II

 

Peut-on perdre son salut ?1

 

par Eric WAECHTER

Waechter 

 

Pris hors de leur contexte, plusieurs versets bibliques semblent conditionner la réalisation du salut à la persévérance2 : celui qui ne persévère pas dans la foi peut perdre son salut.

 

La théologie s’apparente à un mécanisme (parfois complexe) d’une montre de grande valeur. Tout se tient. Faites tourner une seule roue dentée et voilà toute la mécanique qui se met en mouvement. Tentons d’évaluer au moins quatre conséquences dogmatiques si nous répondons par l’affirmative à notre question :

 

  • L’assurance du salut. Comment être sûr de son salut, s’il est conditionné par la persévérance ? En soi la persévérance devient une œuvre salutaire qui complète l’œuvre de la croix, insuffisante à elle toute seule. Nous tombons alors dans le travers-d’un salut qui repose sur la foi et les œuvres.

 

  • L’eschatologie. La Bible nous présente le nouveau monde à venir comme une espérance vivante qui stimule notre foi au quotidien. Cet héritage incorruptible promis au croyant est un « acquis social » irrévocable3  Comment me saisir de cette espérance vivante si je ne suis pas sûr d’y arriver ?

 

  • L’adoption. Lors de la conversion, Dieu fait du croyant son enfant. Il lui confère une nouvelle identité et un nouveau statut en vertu de ce que Jésus a accompli à la croix, et non comme récompense d’un quelconque mérite. Dieu s’engage envers le racheté. Nous déshériterait-il après nous avoir adoptés ? Dieu demeure éternellement fidèle à ses engagements. C’est dans sa nature.4

 

  • La prédestination. Si elle se limite à la prescience de Dieu (Dieu « savait » dès avant la fondation du monde qu’un tel se tournerait un jour vers lui), on peut encore à la limite admettre qu’il est possible de perdre son salut. Mais à ce sujet, les Écritures vont bien au-delà : Dieu a choisi ceux qui lui appartiennent selon des critères qui échappent à notre entendement5. L’élu peut-il révoquer le décret divin ?

 

Ne l’oublions pas : la fidélité est un fruit de l’Esprit, donc une qualité que Dieu produit dans notre vie. Tout est grâce6. Réalisant le privilège de notre « assurance », quelle autre réponse donner au Seigneur, si ce n’est de vivre pour lui par amour et par reconnaissance, émus par tant de sollicitude malgré notre défaillance ?

 

E.W.


NOTES

 

1.  Les archives de Servir en L’attendant contiennent un bon article un peu plus étoffé sur la question. Brad DICKSON, Celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé, n°6/2001, p.16-18.

 

2.  Mt 24.13, 10.22, Hé 3.14, 10.36, 2 Pi 1.10.

 

3.  1 Pi 1.3-6.

 

4.  Jn 1.12-13, 5.24, 10.27-29, Rm 8.4-17.

 

5.  1 Pi 1.1, 2 Pi 1.10, Rm 8.29, 33-35, Ep 5.1.

 

6.  Ph 1.6.