Travailler à son salut

 

 

par Reynald KOZYCKI

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« Ainsi, mes bien-aimés, comme vous avez toujours obéi, travaillez à votre salut avec crainte et tremblement…, car c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire. »   Philippiens 2.12-13, version Segond.

 

Certaines expressions bibliques, ou parfois certaines traductions peuvent prêter à confusion. Ainsi « travaillez à votre salut » pourrait laisser croire que le salut doit se gagner par nos mérites et nos œuvres. Comment devons-nous comprendre cette expression à la lumière du reste du Nouveau Testament ?

 

 

Gratuité totale

 

La Bible insiste lourdement sur la gratuité du salut : « Dieu nous a sauvés, non pas parce que nous aurions fait des œuvres de justice, mais en vertu de sa propre compassion… » (Tt 3.5, NBS). Lorsqu’on pose la question à Jésus sur ce que Dieu attend de nous, il accentue très fortement le rôle de la foi, non celui des œuvres : « Ils lui dirent : Que devons-nous faire pour accomplir les œuvres de Dieu ? Jésus leur répondit : L’œuvre de Dieu, c’est que vous mettiez votre foi en celui qu’il a lui-même envoyé. » (Jn 6.28-29, NBS).

 

L’épître aux Galâtes est une mise en garde énergique contre l’une des grandes déviations que peut subir l’Evangile, à savoir, éliminer subtilement la grâce de Dieu pour y substituer les mérites ou les œuvres humaines : « Nous savons que l’homme n’est pas justifié par les oeuvres de la loi, mais seulement par la foi en Jésus-Christ » (Ga 2.16).

 

La foi est suffisante pour développer en nous la certitude d’être sauvé : « Je vous ai écrit ces choses, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui croyez au nom du Fils de Dieu » (Un 5.13).

 

 

Implications de la foi

 

En regardant de plus près ce qu’impliqué « la foi qui sauve », nous découvrons que cette confiance toute simple en Dieu s’accompagne d’au moins trois éléments : la repentance, l’écoute de la Parole de Dieu et l’obéissance.

 

En effet, le premier pas de foi conduisant au salut suppose la repentance, ce demi-tour radical qui nous presse à rejeter notre péché et nous tourner vers Dieu. Jésus annonce que dans la nouvelle alliance : « la repentance et le pardon des péchés seraient prêches en son nom à toutes les nations » (Lc 24.47).

 

La foi est liée aussi directement à une écoute attentive de la Parole de Dieu : « Celui qui écoute ma parole et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle » (Jn 5.24). En grec le mot écoute (akouo) est très proche du mot obéir (upakouo).

 

Pour Paul, foi et obéissance vont de pair : « Nous avons reçu la grâce et l’apostolat pour amener, en son nom, à l’ obéissance de la foi toutes les nations » (Rm 1.5).

 

 

Obéissance de la foi et obéissance des œuvres

 

travailCertains remarqueront que la « logique des œuvres et des mérites » insiste aussi beaucoup sur l’obéissance, mais, dans ce cas, la confiance n’est pas réellement placée en Dieu. Dans cette logique dangereuse, il y a une sorte de revendication pour exiger subtilement de Dieu les « mérites » ou le « salaire » de ses œuvres : « A celui qui fait une œuvre, le salaire est compté non comme une grâce, mais comme un dû » (Rm 4.4). Dans la logique de l’obéissance de la foi, la confiance est placée entièrement en Dieu, et même la force pour obéir vient de lui. L’humilité fait donc partie de cette approche.

 

 

« Mettre en œuvre » son salut

 

Pour revenir au texte d’introduction, Paul invite à mettre en oeuvre (katergazo) son salut. Ce verbe, utilisé 23 fois dans le Nouveau Testament, donne l’idée de produire, de former, d’accomplir… En Philippiens 2, il faut y voir le sens de mettre en œuvre, de traduire en actes son salut et non « travaillez pour gagner son salut » : « Mettez en œuvre votre salut » (TOB, NBS, NEG, Colombe…) ; « Menez à bonne fin le salut qui vous a été donné ; traduisez-le en actes. » (Parole Vivante).

 

Le contexte de cette exhortation est de rappeler l’obéissance pratique que Dieu attend de nous et s’y tenir : « Comme vous avez toujours obéi… » (2.12). Etre sauvé signifie aussi devenir disciple de Christ, et donc chercher à observer tout ce que Jésus nous a prescrit (Mt 28.20). Le champ d’application est vaste. Dans le contexte, Paul parle de l’humilité, de l’amour fraternel authentique, du rejet des murmures et contestations, de porter la parole de vie au milieu d’une génération perverse…

 

Cette mise en œuvre du salut ne doit pas se faire à la légère, comme s’il s’agissait d’une option réservée à quelques chrétiens avancés. Faites-le avec crainte et tremblement, expression qui appuie la solennité avec laquelle nous devons vivre ce salut gratuit. Il est vrai que l’amour parfait bannit la crainte, mais le commencement de la sagesse est cette crainte respectueuse de Dieu, notamment, crainte de le déshonorer.

 

Jésus nous a exhorté à veiller et à prier afin de ne pas tomber en tentation (Mt 26.41). Il a montré que ce ne sont pas simplement ceux qui disent Seigneur, Seigneur qui sont sauvés, mais celui-là seul qui fait la volonté de Dieu (7.21). L’obéissance à Dieu et la mise en pratique de sa parole sont indissociables de la foi : « Comme le corps sans esprit est mort, de même la foi sans les œuvres est morte » (Jc 2.26).

 

Enfin la bonne nouvelle de cette exhortation de Paul est que Dieu produit le vouloir et le faire. Une conversion authentique conduit à une transformation de notre être. Dieu a promis que dans la nouvelle alliance, ses lois seraient gravées dans notre cœur, dans notre intelligence (Hé 8.10). Ce qu’il nous demande n’est pas au-delà de nos forces, mais par son Esprit, il stimule notre volonté et nos actions afin que nous mettions en œuvre notre salut.

 

 

Conclusion

 

De nombreux débats – parfois stériles – sur le rôle de la foi et des œuvres trouvent une réponse simple chez celui qui, d’une part, reçoit comme un cadeau total de la grâce de Dieu le salut offert par notre Seigneur et, d’autre part, comprend que la foi en Dieu inclut la repentance, l’écoute de la Parole et l’obéissance.

 

R.K.

 

 

Questions pour un groupe de discussion

 

Lire Ph 2.12-13 ; Jn 6.28-29 ; Ga 2.16 (et éventuellement l’article précédent).

 

Question 1 : Dans un premier temps, réfléchissez aux textes bibliques clés qui

vous viennent en mémoire lorsqu’on parle de la gratuité du salut. Partagez-les.

Pourquoi, à votre avis, l’homme ne peut-il pas gagner son salut par ses mérites ?

 

Question 2 : Quelles implications vous paraissent découler d’une foi authentique

en Dieu ?

 

Question 3 : Comment comprenez-vous l’exhortation de Paul en Ph 2.12-13,

notamment :

Mettre en œuvre le salut ?

Avec crainte et tremblement ?

Dieu produit le vouloir et le faire ?

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