Discipline personnelle1

 

Par Alfred Kuen

 

Kuen

 

 

QUEL EST LE BUT DE LA DISCIPLINE PERSONNELLE ET QUELS MOYENS AVONS-NOUS DE L’EXERCER ?

 

La discipline personnelle ou autodiscipline (egkrateia) est mentionnée dans Galates 5.22 comme un aspect du fruit de l’Esprit. Se méfier de soi-même est le commencement de la sagesse. Chacun a son talon d’Achille, c’est-à-dire un domaine particulier dans lequel il est plus facilement tenté (l’argent, l’alcool, le sexe, le pouvoir…). C’est sur ce domaine qu’il doit spécialement veiller. L’un des principes fondamentaux est contenu dans le vieil adage latin : Principii obsta (Oppose-toi aux commencements).

L’apôtre Paul dit : Je traite durement mon corps, je le maîtrise sévèrement, de peur qu’après avoir proclamé la Bonne Nouvelle aux autres, je ne me trouve moi-même disqualifié (1 Co 9.27). Il évoque un exercice de sa volonté pour maintenir son corps, sa nature instinctive, en bride, le tenir assujetti (c’est-à-dire à l’état d’esclave, de bon serviteur).

 

L’apôtre Pierre dit que, par sa puissance, Dieu nous a donné tout ce qu’il faut pour vivre dans l’attachement au Seigneur… Pour cette raison même, faites tous vos efforts pour ajouter à votre foi la force de caractère, à la force de caractère la connaissance, à la connaissance la maîtrise de soi, à la maîtrise de soi l’endurance dans l’épreuve, à l’endurance l’attachement à Dieu, à cet attachement l’affection fraternelle, et à l’affection fraternelle l’amour… si vous agissez ainsi, vous ne tomberez jamais (2 P 1.3-10 passim). Ces exhortations impliquent une éducation de sa volonté.

 

En tant que chrétiens, nous vivons dans le temps présent – et il nous influence bien plus que nous ne le pensons. Nous lisons aussi les journaux, écoutons la radio, regardons la télé. Nous intégrons l’esprit de notre temps et nous avalons, sans nous en rendre compte, des poisons avec notre nourriture quotidienne, que ce soit sur le plan de notre alimentation matérielle, comme sur celui de notre nourriture intellectuelle et spirituelle. Certains poisons intoxiquent toute notre génération : l’alcoolisme est en augmentation, les scandales financiers et les vols de toutes sortes se multiplient, les infidélités conjugales et les divorces, les expériences sexuelles diverses (préconjugales et extraconjugales), la cohabitation légalisée, etc. sont quelques symptômes d’une dégradation morale généralisée.

 

Si nous pensons au nombre de serviteurs de Dieu qui ont failli dans l’un ou l’autre de ces domaines, nous nous rendons compte de l’importance de l’autodiscipline, de la vigilance constante sur ces points. Que celui qui est debout prenne garde de tomber (1 Co 10.12) ; veille sur toi-même, prenez garde à vous-mêmes (Ac 20.28 ; 1 Tm 4.16).

 

PHOTO : Julian Mason

coureur

 

1 Corinthiens 9.24-27 est un passage peu considéré à notre époque ; il contient pourtant des principes importants pour tout enfant de Dieu, spécialement pour tout serviteur de Dieu : Ne savez-vous pas que, sur un stade, tous les concurrents courent pour gagner et, cependant, un seul remporte le prix ? Vous, donc, courez comme lui, pour gagner.

 

Tous les athlètes s’imposent une discipline sévère dans tous les domaines pour recevoir une couronne, qui pourtant sera bien vite fanée, alors que, nous, nous aspirons à une couronne qui ne se flétrira jamais.

 

C’est pourquoi, si je cours, ce n’est pas à l’aveuglette, et, si je m’exerce à la boxe, ce n’est pas en donnant des coups en l’air. Je traite durement mon corps, je le maîtrise sévèrement, de peur qu’après avoir proclamé la Bonne Nouvelle aux autres, je ne me trouve moi-même disqualifié.

 

Dans le v. 25, l’apôtre constate que tous les athlètes s’imposent une discipline sévère dans tous les domaines pour recevoir une couronne. La plupart des versions parlent de toutes sortes d’abstinences. Nous savons que, dans la Grèce antique, les athlètes étaient soumis pendant dix mois avant les Jeux à des régimes très sévères comportant, justement, un certain nombre d’abstinences alimentaires et autres. L’idée ici est que celui qui est maître de lui-même se tient lui-même en main, spécialement quant à ses désirs et ses convoitises.

 

Nous ne pouvons pas nous permettre tout ce que les gens du monde se permettent ou même ce que d’autres chrétiens ou d’autres serviteurs de Dieu s’autorisent. « Connais-toi toi-même », et, pour corriger tes points faibles, impose-toi des abstinences.

 

En effet, que servirait-il à un homme d’avoir un ministère fructueux par l’exercice d’une bonne discipline dans son Église, s’il venait lui-même à tomber, causant dans son Église un tort autrement plus grand que le bien que sa discipline sur les autres aura pu faire ?

 

Un deuxième pas : enseigne ces choses. Faire des disciples, c’est aussi leur enseigner la discipline sur eux-mêmes devant les tentations du monde. Il faut que les chrétiens soient différents des autres sur ces points. L’autodiscipline implique le fait de faire plier ses propres désirs ou de les restreindre. Ce sens apparaît bien en 1 Corinthiens 7.9 : S’ils (les fiancés) ne peuvent pas se maîtriser en ce domaine qu’ils se marient, car mieux vaut se marier que de se consumer en désirs insatisfaits.

 

Dans le manuel hébreu d’éducation des jeunes qu’est le livre des Proverbes, le but est de conduire le jeune vers un état où il sera capable de contrôler son esprit (Pr 16.32), sa langue (Pr 17.27) et sa colère (Pr 19.11). Le Nouveau Testament veut amener le chrétien à marcher selon la loi de l’Esprit plutôt que selon celle de la chair et du péché (Rm 8.2). Tel est le but de la discipline personnelle.

 

 


NOTES

 

1. Extrait de L’Encyclopédie des questions, Éditions Emmaüs, avec autorisation de l’auteur