L’église : une plate-forme d’intégration ?

 eglise croissance

 

par Jocelyn Cassirame 1

 

 

 

Ile de La Réunion… nom de prédilection pour parler d’Intégration !

 

 

La diversité des racines réunionnaises incite à la tolérance : ici, 5 ou 6 groupes ethniques d’horizons très divers (Madagascar, Afrique, Comores, différentes régions de l’Inde, la Chine… et Métropole) cohabitent et se mélangent au gré des mariages mixtes de plus en plus fréquents. Personne ne peut se prévaloir d’être un réunionnais de pure souche puisque l’île fut découverte déserte il y a quelques siècles seulement…

 

 

Malgré tout, le racisme existe aussi, L’expression la plus marquée, quoique loin d’être répandue, est le mépris du Réunionnais pour le Métropolitain, un racisme « social » hérité vraisemblablement du passé colonial de l’île. Certains groupes ethniques cultivent leur identité en grande partie par une pratique religieuse acharnée (la religion tamoul, l’islam, le shintoïsme, etc.).

 

Ceux-là sont plus difficiles à toucher par le message de l’Evangile. Mais une percée est toujours possible justement par le biais du ciment culturel. C’est le cas d’une église chinoise qui a un impact très encourageant parmi ceux qui arrivent directement de Chine, ne parlant pas français et pour lesquels l’église représente une plate-forme d’accueil et d’intégration.

 

Dans cette situation, une église locale traditionnelle de langue française aurait peu d’efficacité.

 

Dans l’église locale de Saint-Pierre, à ma connaissance, nous n’avons pas eu de problèmes de racisme flagrant ou de rejet de l’étranger. La coexistence ne pose pas vraiment de problème, l’équipe des responsables étant elle-même représentative de la diversité.

 

Nous restons néanmoins attentifs à des difficultés d’intégration où le problème n’est pas racial mais social. Nos cellules de prières, se formant parfois spontanément, regroupent très souvent les personnes de même niveau social, sans qu’il y ait pour autant de rejets. Il n’est pas rare non plus de rencontrer des membres qui ne prient pas au culte parce qu’ils parlent un mauvais français ou seulement le créole ce qui, à mon avis, est un comble pour une église réunionnaise.

 

Pour nous, la question est la suivante : doit-on veiller au brassage social dans la vie de l’assemblée, au point d’imposer aux groupes de prière la présence de personnes socialement dissemblables ? Ou doit-on, au contraire, respecter ces rapprochements « naturels » qui, avouons-le, facilitent la communication ?

 

Nous avons fait le choix d’une liberté relative dans ce domaine, tout en encourageant les rencontres inter-groupes ainsi que les moments de communion fraternelle à l’échelle de l’église. Ainsi, nos groupes de semaine construisent petit à petit une identité propre, autour d’intérêts et de projets communs (évangélisation ciblée, louange, etc.) et c’est toute l’assemblée qui en bénéficie. Bien sûr, cela ne résout pas tout et nous devons veiller à ce que tout membre trouve sa place quel que soit son pro-fil social.

 

J.C.
 


NOTE

 

1. Jocelyn Cassirame instituteur, membre de l’équipe des responsables de l’assemblée de Saint-Pierre de la Réunion.