La guérison, un processus

 

qui peut durer…

 

 

pendule

PHOTO : Mphotographe

 

Par Patrick Domascio1

 

Pour moi, m’approcher de Dieu,

c’est mon bien. (Ps 73.28)

 

Un faux mouvement un matin en s’habillant et c’est le lumbago… Ce n’est pas la première fois, cela se remettra… Sauf que, cette fois-ci, ça dure. Plusieurs mois de traitement classique plus tard, je vois les gens autour de moi marcher normalement et me demande si je vais un jour remarcher comme eux tant les douleurs sont vives. Quelques mois plus tard, je m’apprête à aller à une conférence chrétienne et je lis dans 1 Corinthiens 12 : à un autre (sont donnés)… des dons de guérisons…, à un autre le don d’opérer des miracles…

Ma prière monte vers Dieu : « Seigneur, permets que je rencontre quelqu’un qui a ce don et guéris-moi ! » Arrivé sur place, je rencontre un frère qui accepte de prier pour moi. Dès qu’il prie, je tombe par terre en tremblant de tout mon corps en m’écriant « Papa, papa ! ». De ma gorge sortent des râles, je me tords dans tous les sens, ma jambe bouge… je suis conscient qu’il se passe quelque chose de bizarre. Il y a quelque chose d’étranger en moi qui se manifeste. Je me relève… Je ne suis pas guéri. Il s’est au moins produit quelque chose, mais quoi ? La soirée suivante sera passée en entretien avec un couple ayant un ministère de relation d’aide, de guérison et de délivrance. Ce frère et son épouse tentent d’expliquer la raison pour laquelle il y a un blocage : l’ennemi – pas forcément le diable, mais un de ses envoyés – a un accès quelque part en moi2… Lorsqu’ils prient encore pour moi, ça bouge beaucoup, mais pas de libération, pas de guérison. Le Seigneur est à l’oeuvre, mais quelle est l’étape suivante ?

 

Je cherche de l’aide autour de moi. Quelqu’un mentionne un ministère de restauration et m’assure qu’il connait ce genre de problématique. Coup de téléphone, prise de contact, le Seigneur permet que je sois reçu par deux personnes dans un centre. Lors des entretiens, les choses sont posées, calmes, on cherche à discerner ce qui se passe, ce qui s’est passé, de quelle manière ma vie a été malmenée et comment l’ennemi a effectivement pris position dans des lieux de ma vie par des moyens en dehors de ce que Dieu aurait voulu. Plusieurs fois, lorsqu’on prie, une forte réaction démoniaque me jette au sol. Les priants ne sont pas surpris outre mesure, mais enjoignent simplement et fermement à l’ennemi d’arrêter. Celui-ci obéit3 !

 

C’est le début d’une relation d’aide qui va durer plusieurs années et au cours de laquelle le Seigneur va révéler qu’étant enfant, j’ai été victime de rituels occultes. La dissociation est un phénomène connu en psychologie. Pour faire face à ce traumatisme, et pour pouvoir vivre, je me suis dissocié, séparé d’une partie de moi-même et j’ai « oublié » ces traumatismes. Le Seigneur n’a pas oublié et est intervenu pour restaurer l’intégrité de mon être sur les plans spirituel, émotionnel et physique. Jésus se révèle alors tour à tour comme le Seigneur qui est vainqueur sur l’ennemi et ses envoyés4, et comme le bon berger5 qui panse ses brebis. Il me conduit de libération en libération. Si le voleur est venu pour voler, tuer et détruire, Jésus est venu pour détruire ses oeuvres6. D’un seul coup, le monde invisible, le combat spirituel prennent une dimension moins théorique et beaucoup plus pratique et personnelle. Le salut s’applique à ma vie. Le bon berger restaure mon âme et me conduit près des eaux paisibles7.

 

 

LE PARDON, UNE CLEF ESSENTIELLE

 

Au fur et à mesure des rencontres, j’ai des choix à faire. Des pardons à donner envers ceux qui m’ont offensé. Des pardons à demander pour tous les mécanismes mis en place pour me protéger et qui tiennent Dieu, les autres et une partie de moi-même loin de moi. Au détour d’un pardon, d’une prière, les démons peuvent se manifester, mais ils perdent du terrain et doivent partir. En chemin, je retrouve non seulement ma santé spirituelle et émotionnelle mais aussi physique. Ma lecture de certains textes de l’Évangile s’éclaire. Que s’était-il passé dans la vie de la femme infirme « il y a 18 ans » et que Jésus délie8 ? Était-elle en bonne santé auparavant ? L’expérience de ces dernières années m’indique qu’effectivement un lien spirituel peut empêcher une partie de mon corps de bien fonctionner. Par moment, je pouvais avoir des douleurs fulgurantes qui me traversaient le pied. La radiographie n’indiquait aucun problème, le médecin n’avait pas d’explication à donner. Un jour, alors qu’une telle douleur me traverse, je prie : « Au nom de Jésus, arrête ! » La douleur s’arrête alors immédiatement ! Interpellé, j’ai ensuite compris l’origine de ces douleurs.

