Les familles et la télé – Comment nous faisons !

 interview

 

Il y a, bien sûr, diverses façons de gérer la télévision, ou de s’en passer. Pour en savoir plus, Alain Kitt a interrogé trois couples appartenant à des Eglises de la région Rhône-Alpes.

 

 

André et Ruth Wheeler (Chassieu)

 

dialogue-2Nous sommes mariés depuis 1989 et nos trois garçons ont 12,10 et 6 ans. Nous avons pris comme principe d’avoir la télévision à partir de la sixième année du plus jeune enfant, âge auquel un enfant peut bien assimiler l’image télévisée. Les deux aînés ont bien accepté ce principe. C’est donc en janvier 2003 que nous en avons acheté une, et depuis le mois de septembre nous regardons uniquement des cassettes vidéo.

 

Le choix des cassettes incombe généralement à Ruth et à moi-même, quoique les deux grands proposent régulièrement des films que nous acceptons le plus souvent, vu leur choix. Nous recherchons des films adaptés à leur âge – ce qui n’est pas évident étant donné les différences et la maturité de chacun – des films sans trop de violence ou de moquerie ou de dénigrement de Dieu et de la foi… des cassettes à regarder ensemble sans rougir et sans créer de perturbations chez nos enfants. Parfois, les enfants les regardent seuls, mais si possible, nous les regardons en famille.

 

Nous avons remarqué un changement d’attitude chez nos enfants à partir du moment où nous n’avons plus eu d’antenne pour capter des émissions. Avant, ils souhaitaient regarder la télé régulièrement, même dès leur lever, pour les dessins animés, et jouer ou lire les ennuyait. Depuis, les enfants ont vite retrouvé l’imagination pour jouer, lire, ou être dehors. L’ambiance familiale est plus vivable, moins tendue.

 

 

Eusèbe et Katia Harcela (Grenoble)

 

dialogue-2Bonjour, j’ai 50 ans, je suis marié et le Seigneur nous a accordé quatre enfants. Je suis technicien en électronique et je suis un des anciens de notre Eglise. Nous avons eu la télévision pendant un an, il y a 17 ans. Puis, d’un commun accord, nous avons arrêté. Ma femme regardait son feuilleton préféré, moi je regardais Star Trek. Nos enfants aussi avaient leurs émissions, et notre première préoccupation était de savoir comment arranger notre emploi du temps pour regarder la télé.

 

Si ma femme maîtrisait la télé, moi, j’étais incapable de l’arrêter. Le pire pour moi, c’était la convoitise de la chair : voulant rester fidèle à ma femme en pensées, j’étais souvent dans la tourmente devant les images de femmes véhiculées par la télé. Sans la télé, nos repas sont plus longs, nous avons pu profiter du temps libre pour lire la Bible et prier davantage, nous avons donc gagné en paix, en patience et en connaissance du Seigneur.

Il est vrai qu’au collège et au lycée nos enfants se disaient déconnectés par rapport à leurs amis. Nous avons dû passer beaucoup de temps à expliquer le pourquoi de notre position, à comparer leurs activités, nombreuses, par rapport à celles de leurs amis, et… à tenir bon ! Ils ont souffert de ne pas être comme les autres, mais s’ils n’étaient pas capables de commenter la dernière émission de télé, ils ont toujours été parmi les premiers de la classe. Leurs enseignants nous ont fait remarquer avec étonnement qu’ils étaient très créatifs et imaginatifs par rapport à leurs camarades. Nos enfants ont aussi reconnu à cette époque qu’ils ne faisaient pas les cauchemars que faisaient beaucoup de leurs amis.

 

 

Frédéric et Chantal Greslin (Villefanche-sur-Saône)

 

dialogue-2Nos quatre enfants ont entre 4 et 10 ans. Nous avons la télévision, et nous essayons de l’utiliser à bon escient. En fait, nous regardons peu les émissions proposées par les chaînes audiovisuelles, nous préférons acheter des cassettes vidéo. Toutefois, nous regardons certains documentaires, et notre fils aîné commence à regarder parfois des émissions sportives, en compagnie de sa grand-mère. Dans l’ensemble, nos enfants sont très peu demandeurs de télévision, et le fait de l’avoir chez eux semble leur enlever la tentation de vouloir aller la regarder chez les autres

 

Quant au choix des cassettes, il se fait en fonction de l’âge des enfants. Nous essayons toujours de discuter et d’expliquer nos choix, et nous les regardons toujours avec eux la première fois. Il nous est arrivé de retirer telle cassette qui semblait bonne, mais qui, à la regarder de plus près, véhiculait une philosophie que nous jugions susceptible d’influencer nos enfants dans une mauvaise direction. Dans ce cas, nous avons pu en discuter avec eux – dans des termes qu’ils ont pu comprendre, bien sûr ! – et ils ont accepté notre décision.

 

En réfléchissant à l’avenir, aux années collège-lycée, nous n’envisageons pas d’évolution importante dans notre utilisation de la télévision. Les enfants seront probablement appelés à chercher des informations par internet plutôt que par la télé, et nous croyons que nous aurons encore à servir de filtre pour ce qu’ils regarderont.

 

 

Les dangers de l’écran1

 

Enfants« Œil, oreille, cerveau : « Les rapports entre le mot et l’image, et le va-et-vient permanent entre l’information visuelle et parlée, représentent une grande exigence : pour les enfants à l’âge du jardin d’enfant, la non-correspondance entre l’information visuelle et l’information acoustique est particulièrement déconcertante. Ils ne peuvent pas percevoir simultanément deux chaînes cohérentes séparées (l’une acoustique, l’autre visuelle). Egalement, le changement rapide de l’une à l’autre n’est pas possible. Les transitions verbales qui expliquent des séquences d’images ne peuvent pas être reliées à ces dernières.

 

Pour l’enfant, le monde vivant de la TV – souvent amusant, d’accord – devient un puzzle d’impressions. Mais le contenu dans son ensemble passe au second rang. Ce sont les détails à fort contenu émotionnel qui agissent en tout premier lieu. » L’incapacité de libérer la charge émotionnelle accumulée par l’enregistrement passif d’images sur lesquelles on n’a aucune prise entraîne un renforcement indéniable de l’agressivité qui tôt ou tard s’exprimera de façon brutale. »

 


NOTES

 

1. René Blind et Michael Pool, citation de Rudolph Buchmann, pharmacie chez soi, Editions jouvence 2002, janvier 1993, p. 73 et 90)