Conférence 4:

 

Relever le défi

 

 

Par Philippe Monnery1  – Texte condensé par Françoise Lombet

monnery

 

 

Pendant 3 ans et demi, Jésus a cheminé avec ses disciples. Il leur avait dit : Suivez-moi et je vous ferai pêcheurs d’hommes (Mt 4.19). Il les a enseignés, équipés et à plusieurs reprises il les a déjà envoyés dans les champs. Il leur a rappelé l’essentiel de la mission : La moisson est grande et il y a peu d’ouvriers, priez le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson (Mt 9.37-38). Puis Jésus est mort, il est ressuscité et il leur donne rendez-vous sur la montagne en Galilée où il va finir de définir la mission.

 

 

Les onze disciples allèrent en Galilée, sur la montagne que Jésus avait désignée. Quand ils le virent, ils l’adorèrent. Mais quelquesuns eurent des doutes. Jésus s’approcha et leur parla ainsi : Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde (Mt 28.16- 20).

 

 

A. Le contexte de la mission

 

1) La mission s’adresse aux disciples

 

Les disciples ont été appelés chrétiens. Le mot chrétien revient trois fois dans le Nouveau Testament, tandis que le mot disciple est présent 296 fois. Combien de fois nous disons-nous chrétiens, nous réclamant du nom de Christ ? Mais sommes-nous vraiment des disciples qui le suivent, qui poursuivent sa mission ? Ce jour-là, il n’y a pas douze disciples, mais onze. Cela doit nous alerter : tous ceux qui ont commencé avec Jésus n’ont pas fini avec lui.

 

2) La mission découle de l’adoration

 

Lorsque les disciples voient Jésus ressuscité, ils sont convaincus qu’il est le Seigneur, le kurios, Dieu de toute éternité, venu en chair.

Dans l’Antiquité, le kurios, le Seigneur, c’est l’empereur romain.

Confesser Christ comme kurios, c’est s’exposer à la persécution, à une mort certaine de la part d’un autre seigneur qui ne veut pas qu’on prenne sa place. Si Christ est notre satisfaction ultime, alors comme les disciples, nous devons le juger digne d’adoration ; nous devons le confesser comme le Seigneur. Il y a un épanouissement dans la mission, mais souvent la mission a aussi été tragique. Dans le livre des Actes, la persécution est omniprésente.

Si Christ est Seigneur, il a plus de valeur que ma vie et je suis prêt à mourir pour lui.

 

3) La mission s’accomplit dans notre humanité

 

Mais quelques-uns eurent des doutes.

Si je regarde mon coeur, face à la mission, j’ai des tas de raisons de douter : mes faiblesses, mes péchés qui m’enveloppent si facilement, ma crainte souvent excessive. Dieu ne cherche pas des superhéros pour sa mission, mais simplement des disciples, satisfaits en Christ, qui ont décidé que Jésus avait plus de valeur que tout. La mission s’accomplit dans notre humanité.

 

4) La mission est possible en vertu de l’autorité de Christ

 

Jésus s’approcha et leur parla ainsi : Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre.

Il est le Seigneur. Il est le grand missionnaire, mais, si Dieu a voulu que je sois le véhicule pour cette mission, je peux m’y engager parce que je sais que ça ne dépend pas de moi, mais de lui. J’ai des doutes, mais s’il m’envoie, alors il va me qualifier, m’équiper, il va manifester sa puissance.

Si Christ a toute autorité, cela veut dire qu’il nous précède dans la tâche. Dans le texte grec une liaison l’indique : Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre, ainsi, allez, faites de toutes les nations des disciples et montre que la mission découle directement de son autorité.

Sommes-nous convaincus que les peuples qui n’ont pas encore entendu l’Évangile n’ont aucun autre nom sous le ciel par lequel ils puissent être sauvés ?

Comment donc invoqueront-ils celui en qui ils n’ont pas cru ? Et comment croiront-ils en celui dont ils n’ont pas entendu parler ? Et comment entendront-ils parler de lui, sans prédicateurs ? Et comment y aura-t-il des prédicateurs, s’ils ne sont pas envoyés ? (Rm 10.14-15)

 

 

B. Le contenu de la mission

 

Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur

Dans cette version nous trouvons quatre verbes à l’impératif, mais le texte grec d’origine n’en a qu’un seul. Ce n’est pas le verbe aller, mais en réalité c’est faire des disciples. Les trois autres sont au participe présent : en allant, en baptisant, en leur enseignant.

