volonte-de-Dieu

 

 

 

 

La chercher dans la Bible ?

 

 

Par Jacques Nussbaumer

 

Qui ne connaît pas l’histoire de cette personne qui, pour trouver la volonté de Dieu, ouvrit un jour sa Bible et, choisissant un verset au hasard, tomba sur cette phrase : « … et Judas alla se pendre ». Un peu perplexe, elle réitéra l’opération de la même manière pour lire : « Va, et fais de même ». Qu’il soit véridique ou légendaire, ce récit nous invite à la prudence quant à l’usage de la Bible pour découvrir la volonté de Dieu.

 

 
 
 

Alors, y a-t-il une méthode ?

 
Panneau-questionsIl nous faut partir d’un constat très simple : le chrétien est un homme ou une femme qui cherche la volonté de Dieu chaque jour. Or, la lecture de la Bible est un moment privilégié de cette recherche. En tant que révélation de Dieu, l’Écriture nous dévoile sa volonté pour l’homme, pour tous les hommes. C’est bien par là qu’il nous faut commencer. La volonté de Dieu pour moi, n’est-elle pas premièrement que j’apprenne à marcher dans ses voies (Dt 8.6 ; Mi 6.8) et à renoncer au péché (Ps 119.11) ? Dans cette perspective, l’Écriture, inspirée par Dieu et éclairée par l’Esprit qui habite en nous, nous façonne de manière à ce que nous conformions nos actes, nos paroles et nos pensées aux préceptes qu’il a lui-même donnés. Cet apprentissage se fait dans le temps, par un renouvellement de l’intelligence, peu à peu (ré-/trans-) formée par la Parole (Rm 12.2) lue et méditée personnellement, ou encore enseignée dans l’église locale. Ainsi, la découverte de la volonté de Dieu par sa Parole implique l’exercice régulier, individuel et collectif, de lecture et de méditation. Autrement dit, elle nécessite de la discipline, mot peu goûté par la culture contemporaine.
 
La Parole de Dieu est donc le lieu par excellence où l’on trouve la volonté de Dieu pour nous ! Elle nous cadre, éliminant d’emblée les options qui ne sont pas conformes à sa loi. Bien imprudent celui qui, se réclamant d’une quelconque conviction personnelle ou révélation particulière, ferait délibérément un choix que l’Écriture désapprouve !
 
 

Pas de recette !

 
Si la Parole contribue à une plus grande sensibilité au discernement du bien et du mal, la Bible ne nous dévoile pas directement toute la volonté de Dieu pour nous, en particulier en ce qui concerne les décisions personnelles relatives à nos choix de vie. Néanmoins, elle nous y aide de plusieurs manières, pour nous permettre de choisir non seulement le bien, mais aussi le meilleur.
 
 
Tout d’abord, la Parole nous invite à la confiance en Dieu de manière à nous libérer des craintes réelles mais infondées. En faisant éclater la souveraineté de Dieu, l’Écriture nous rappelle que tout ne dépend pas de nous.
 
 
Ensuite, la Bible montre que nous ne sommes pas des individus isolés, mais que notre vie est inscrite dans l’Histoire du peuple de Dieu sur laquelle il est souverain. Si Dieu et son oeuvre de salut sont au centre de la Bible, nous sommes invités à nous décentrer de nous-mêmes pour « chercher d’abord le Royaume de Dieu ». Dans cette perspective, quelle sera pour nous la définition d’une bonne décision, une décision conforme à la volonté de Dieu ? Est-ce une décision qui nous évitera le sentiment d’échec ? Rien n’est moins sûr.
 

 

Discerner… ce que nous devons chercher !

 
Pour ne pas confondre la volonté de Dieu et une fausse idée de la réussite, la lecture de la Bible exerce et affine notre discernement. La Bible est d’ailleurs parsemée de récits ou de références à des gens qui cherchent ou qui trouvent la volonté de Dieu, ainsi que de conseils adressés à ceux qui la cherchent.
 
 
Une première observation de ces textes nous montre la diversité des situations, des interrogations et des manières dont Dieu répond. Au sein d’une même vie, Dieu agit diversement : Paul a reçu une conviction personnelle à propos de son ministère (Ga 1.15-16). Mais son champ de mission a, plus tard, été défini suite à un discernement collectif (Ac 13.1-3).
 
 
Une seconde observation, partant du vocabulaire biblique, nous montre l’importance accordée à l’exercice de l’intelligence. La foi ne consiste pas à renoncer à la raison, mais à l’éclairer, pour ne pas être ballottés par nos sentiments fluctuants. Il ne s’agit pas de mettre en oeuvre un rationalisme étroit, mais de faire travailler une intelligence lucide sur son besoin d’être conduite et assistée par l’Esprit de Dieu.
 
 
Une troisième observation consiste à intégrer que le discernement, dans l’Écriture, s’inscrit aussi dans le temps et l’expérience, même s’il relève d’un don de Dieu (Dn 1.17 ; Né 9.20). C’est bien sûr la sagesse reçue de Dieu (par l’Esprit au travers de la Parole) qui est primordiale, mais elle n’exclut pas non plus l’intelligence que donne la relecture des bénédictions et des erreurs passées comprises à la lumière de l’Écriture (Dn 9 ; Ps 119.67).
 
 
Enfin, la volonté de Dieu discernée au travers de l’Écriture a trait à son règne et à son peuple. Autrement dit, nous sommes liés au plan de Dieu et sa volonté s’inscrit dans ce cadre, qui, pour nous, tourne autour de l’annonce et de la vie du Royaume de Dieu. Lors d’un choix professionnel, immobilier ou affectif, dans quel but cherchons-nous la volonté de Dieu ? Réfléchissons-nous vraiment à la manière dont notre choix participera au progrès de l’Évangile – dans notre vie et au-delà – et à l’encouragement de nos frères et soeurs ? Peut-être le rôle principal de la Parole réside-t- il d’ailleurs bien là : pour apprendre à discerner la volonté de Dieu, la Bible nous incite à nous poser lucidement les bonnes questions.
 
Jacques Nussbaumer