La mission, comment la voyez-vous ?

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par Marie-Christine FAVE

 

 

Avant, on partait pour la vie … Maintenant certains envisagent un engagement pour 2 ou 3 ans. Est-ce un bruit de couloir ou un constat ? Notre vision de la mission évolue-t-elle ? Et comment ? Les lignes ci-dessous abordent plusieurs aspects de ces questions avec quelques réflexions de : Woody Lewis, missionnaire américain actuellement en région grenobloise et Philippe Perrilliat, ancien d’une assemblée CAEF à Marseille et missionnaire avec GLO (Gospel Littérature Outreach)

 

 « Aujourd’hui, on a une conception de contrat, explique Philippe. Deux ou trois ans dans une mission et peut-être deux ou trois ans avec une autre mission. » C’est la mission à court terme.

 

 

Le court terme

 

 

II prend une place que les voyages d’autrefois, en bateau, ne permettaient pas. Et selon Woody, « une partie importante de missions américaines envoie un nombre croissant de missionnaires, mais c’est à court terme. L’engagement est certes moins long, mais cela ne correspond pas forcément à moins d’amour pour le Seigneur. »

 

Une autre différence soulevée par Woody : « La génération d’avant partait sans savoir où elle allait. Maintenant, on ne s’engage pas avant de se faire une idée. Et on se demande : est-ce que je vais utiliser mes dons ? Où pourrais-je être utile ? » Ces questions et la visite sur place du terrain et des futurs collaborateurs peuvent en fait nous aider à mieux comprendre ce que Dieu veut, même si l’aperçu reste nécessairement partiel. Une formation, une ou plusieurs années en Institut Biblique contribuent aussi à un temps de réflexion.

 

Néanmoins, la facette délicate des engagements à court terme relève davantage de la mentalité du missionnaire. Attention au : «je me sens libre d’évoluer comme je veux» souligne Philippe qui craint que certains ne voient le départ en mission plutôt comme un contrat que comme une vocation.

 

 

L’appel

 

On en parle peut-être moins… Ou on l’envisage différemment ? D’après Philippe: « le missionnaire actuel se sent davantage appelé pour un type de population (enfants, étudiants, minorité ethnique ou religieuse à l’intérieur d’un pays …) ou pour une forme de ministère (alphabétisation, santé, artisanat, …) que pour un peuple dans un pays précis. »

 

 

L’équipe missionnaire

 

Un autre changement constaté par Philippe concerne le travail d’équipe : « Quelqu’un a désigné la France comme le cimetière des missionnaires. Et certains d’entre eux rentrent au pays après quelques années à cause de la difficulté du terrain français, mais peut-être aussi à cause de la solitude en tant que pionniers. Aujourd’hui, on s’oriente davantage vers la notion d’équipe et je pense qu’on est plus proche de la vision du Nouveau Testament. » Woody constate, de son côté, que les nouveaux missionnaires veulent plus participer aux décisions et c’est aussi une manière de s’engager.

 

 

Et le très court terme ?

 

Au cours de la dernière décennie, on a également vu se développer les séjours « très court terme » de un à six mois, dans le cadre des missions outre-mer. Cela peut aller du groupe de jeunes qui entreprend une action d’évangélisation ou humanitaire ponctuelles à la personne qui veut découvrir la mission dans son contexte parce qu’elle se pose la question d’un engagement long terme.

 

Quelquefois il arrive aussi qu’une personne avec une compétence très précise consacre quelques semaines de son temps pour répondre à un besoin précis : séminaire de formation, construction, mécanique,…

 

La pertinence de tels séjours doit s’apprécier au cas par cas, selon les objectifs recherchés et en tenant compte des contraintes que cela représente pour les missionnaires « permanents ». En effet, de tels séjours ne peuvent se vivre que si une infrastructure d’accueil existe.

 

 

En conclusion

 

S’il est naturel que l’image de la mission évolue avec le temps, nous pouvons nous demander : que voulons-nous transmettre à la génération suivante ? Quelle place pour la mission (et aussi pour le ministère en France) dans notre église et auprès des jeunes ? A titre d’exemple, à quand remonte le dernier projet missionnaire proposé à l’école du dimanche ?

 

 

Terminons par ces deux témoignages :

 

Woody à propos d’une équipe missionnaire court terme : « Deux années ! Je me suis demandé ce que cela va donner, mais j’ai vu que des personnes ont été touchées au travers de leur témoignage. »

 

Liselotte Mutzner : « Après 4 ou 5 semaines au Tchad avec l’équipe missionnaire, mon fils est revenu avec un cœur pour la mission, un plus grand intérêt pour prier pour les missionnaires. On sent qu’il parle en connaissance de cause quand on mentionne certaines questions culturelles. »

 

M-C.F.