 

 

CHOISIR LA GUÉRISON

 

On imagine le désarroi, les questionnements, les doutes alors que le Seigneur commence à révéler une telle situation. Au cours des rencontres de prière, et au fur et à mesure que le détail des rites qui m’ont été infligés vient à la lumière du Seigneur, c’est une succession d’émotions intenses enfouies qui se font jour : peurs, désespoir, détresse, angoisses, sentiment extrême d’abandon. Je me retrouve à battre un oreiller des poings pendant 30 minutes en criant ma colère et ma rage. Je ressens l’angoisse et la peur, je pleure, je crie. Dieu est là9, il me console. Ces rencontres sont aussi des temps d’acceptation. Comment un Dieu saint, puissant et juste a-t-il pu permettre cela ? Comment ce Dieu dont je découvre l’autorité et la puissance, qui est en train de me libérer, de me guérir, permet-il de telles horreurs ? Nous sommes dans un monde affecté par la chute. Les hommes font des choix qui ne sont pas selon Dieu. Il faut choisir d’accepter. Accepter aussi que mes parents, ceux qui devaient veiller sur moi, n’ont pas pu, n’ont pas su le faire parfaitement. Ainsi, à cause de ces blessures, il faut apprendre à faire confiance, à croire. Croire quoi ? D’abord que le désir du coeur de Dieu est effectivement de guérir, pas seulement guérir les autres mais moi aussi. Effectivement, lorsqu’on a été abusé de la sorte, comment croire que Dieu a réellement compassion – pas seulement sur le plan théorique. Ce qu’il faut, c’est recevoir personnellement sa compassion. Miracle de la présence de Dieu : le fait de s’approcher de Dieu, de choisir de croire la vérité, tremblant et ouvert, permet de découvrir qu’il s’approche de moi10. Il m’accompagne et me montre qu’il est pour moi11. Ma part, c’est de saisir la main du bon berger. C’est donc choisir toujours à nouveau de recevoir de Dieu la guérison, choisir de faire confiance aux frères qui prient pour moi, de me dévoiler dans mes souffrances, de faire confiance à Dieu, le laisser enlever les ténèbres et appliquer son baume.

 

 

PATIENCE

 

Très tôt dans cette démarche, une soeur m’a encouragé en citant Philippiens 1.6 : Celui qui a commencé en vous son oeuvre bonne la poursuivra jusqu’à son achèvement au jour de Jésus-Christ. Ce texte m’est souvent revenu pendant le périple des dernières années. Tant pour m’encourager que pour m’inviter à persévérer à chercher le Seigneur. Celui-ci est toujours au rendez-vous. Je n’ai pas encore vu aujourd’hui la guérison physique de mon dos, mais je poursuis ma course et peux témoigner aujourd’hui du chemin parcouru et de tout ce que j’y ai appris. Ainsi je prends conscience de la portée du discours inaugural du ministère du Seigneur12 : L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a oint pour… guérir les coeurs brisés…, proclamer aux captifs la délivrance…, renvoyer libre les opprimés. Ce texte proclame qu’au coeur de l’Évangile, il y a la puissance libératrice de Jésus. Que le Seigneur nous accorde une compréhension renouvelée de son autorité pour guérir et libérer. C’est, je le crois, l’invitation qui nous est donnée par Jésus13.

 

 

En voyage, le chemin suivi est aussi important que la destination.


NOTES

 

1. L’auteur a souhaité prendre un pseudonyme.

 

2. Éphésiens 4.27

 

3. Luc 10.17

 

4. Hébreux 2.14-15 ; Colossiens 2.15

 

5. Jean 10.11

 

6. 1 Jean 3.8

 

7. Psaume 23.2

 

8. Luc 13.11-12

 

9. Psaume 54.5-6

 

10. Jacques 4.7-8

 

11. Psaume 68.2, 6, 7

 

12. Luc 4.18-19

 

13. Matthieu 28.18-20