Entretenir l’amour

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par Isabelle et Reynald KOZYCKI

 

 

Si le mariage pouvait se mettre dans un emballage, il faudrait s’empresser d’écrire sur celui-ci, de manière bien lisible, «Très fragile». Comme rarement dans l’histoire humaine, nous pouvons constater cette évidence. Si les « familles chrétiennes » semblent davantage préservées, elles sont loin d’être à l’abri des ruptures irrémédiables. Par la compilation de diverses citations, nous proposons quelques pistes pour faire durer un mariage.

 

 

La loi de désintégration appliquée au mariage

 

Question à James DOBSON : Vous dites que la progression « naturelle » d’un mariage est un éloignement progressif au lieu d’un rapprochement intime. Pouvez-vous le développer ?

 

Réponse : La tendance naturelle de toute chose dans l’univers va de l’ordre au désordre. Votre maison doit être repeinte et réparée assez régulièrement […] Même le soleil et les étoiles se consument progressivement. Nous sommes, en un sens, dans un univers mourant où tout ce qui n’est pas protégé ou mis à jour tombe dans une spirale descendante. Ce principe qui gouverne le déplacement de l’ordre au désordre s’appelle la « loi de la désintégration » (ou loi d’entropie). L’unique manière de repousser ou de combattre temporairement son influence est d’insuffler dans ce que nous voulons préserver une énergie créatrice avec un programme intelligent.

 

Sans surprise, les relations humaines obéissent à ce principe de désintégration. La tendance naturelle d’un homme et d’une femme est de s’éloigner l’un de l’autre, sauf s’ils travaillent ensemble au rapprochement. Pour donner une autre illustration, le couple est assis dans deux bateaux séparés, mais côte à côte, le tout sur un lac agité. S’ils ne rament pas pour rester côte à côte, l’un partira vers le Nord et l’autre vers le Sud.

 

C’est exactement ce qui arrive lorsque les conjoints sont trop occupés ou négligents pour maintenir leur amour. S’ils ne prennent pas le temps pour des activités romantiques et des expériences qui les rapprochent, quelque chose de précieux s’en va progressivement. Il ne doit pas en être nécessairement ainsi, mais la tendance naturelle de la vie les conduira à une séparation inévitable, sauf si un effort est fait pour rester ensemble… 1

 

 

Quelques signes d’un mariage en danger

 

tiraillementPour reprendre l’image précédente de James Dobson, lorsque les bateaux s’écartent l’un de l’autre, tôt ou tard, nous le constatons. Cela peut se traduire par une agressivité mutuelle ou par une indifférence progressive et une foule de symptômes divers. William PAGE, de façon très pragmatique, en souligne quelques-uns :

 

1. Lorsqu’un membre de la famille vante l’autre, mais avec un fond d’amertume.

 

2. Un couple qui se sert d’une situation en public pour se dénigrer mutuellement.

 

3. Un mari qui fait de sa femme le sujet de ses blagues.

 

4. Les couples qui disent qu’ils n’ont pas de problèmes et qu’ils n’ont jamais de querelle.

 

5. Un mari qui donne à sa femme des noms peu flatteurs.

 

6. Lorsque le mari commence à trouver des prétextes pour expliquer son éloignement de la maison ou demeure simplement éloigné sans excuse.

 

7. Lorsque le mari accorde très peu d’attention à sa femme ; lorsqu’il ne fait pas preuve envers celle-ci de simple courtoisie ou de tendresse…2

 

 

Patience dans la résolution des « problèmes »

 

Si notre mariage est en danger, il faut réagir vite. Sommes-nous prêts à reconnaître ce qui ne va pas et entrer dans un long processus de restauration. Larry CRABB nous rappelle que la résolution des problèmes n’est pas simple.

 

Dans les romans télévisés, les problèmes sont résolus en une demi-heure, mais dans la vraie vie ce n’est souvent pas le cas. Les êtres humains sont complexes et leurs problèmes leur ressemblent. Il ne suffit pas de suivre une série de règlements « fais ceci, ne fais pas cela ». Cette approche superficielle ne contribue pas au bien-être mais à la frustration […]. Une transformation intérieure doit se produire. Le remède à l’égoïsme et à la peur qui nous contrôlent tant passe par la compréhension de ce qui nous a séduit.

 

Nous avons besoin :

 

1. de comprendre les mauvais buts que nous avons fixés,

 

2. de faire face honnêtement à ce que nous ressentons,

 

3. de composer avec nos émotions pécheresses et douloureuses en sachant que Dieu nous accepte de manière inconditionnelle.3

 

 

I. et R. K.

 

 

 

Témoignage de Bill et Lynne Hybels

 

En fait, plus nous examinons notre union, plus nous sommes étonnés qu’elle ait survécu. L’amour et le respect nous avaient attirés l’un vers l’autre et le 18 mai 1974, nous avons joint nos mains et fait le vœu de parcourir notre vie ensemble.

 

Mais avant de fêter notre premier anniversaire de mariage, nos antécédents familiaux et nos tempéraments différents avaient déjà commencé à nous séparer. De mauvaises techniques de résolution de conflits dénouèrent un peu plus nos mains entrelacées. […]

 

Ce qui nous a aidé plus que tout autre chose est d’avoir maintenu notre authenticité spirituelle.

 

Nous avons cherché la vérité et l’aide dont nous avions besoin dans la Bible. Nous avons mémorisé des versets qui nous encourageaient à être doux, aimants, honnêtes et patients. Nous avons prié pour obtenir de l’aide. Nous avons supplié Dieu de nous éclairer, de nous rendre compréhensifs et créatifs.

 

Nous nous sommes demandés des milliers de fois « Qu’est-ce que Dieu veut que nous fassions ? Comment Jésus aurait-il réagi dans cette situation ? Quelle attitude aurait-Il adoptée ? Qu’aurait-Il dit ? » Nous avons fait de notre mieux pour obéir à Dieu et, lorsque nous avons échoué, nous nous sommes repentis. […] Nous avons aussi tiré profit du fait de faire partie d’une église qui met un grand accent sur le mariage et la vie de famille. […]

 

L’un des choix les plus sages que nous ayons fait fut de soumettre notre mariage à l’examen d’amis proches. Nous avons toujours eu quelqu’un, généralement un couple, avec qui nous pouvions discuter de la vérité sur notre relation, avec qui nous pouvions dire : « Nous avons eu une terrible dispute la nuit dernière et cela fait mal. » […]

 

Nous sommes moins idéalistes qu’à vingt-deux ans mais bien plus heureux qu’à trente-deux ans. Nous avons mené des batailles, franchi des obstacles, appris des leçons et tenu bon. Et aujourd’hui nous pouvons dire avec confiance ce que nous disions des années plus tôt : Nous sommes mariés pour la vie.4

 

 


NOTES   

 

1. Extraits de questions-réponses sur site www.family.org (Dr James Dobson), traduction par nos soins

 

2. Williams Page, Dis-lui que tu l’aimes, 1990

 

3.  Larry Crabb, The marriage builder, Zondervan 1992, p. 10-11

 

4. Bill et Lynne Hybels, S’aventurer à deux, Editions Farel, 2002, page 243-253