Jésus leur donne le commandement et le mode d’emploi. Le coeur de la mission c’est de faire des disciples et non pas simplement d’aller. Dans les Actes, le Saint-Esprit met des hommes à part pour la mission : ils partent, évangélisent, font des disciples, ils nomment les anciens pour diriger l’Église puis ils reviennent pour enseigner et consolider ces Églises. Lorsqu’elles sont établies, elles envoient à leur tour d’autres personnes en mission. C’est ce double mouvement que nous devons vivre.

 

1. En allant

 

Comment allons-nous dans le monde ? Jésus dit :

Comme le Père m’a envoyé, je vous envoie (Jn 20.21).

Jésus a choisi de s’incarner dans un lieu, dans une culture et il nous donne un exemple. Dieu nous a placés dans des lieux, dans des cercles relationnels pour vivre là la mission, comme Jésus l’a fait, avec compassion, avec des actions qui vont être le support à nos paroles.

Mais vous recevrez une puissance, celle du Saint-Esprit et vous serez mes témoins (Ac 1.8). 

Nous ne sommes pas seuls, nous avons le Saint-Esprit avec nous pour compenser nos doutes, pour nous donner la force d’accomplir la mission. Jésus a dit que cette bonne nouvelle de la repentance et du pardon des péchés sera prêchée à toutes les nations (Lc 24.47). Le coeur de la mission, c’est d’annoncer l’Évangile.

Connaissons-nous l’Évangile ? Savons-nous le présenter ?

Ce message est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit.

 

Il n’y a pas que les professionnels du ministère qui sont en mission. Nous y sommes tous, là où Dieu nous a placés dans son champ qu’est le monde. Aujourd’hui sur 17 000 peuples ethniques, 7 000 n’ont aucun accès à l’Évangile dans leur langue. Paul disait :

J’ai abondamment répandu l’Évangile du Christ. Et je me suis fait un point d’honneur d’annoncer l’Évangile là où Christ n’avait pas été nommé (Rm 15.19- 20).

Vous ne pouvez pas aller vers les peuples ? Commencez à prier pour eux, à donner, à soutenir ceux qui partent.

 

2. En baptisant

 

Si nous allons vers le monde, c’est pour en faire des disciples et cela commence par le baptême, simplement pour les intégrer à l’Église. Pour qu’ils s’identifient à cette communauté d’hommes et de femmes morts et ressuscités avec Christ.

 

3. En leur enseignant à obéir

 

Et puis nous allons leur enseigner à mettre en pratique tout ce que Jésus a prescrit. Nous ne devenons pas des disciples parce que notre connaissance augmente, mais parce que nous passons par l’étape de l’obéissance. Nous devons, dans l’Église, investir beaucoup plus dans chacun. Si tu as reçu l’Évangile, si tu as compris les bases de la foi, transmets-les à d’autres. Bien sûr il y a des dons et des ministères particuliers. Mais chaque disciple devrait être impliqué de façon relationnelle dans le fait de faire d’autres disciples, de parler de l’Évangile et de transmettre à d’autres pour qu’à leur tour ils le fassent.

 

 

C. L’urgence de la mission

 

Jésus conclut :

Voici, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde.

Quelle assurance !

Jésus a dit qu’il fallait travailler aux oeuvres de son Père pendant qu’il fait jour parce que la nuit vient où personne ne peut travailler.

Si nous sommes convaincus que Christ a toute autorité, qu’il est le Seigneur de tous et le seul sauveur pour tous, alors nous devons réaliser l’urgence d’annoncer son nom à toutes les nations.

 

La mission coûte, ça peut même nous coûter notre vie. Mais si nous sommes là aujourd’hui, c’est parce que certains ont donné leur vie pour la mission, Christ d’abord, puis tous les autres. Mardochée a dit à Esther :

Dieu accomplira son plan pour Israël quoi qu’il arrive, mais qui sait si ce n’est pas pour cela qu’il t’a amené à la royauté ? (Est 4.14)

Qui sait si ce n’est pas pour la mission que Dieu t’a placé dans ce pays de France, dans cette époque du 21e siècle, avec ta personnalité, ta profession, tes dons ?

 

Qui relèvera le défi ? SERVIR N°4/2016

 


NOTES

 

1. Philippe Monnery est équipier de France Évangélisation et ancien dans l’Église de Saint-Étienne.