C.E.I.E. : Évangéliser aujourd’hui

 

Rubrique de la Commission d’Évangélisation et d’Implantation d’Eglises (C.E.I.E.) des C.A.E.F.

 

 

La crise des réfugiés :

 

entre défis et opportunités

 

 

Par Derek Sutherland1

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Les SDF en France, il y en a déjà assez alors si on prend des réfugiés…

Et le chômage, comment insérer socialement et professionnellement ces personnes…

Qu’ils restent chez eux…

Culturellement et linguistiquement ils sont tellement différents et ils sont à l’opposé de la culture française…

Ils doivent faire comme les Français dès lors qu’ils sont sur le sol français…

Les aider va encourager davantage de personnes à venir ! Ça nous met en danger !

 

 

Un changement historique

 

Ces phrases, je les ai entendues ou lues sur les réseaux sociaux provenant de personnes issues d’Églises évangéliques. Elles m’ont bien alarmé et on peut se demander : les réfugiés sont-ils nos ennemis ?

 

Même si la mission première de l’Église est de témoigner de la Bonne Nouvelle, d’annoncer le Royaume des cieux et de faire des disciples, être un citoyen qui aime son prochain a tout d’un principe biblique (comme le montre la parabole du Samaritain). Cependant, cet amour du prochain, cet accueil ne fait pas l’unanimité dans nos cercles évangéliques quand on en vient à la situation des réfugiés. Pourquoi ?

 

Pourquoi cette contestation manifeste dans l’Église ? Peut-être à cause d’une mauvaise compréhension du plan de salut de Dieu pour les nations.

 

Et si Dieu, dans sa souveraineté, avait prévu de toute éternité de changer le cours de l’histoire de l’Europe et de la France – et pourquoi pas le cours de l’histoire de l’Église aussi – par ces vagues migratoires ? Réalisons-nous que nous sommes aux premières lignes d’un évènement historique plein de défis et d’opportunités ?

 

 

Focus sur la Bible

 

Nous trouvons dans le Nouveau Testament un récit qui peut nous inspirer : Jésus a dit (Ac 1.8) que l’Esprit allait qualifier les apôtres pour qu’ils soient ses témoins à Jérusalem, en Samarie, en Judée et jusqu’aux extrémités de la terre. Ce n’est que huit chapitres plus tard, au verset 1 que nous voyons un évènement qui va catalyser cette promesse : la persécution, sous l’impulsion de Saul. C’est à la suite de cette persécution que les chrétiens se dispersent tandis que les apôtres restent à Jérusalem. Et, quelques années plus tard, on lit que l’Église était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie, s’édifiant et marchant dans la crainte du Seigneur (Ac 9.31).

 

Si l’on prend du recul pour considérer ces quelques chapitres, on observe la main souveraine de Dieu dans l’histoire de l’Église et des évènements de l’Histoire. Dieu n’a pas changé, ces vagues migratoires dues à a persécution et à la guerre sont dans le plan de Dieu, comme elles l’étaient dans les Actes des apôtres il y a 2000 ans. Et s’il y avait un Paul proche de chez vous ? S’il y avait un Étienne et si vous étiez un Ananias (le disciple qui, le premier, a accueilli Saul devenu Paul en Actes 9) ?

 

Cela fait plusieurs mois que nous sommes modestement investis à ce titre. Nous allons régulièrement à Calais, avec l’Église ADD et son pasteur Fabien Boinet, et nous accueillons chez nous des réfugiés (Ahmoud et Izmir2… respectivement soudanais et guinéen). En les ayant chez nous, en allant à Calais pour proclamer la Bonne Nouvelle, en instaurant une dynamique dans plusieurs Églises, on réalise mieux la nature des enjeux de ce qui se déroule là, sous nos yeux.

 

 

Les enjeux spirituels

 

En effet, il y a des enjeux spirituels liés à cette actualité, et donc une opposition conséquente :

 

    Enjeu no 1 : Annoncer la Bonne Nouvelle aux extrémités de la terre, maintenant si proches de nous (cela s’inscrit vraiment dans notre rôle et notre devoir imminent) – cf. Mt 28 et Ac 1.8

 

    Enjeu no 2 : Éveiller l’Église locale pour aller à la rencontre de l’autre et de sa situation critique.

 

    Enjeu no 3 : Éveiller l’Église locale avec la puissance de la Bonne Nouvelle.

 

    Enjeu no 4 : Éveiller l’Église locale en allant à la rencontre de l’Église globale, car un certain nombre de chrétiens font partie de cette vague migratoire.

 

Certes, cela ne va pas sans certains risques encourus : le risque de s’exposer et d’exposer sa famille à la maladie, à des rythmes différents (notamment si on accueille chez soi des réfugiés), le risque d’aller à la rencontre de l’autre dans « la jungle » de Calais3 et d’être changé par ce que l’on y voit et ce que l’on y vit… Le risque d’un désir renouvelé de prier pour les nations et d’intercéder pour ce qui se passe.

 

Mais la vie de disciple n’est-elle pas nécessairement synonyme de bien des souffrances ? En effet, tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés, nous dit Paul (2 Tm 3.12).

 

 

Gospel Tribe France

 

gospel-tribeFinalement, avec l’association Gospel Tribe nous souhaitons t’inviter à proclamer la Bonne Nouvelle à des peuples non atteints et à te former à l’inter-culturalité. Pour cela, nous proposons différentes semaines de mission en France et en Europe, pour donner l’opportunité aux chrétiens de partager la Bonne Nouvelle en traversant les frontières culturelles, linguistiques, religieuses et sociales par des missions « court terme » en sortant de sa zone de confort.4

 

Comment les choses vont-elles évoluer ? Je ne le sais pas. Mais mon rêve est de voir l’Église au coeur de l’action de témoignage et présente là où ça se passe. L’Église, c’est vous, et moi. Debout peuple de Dieu, faisons ce que l’Éternel nous a demandé de faire ! Soyons vaillants et forts !

 


NOTES

 

1. L’auteur a 27 ans, il est collaborateur associé à FPC dans la ville de Lens, président de l’association Gospel Tribe France. Professeur d’anglais dans un Réseau d’Éducation Prioritaire, il est marié à Mélissa et ils ont un enfant de 8 mois.

 

2. Leurs prénoms ont été changés

 

3. C’est ainsi qu’a été appelé le camp des réfugiés à Calais

 

4. Plus d’infos sont disponibles sur le site : www.gospeltribefrance.com