volonte-de-Dieu

 

 

 

 

La chercher au travers des circonstances

 

 

 Par ANDRIAMANAMPISOA Nantenaina


 « Dieu a ouvert les portes » ! Voilà une des expressions que nous utilisons fréquemment concernant la manière dont nous interprétons parfois les circonstances en rapport à la volonté de Dieu. En effet, les circonstances sont couramment citées parmi les éléments ou critères qui permettent de discerner la volonté de Dieu. Est-il juste d’avoir de telles considérations ? Les circonstances sont-elles effectivement déterminantes pour confirmer la volonté de Dieu ?

 


 
De nombreux chrétiens insistent sur l’importance des circonstances dans le processus décisionnel. Mais le danger avec les circonstances, c’est qu’elles sont difficiles à interpréter. Si nous prenons les circonstances comme éléments principaux pour comprendre ce que Dieu veut dans notre cas précis, nous serons plus confus que confortés. Une circonstance favorable signifie-telle toujours une approbation divine et, inversement, une circonstance à priori défavorable signifie-t-elle une porte « fermée » ?
 
Prenons l’exemple de Moïse (Exode 2). À l’âge de 40 ans, les circonstances semblaient être favorables pour qu’il prenne la tête du peuple pour le sortir d’Égypte. Le peuple était fortement opprimé. Moïse venait de parfaire son éducation à la cour de Pharaon, il était au mieux de sa forme (il a tué un Égyptien à mains nues !). Mais Dieu n’a pas vu les choses selon ce point de vue humain. Il a fallu attendre 40 ans plus tard, 40 années, loin du peuple, à garder un troupeau de moutons dans le désert, pour que Dieu l’appelle et lui confie sa mission.
 
Les circonstances doivent être évidemment passées par le filtre de la Parole. Prenons l’exemple de la construction d’un bâtiment pour l’église : nous ne pourrons pas interpréter un don de financement important comme une confirmation de la volonté de Dieu alors que nous savons que ce don provient d’une source douteuse.
 
Nous pouvons ainsi citer de nombreux autres exemples montrant que les circonstances sont loin d’être faciles à interpréter et qu’il faut beaucoup de sagesse pour le faire.
 
Certes, les circonstances sont des paramètres à prendre en compte dans quasiment toutes les décisions, mais nous ne devons pas les laisser décider à notre place. Elles doivent n’être que des facteurs parmi d’autres qui nous amènent à la décision finale. De ce fait, elles ne sont pas nécessairement des signes de la direction de Dieu.
 
Lorsque Paul a été mordu par la vipère (Ac 28.4), les spectateurs de la scène vont successivement donner deux interprétations de ce qu’ils voient. Il s’avère que, dans les deux cas, ils avaient tort !
 
Essayer de lire ou confirmer la volonté de Dieu à travers les circonstances relève parfois de l’art divinatoire, plutôt que d’un exercice spirituel.
 
Dans Actes 9, quelque temps après sa conversion, Paul se rend à Damas. Là, certains Juifs ont payé des tueurs pour assassiner Paul. Ce dernier s’échappe de la ville en descendant le long du mur dans un panier. Il a utilisé son bon sens et a fui.
 
Dans Actes 16.9-40, Paul est à Philippes en compagnie de Silas. Devant l’adversité, ils se laisseront arrêter, tout en défendant leurs droits de citoyens romains. Cette arrestation permettra au geôlier ainsi qu’à toute sa famille de se convertir.
 
Dans Actes 20.1-3, Paul, qui est en Grèce, projette de se rendre en Syrie. Mais lorsqu’il est informé du complot des Juifs contre lui, il change ses plans et retourne en Macédoine.
 

Que constatons-nous ?

 
Trois fois, Paul a été confronté à un danger ; une fois il s’est enfui, une fois il est resté et, la troisième fois, il évite le danger.
 
Le principe de ne pas laisser les circonstances déterminer nos choix s’applique aux évènements positifs. Une « porte ouverte » n’est pas nécessairement le doigt de Dieu pointant et nous invitant à aller de l’avant. L’expression « porte ouverte » est plusieurs fois dans le Nouveau Testament : Ac 14.27, 1 Co 16.9, 2 Co 2.12, Co 4.3 et Ap 3.8. Il renvoie le plus souvent à une opportunité au service de Christ ; en général l’enjeu n’y est pas personnel, mais concerne quelque chose de plus important : l’Évangile !
 
Quand une porte était ouverte, les apôtres y sont entrés la plupart du temps, mais pas toujours. Prenons l’exemple de 2 Co 2.12. Si on affirme qu’une porte ouverte manifeste la volonté de Dieu, alors Paul était ici en train de désobéir, puisqu’il est allé dans une autre direction. Mais ce choix de Paul n’a jamais été remis en question dans la Bible. Il semble donc évident que Paul ici a considéré cette porte ouverte comme un fait à prendre en considération avec d’autres facteurs, d’autres priorités de la vie, et même en relation avec ses propres sentiments. Paul a pris librement sa décision en fonction de ce qui lui semblait important à ce moment-là.
 
Les circonstances, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, ne déterminent pas la volonté de Dieu. Les lettres de Paul continuent à édifier l’église de Jésus-Christ depuis 2000 ans, il les a souvent écrites dans des circonstances difficiles. Il était donc le mieux placé pour encourager et exhorter Timothée à prêcher la parole et à insister en toute occasion, favorable ou non !
 
 
Il est important de comprendre que Dieu ne veut pas faire de nous des marionnettes, mais des êtres libres. Il nous laisse une grande liberté dans le cadre de sa volonté morale.
 
Lorsqu’il est question de la volonté de Dieu dans nos choix, il est en réalité souvent question de sagesse. En effet, si Dieu ne nous promet pas de nous manifester toujours sa volonté spécifique dans tous les choix de notre vie, il nous demande de chercher la sagesse et il veut nous l’accorder (Jc 1.5). L’apôtre Pierre écrit que nous avons reçu tout ce qui contribue à la vie (et donc aux choix qu’elle nécessite) et à la piété (2 P 1.3), et tout cela nous l’avons en Jésus-Christ, « en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance » (Col 2.3).
 
Que Dieu nous accorde cette sagesse pour que nous sachions comment réagir quelles que soient les circonstances.
 
 
N.A.