Accessibilité des lieux de culte

 

aux personnes handicapées

 

 handicap

 

Par Thierry Seewald

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Le 1er janvier 2015, les établissements recevant du public (ERP) devaient s’être mis aux normes concernant l’accessibilité des personnes handicapées. Les églises1 en font partie. Bien sûr, nous sommes en France, en période de crise, donc pour beaucoup d’ERP (dont des bâtiments administratifs), cette mise aux normes a pris du retard.

 

L’aménagement principal à réaliser, qui est aussi celui au coût le plus important, est celui concernant l’accessibilité aux personnes en fauteuil roulant, dont la conception devra également tenir compte des personnes à mobilité réduite. Mais l’accessibilité concerne tout type de handicap (moteur, sensoriel, mental…) et pourra concerner par exemple la qualité de l’éclairage pour les malvoyants, des boucl e s magnét iqu es pour les malentendants, des informations visuelles claires, complétées par des pictogrammes, ou une aide auditive (qui pourra être une personne d’accueil par exemple).

 

fauteuil-handicapAu vu des coûts engendrés par ces mises aux normes, la tentation est grande – et a déjà été exprimée – pour les Églises évangéliques, de demander une exemption concernant les édifices cultuels, quitte à s’allier entre confessions chrétiennes (avec les catholiques par exemple).

 

S’il est vrai que pour certaines vieilles églises catholiques ou pour certaines églises évangéliques installées au 4e étage d’un vieil immeuble à escalier en colimaçon sans ascenseur, les rendre accessibles à des fauteuils roulants peut s’avérer mission impossible, cela n’est pas le cas pour beaucoup de nos églises, même si le coût peut être important.

 

Cette situation s’est déjà produite en 1990 aux États-Unis lors du vote de l’Americans with Disabilities Act (ADA, loi sur les personnes américaines handicapées). Les Églises, après un lobbying appuyé, ont été les seuls ERP à être dispensés de se rendre accessibles.

 

Cela reste aujourd’hui encore une blessure dans le coeur de beaucoup de croyants américains ayant un handicap. Ils y ont entendu un double message :

 

pour eux , personnes handicapées croyantes, ils ont entendu qu’ils n’avaient pas d’importance aux yeux de leurs frères et soeurs en Christ. Qu’ils puissent ou non se rendre au culte, que dans l’enceinte du bâtiment la circulation leur soit facilitée ou non, importait peu ;

 

cela signifiait aussi pour eux que l’on ne se souciait pas de rendre les églises, et donc d’une certaine manière le message de l’Évangile, accessibles aux personnes ayant un handicap. Leur destinée éternelle semblait avoir une moindre importance que les coûts financiers que cela impliquait.

 

Qu’a pensé l’apôtre Pierre du coût de la réfection de sa maison, lorsqu’il a vu les amis du paralytique démonter son toit pour le faire descendre dans cette pièce où se trouvait Jésus (Mc 2) ? Leur a-t-il par la suite transmis la facture des frais de remise en état ? En tout cas, pouvoir amener cet homme aux pieds de Jésus leur paraissait plus important que les obstacles à surmonter que cela impliquait.

 

Au contraire de la foule qui veut faire taire Bartimée, l’aveugle à l’entrée de Jéricho (Mc 10), pensant que Jésus a plus important à faire que de se soucier de cet infirme et qu’il doit rester disponible pour les personnes importantes, rendre Jésus accessible à leur ami paralysé est pour eux une priorité.

 

Et Jésus se soucie effectivement d’une manière toute particulière de ces deux personnes, non seulement les guérissant, mais pardonnant les péchés de l’un et faisant de l’autre un disciple qui marche à sa suite. Et faut-il rappeler que la plupart des guérisons dans le Nouveau Testament concernent, non pas des maladies, mais bien des infirmités (aveugles, sourds, estropiés…), ce que l’on appelle justement aujourd’hui des personnes handicapées physiques ?

 

Ne serait-ce pas le comble que ceux pour qui Jésus se rendait disponible pendant son ministère soient ceux que l’on empêcherait aujourd’hui d’entendre son Évangile, ou de venir le louer dans sa maison ?

 

Sachons donc, au contraire, être une lumière dans ce monde, en rendant nos lieux de culte accessibles à tous. Nos biens et nos richesses (même très relatives), ainsi que ceux de l’Église, appartiennent au Seigneur. Notre offrande nous rappelle dimanche après dimanche que nous sommes reconnaissants à Dieu de pourvoir à nos besoins. Utilisons donc sans inquiétude ni parcimonie les biens du Seigneur pour sa gloire en permettant à tous d’accéder sans difficulté au lieu où la communauté se réunit.

 

Et qui sait si, l’âge venant, ou au gré des circonstances de la vie, nous ne serons pas, nous aussi, heureux de profiter de ces aménagements ?

 


NOTES

 

1. Lorsque le terme « église » est écrit avec un « é » minuscule, il désigne le bâtiment. Avec un « É » majuscule, il désigne les croyants, que cela soit au niveau local ou universel.