête de l’animal sacrifié en signe d’identification8. Nous, chrétiens de la Nouvelle Alliance, sommes donc invités à nous identifier à Christ de telle sorte que sa crucifixion devient notre crucifixion, sa mort notre mort et sa résurrection la nôtre ! Paul écrira aux Galates : J’ai été crucifié avec Christ ; et si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi9 et dira même aux Éphésiens10 que Dieu nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, en Jésus-Christ. En Esprit, ceux qui sont en Christ sont déjà avec leur Seigneur dans les lieux célestes. Merveilleux, non ?

 

Pratiquement, il ne s’agit pas de faire « comme si » nous étions morts et ressuscités avec le Christ, mais de croire que nous le sommes réellement et le vivre. Il faut prendre conscience que le « moi » de notre vieille nature est mort (« ce n’est plus moi qui vis »). Nous sommes alors de nouvelles créatures, anticipation de la « nouvelle création » qui commence en Christ. Alors, nous pourrons dire que les choses anciennes sont passées et toutes choses sont devenues nouvelles.

Nous ne verrons plus les choses qui nous arrivent, les gens qui nous entourent, la vie, de la même manière. Nos pensées, nos sentiments, nos projets seront réorientés parce que nous commencerons à voir les choses comme Christ les voit.

 

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UNE PETITE HISTOIRE

 

On raconte qu’une femme était tellement attachée à Jean, son mari, qu’à sa mort, dans son désespoir, elle le fit embaumer et l’installa dans un fauteuil du salon. Elle lui parlait, lui racontait ses journées, prenait soin de lui. Un jour, la femme partit pour un très long voyage et rencontra un homme qu’elle aima profondément et épousa. De retour chez elle avec son nouvel époux, elle lui fit visiter sa maison. Le nouveau mari faillit s’évanouir en voyant Jean dans le fauteuil ! Il ne fallut pas longtemps pour que le pauvre Jean soit conduit au cimetière !

 

Pour nous, c’est un peu pareil. Pour pouvoir vivre les choses anciennes sont passées ; toutes choses sont devenues nouvelles, il faut cesser de prendre soin du vieil homme, de croire qu’il a un quelconque pouvoir (« C’est plus fort que moi ! »). Il faut regarder sa tombe au cimetière et se consacrer entièrement au nouvel homme (le dernier Adam) : Christ.

 

 

QUELQUES QUESTIONS

 

Prenons le temps de répondre aux questions suivantes : Christ vit-il réellement en moi ? Lui ai-je remis mon passé ? Tient-il les rênes de mon présent ? Est-ce que je le veux vraiment ?

 

Sources :

 

A. Kuen, Encyclopédie des difficultés bibliques, Emmaüs. Warren W. Wiersbe,

 

Soyez encouragés, Maison de la Bible. R.F. Doulière,

 

La justice qui fait vivre, commentaire de l’épître aux Romains, Emmaüs

 


NOTES

 

1. Ph 3.13-14

 

2. 1 P 5.7

 

3. Mi 7.19

 

4. Ac 26.18

 

5. Jn 8.44

 

6. Col 1.13   

 

7. Rm 6.3-4

 

8. Lv 1.1-5

 

9. Ga 2.20

 

10. Ép 2.6